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temps vouloir engager le combat, mais ils ne perdoient jamais leurs ports de vue, & voyant que la flotte Françoife avoit le deffus du vent, ils commencerent à faire voile vers l'Ifle de Wight; le Baron de la Garde les pourfuivit avec fes galères pour troubler leur retraite, qui fe fit pourtant en bon ordre ; mais la canonnade fut très-vive & dura bien avant dans la nuit ; on s'apperçut le lendemain qu'elle n'avoit pas été fans effet; la flotte Angloise avoit difparu, mais on voyoit flotter fur les eaux beaucoup de cadavres & de débris de navires; les galères Françoifes n'avoient prefque point fouffert du feu de l'artillerie ennemie; leur peu de hauteur les garantifoit, les coups de canon paffoient par-deffus. Après ce petit fuccès qui ne produifoit rien, la flotte Françoile fut ramenée au Havre, & ce fut là le terme de cette expédition maritime.

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1545.

Mém. de du Bellay, 1.10.

CHAPITRE VIII.

Campagne fur terre pendant cette même année 1545 & au commencement de 1546 jufqu'à la paix avec l'Angleterre.

1545. Du

U côté de la terre, on fut encore moins heureux; le Roi s'étoit propofé de reprendre Boulogne, de prendre Guines & de refferrer pour le moins les Anglois dans Calais, fi l'on ne parvenoit pas à les en chaffer entiérement.

Pour commencer par Boulogne, on avoit compris qu'on l'attaqueroit inutilement du côté de la terre, fi le port reftoit libre & que la place pût être ravitaillée & la garnifon rafraichie fans obftacle du côté de la mer. Il avoit donc été réfolu, comme nous l'avons dit, qu'on bâtiroit une grande citadelle

pour dominer le port; le Maréchal
du Biez avoit été chargé de veiller
à cette conftruction & de couvrir
les travaux avec l'armée de terre.
Mais il fit d'abord une faute irré-
parable, celle de manquer totale-
ment l'objet ; on vouloit fermer aux
ennemis l'entrée du port, & il avoit
été ordonné en conféquence que
le fort feroit bâti précisément à
l'embouchure de la Liane, à la
pointe, qui eft vis-à-vis la Tour
d'ordre. (1) Le Maréchal au con-
traire choifit un endroit plus éloi-
gné nommé Outreau, qui laiffoit
l'entrée du port parfaitement libre.
Il fe fervit enfuite d'un Ingénieur
qui conçut & exécuta mal fon plan
de forte que les travaux, après
avoir langui long temps & avoir
coûté beaucoup, finirent
par être
prefque inutiles, & qu'il fallut les

recommencer.

1545.

(1) On dit que cette tour fut bâtie par JulesCéfar, lorfqu'il voulut tenter fon expédition en Angleterre, & qu'il en avoit fait un phare pour éclairer les vaifleaux.

1

1545.

Tandis que du Bellay envoyé par le Roi pour examiner les travaux, lui rendoit ce compte fidèle, le Roi reçoit un autre courier du Maréchal du Biez qui lui annonce que dans huit jours le fort fera entiérement conftruit. Du Bellay fur cet avis qu'il ne conçoit point, retourne au camp avec commiffion expreffe de dire au Maréchal en plein Confeil que le temps preffoit; que la faifon avançoit, qu'il étoit temps de prendre le parti ou d'attaquer Boulogne ou de chaffer les Anglois de la terre d'Oye, pour Mém. de di affamer Guines & refferrer Calais; Bellay, 1. 10. que Dampierre, Gouverneur d'Ardres demandoit à grands cris du fecours & fe plaignoit de ne pouvoir plus réfifter aux courfes des garnifons de Guines & de Calais, qui venoient l'infulter impunément jufqu'aux portes d'Ardres.

Le Maréchal répondit qu'il avoit des avis certains que les vivres manquoient dans Boulogne, & que les Anglois fe disposoient à partir de Calais pour marcher au fecours

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de cette place; que fon intention étoit d'abandonner le fort d'Outreau, où il laifferoit feulement trois ou quatre mille hommes pour le défendre, & de fe pofter entre Boulogne & Calais pour couper aux Anglois la communication de ces deux places.

Sur cet avis il s'éleva dans le Confeil un cri général d'improbation. >> Comment pouvoit on fe » perfuader que la mer & le port » de Boulogne étant libres, & la » garnison pouvant à chaque inftant » recevoir des rafraîchiffemens par >> cette voie ouverte, les Anglois » aimaffent mieux tenter la voie » difficile & périlleufe d'une ba» taille pour jetter des vivres dans » cette place, où un feul navire » en pouvoit porter plus que ne pourroient faire mille chariots? >> Comment pouvoit-on même pen» fer qu'avec cette facilité d'être

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fans ceffe ravitaillé, Boulogne » manquât de vivres ? D'ailleurs » que deviendroient ces travaux du » fort d'Outreau, fi peu utiles à la

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