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» vérité, par leur emplacement,
> mais qui avoient tant coûté &
» dont enfin il falloit tirer quelque
parti? Il falloit du moins ne se
» pas priver par ce changement de
"pofte très-inutile, des foldats que
» le Maréchal propofoit de laisser
» dans le fort & qui ne pourroient
jamais en défendre les travaux
» s'ils étoient attaqués. »

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Ces raifons étoient fi fortes & fi fortement dites par les Officiers dans le Confeil, que le Maréchal ne répliqua rien, mais il n'abandonna point fon projet, & décampa fans dre avis de perfonne.

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Toute cette conduite étoit trèsfinguliére, & du Bellay ne cacha point au Maréchal qu'elle étoit contraire aux intentions du Roi. Le Maréchal du Biez & Vervin fon gendre, étoient-ils mal intentionnés ou n'étoient-ils que mal habiles? Le Roi lui-même avoua depuis à du Bellay qu'il ne comprenoit rien à la conduite du Maréchal, qu'il le foupçonnoit de n'avoir fongé qu'à faire durer fon emploi, &•

'd'avoir volontairement facrifié le bien de l'Etat à fes vues ambitieufes (1).

Les nouveaux mouvemens du Maréchal du Biez paroiffant annoncer une bataille prochaine, toute la jeune noblesse se rendit au camp; il n'y eut point de bataille parce qu'en effet les Anglois ne fongerent point à fortir de Calais, pour fecourir une place, qui fe fecouroit pour ainfi dire d'elle-même par la liberté de fon port; mais

1545.

(1) Henri II. en jugea vraisemblablement ainfi, car à fon avenement il éloigna le Maréchal du Biez de la Cour, quoiqu'il eût été armé Chevalier de fa main, il le dépouilla de la dignité de Maréchal de France, mais du Biez y fut rétabli dans la fuite. M. de Thou dit que le Maréchal du Biez fut condamné à une prifon pérpétuelle & privé du collier de l'Ordre; il fortit de prifon & mourut de douleur quelque temps après; d'autres difent même que du Biez avoit été condamné à mort, que la prifon perpétuelle ne fut qu'une commutation de peine. Quoiqu'il en foit, le fils de Vervin ne voulut pas laiffer ces taches. imprimées fur le grand nom de Coucy, il fit réhabiliter la mémoire de fon pere & de fon ayeul maternel par des Lettres-Patentes qu'il obtint de Henri III. & qui furent enregistrées au Parlement le 1 Octobre 1575. Il fit faire enfuite des obfeques pragnifiques au Maréchal du Biez & à Vervin

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1545.

comme l'armée Françoise étoit campée aux portes de Boulogne, il n'y avoit pas de jour qui ne fût marqué par quelque efcarmouche très-vive entre la garnifon de cette place & les François. Dans une de ces efcarmouches le Comte d'Aumale porta la peine ou plutôt remporta un témoignage glorieux de cette témérité, qui le précipitoit toujours au milieu des périls. Il vit un combat inégal de quelques François contre un corps nombreux d'infanterie Angloife, il courut auffitôt au fecours des fiens, fans trop examiner s'il étoit fuivi par quelques Gentilshommes qui l'accompagnoient, fa valeur ne lui permettoit pas le moindre foupçon fur celle des autres. Les Anglois l'environnent, le preffent, il se dé. fend prefque feul contre eux tous, fçachant bien que l'infanterie Angloife ne demandoit & ne faifoit point de quartier. Sa réfiftance opiniâtre fatigua les Anglois, enfin leur Commandant lui porta le coup en apparence le plus terrible qu'on

ait jamais reçu fans en mourir, il lui brifa fa lance dans la tête entre

1545.

Œuvres

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le nez & l'œil; le fer tout entier, d'Ambroise la douille, deux doigts du bois y Paré, 1. 10 resterent enfermés & prefque fans prife pour les tirer. Tout femble miraculeux dans cet événement, on ne conçoit pas que tout autre ne fût pas tombé fans mouvement & fans connoiffance; d'Aumale continua de combattre, il perça le Belear. I 24bataillon dont il étoit environné, n. 14. & fe retira dans fa tente, où il fe mit tranquillement entre les mains Bellay, L. Lo des Chirurgiens ; ceux-ci ne douterent point qu'il n'expirât dans Popération violente qu'on alloit faire pour arracher ce tronçon enfoncé dans fa tête; le feul Ambroise Paré, (1) dont le nom eft resté fi célébre & auroit mérité d'être immortel quand il n'eût fait que cette opération admirable pour le

Mém. de du

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(1) Ambroife Paré, né à Laval a Maine Chirurgien des Rois François II, Charles IX & Henri III. célébre par plufieurs belles opérations & par d'excellens traités de Chirurgie.

1545. temps,

fut le feul qui ofa ne pas défefpérer entiérement; fon adreffe & la fermeté du Comte d'Aumale également étonnantes, firent réuffir l'opération. Le Comte ne pouffa pas un cri, ne fit pas un mouvement, il fembla, dit du Bellay, qu'on lui eût tiré un cheveu; on le porta en litiére à Pequigny, où pendant quatre jours encore on défefpéra de fa vie, enfin au cinquiéme on apperçut des fymptomes plus favorables; on vit la nature faire des' efforts extraordinaires pour fe rétablir, ces efforts furent continuels & heureux. La guérison fut entiére, fans retour, fans fuite fâcheufe ; il ne refta au Comte d'Aumale qu'une cicatrice également glorieufe pour lui & pour Ambroife Paré. Le Duc de Guife, fils du Comte d'Aumale,. (1) obtint pour bien moins le titre de balafré. Du Bellay en confidérant toutes les circonftances de cette guérifon, ne peut croire qu'elle n'appar

(1) Ce fut pour une bleflure qu'il reçut au vifage en 1562 dans l'émeute connue fons le nom de maf facre de Vally

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