tienne qu'à l'ordre ordinaire de la nature bien conduite & bien aidée; >> quant à moi, dit il, je pense affu> rément que Dieu lui fauva la vie » non pas les médicamens des hom» mes, & qu'il le préserva, afin que » par ci-après le Roi en tirât plus grand fervice. » Les Anatomiftes fçavent aujourd'hui que cette bleffure placée où Ambroife Paré dit dans fes Œuvres qu'elle l'étoit, pouvoit n'être pas auffi dangereuse, ni l'extraction du corps étranger auffi douloureuse qu'il le croyoit lui-même. François d'Eftouteville, frere de Villebon, Jean de la Vieuville, jeune Gentilhomme Picard, plein. de valeur, furent tués à coups de lance dans d'autres efcarmouches. Pendant toutes ces mauvaises opérations du Maréchal du Biez & en attendant qu'on pût affiéger Boulogne, que le Roi avoit réfolu de reprendre en perfonne en perfonne comme Henri VIII. l'avoit prife, le Roi erroit dans les Provinces voifines, dans la Picardie, dans la Normandie, vifitant toutes les places, por 1545. 1545. tant par tout l'œil éclairé, l'œil tout-puiffant d'un maître attentif. L'Allemagne, foit qu'elle fût en paix ou en guerre, fourniffoit toujours des troupes aux Puiffances étrangeres, fouvent même aux Puiffances ennemies; elle envoyoit alors aux Anglois quatre mille hommes de cavalerie & dix mille d'infanterie ; le Roi le fçut & craignant que ces troupes ne se répandiffent dans la Thiérache & dans les en-virons d'Aubenton, de Vervins & de Guife, il prit le parti de marcher au-devant d'elles jufqu'à la Fere, pour être à portée de pourvoir à la sûreté des frontieres de ce côté-là ; en même-temps il envoya ordre au Maréchal du Biez de faire le dégât dans la terre d'Oye, où il craignoit qu'on ne voulût mettre les Allemands en quartier d'hyver, s'ils parvenoient à pénétrer au fond de la Picardie & à faire leur jonction avec les Anglois. La terre d'Oye eft un canton d'environ quatre lieues de longueur fur trois de largeur, ayant au Nord la mer, au Levant Gravelines & 1545 1545. jeunes Seigneurs voulurent en être, entre autres le Comte d'Anguien, le vainqueur de Cérifoles, qui venoit fervir fous le Maréchal du Biez, après avoir commandé avec tant de gloire en Italie, le Comte d'Aumale, qui avoit déjà oublié fa bleffure & qui ne refpiroit que de nouveaux dangers; le Duc de Nevers, le Comte de Laval, qui fut bleffé dans cette occafion. Briffac conduifoit l'avant-garde,il avoit fous fes ordres la cavalerie légére & quelques compagnies de Gendarmes, de Tais commandoit l'infanterie Françoife comme à la bataille de Cérifoles; ce furent cette infanterie & la troupe de Briffac qui forcerent feules la barriere. Les vieilles bandes Françoifes attaquerent le principal fort, l'emporterent & pafferent au fil de l'épée tout ce qu'elles y trouverent ; mais en voulant pénétrer dans le pays, on étoit arrêté par les canaux; cet inconvénient étoit aifé à prévoir, & on l'avoit prévu, mais les ponts portatifs dont on avoit fait provifion, étoient reftés , à Ardres: fut- ce encore une négligence affectée du Maréchal du Biez? C'eft ce que du Bellay n'ofe décider. Quoiqu'il en foit cette premiére difficulté alloit faire abandonner l'entreprife, lorfque Mailly qui commandoit l'artillerie, propofa d'employer les matériaux du fort qu'on venoit de réduire, à combler le premier canal dans un endroit qu'il choifit; on le crut & on parvint à rendre cette efpéce de pont affez folide pour que l'artillerie pût y paffer; Briflac marcha d'abord vers ce bourg de Marcq dont nous avons parlé, fur la route il rencontra un corps de deux mille Anglois ; la Gendarmerie les chargea fur le champ & les tailla en piéces. Alors le dégât fe fit fans aucun obftacle, les François pillerent & brûlerent tous les villages jufqu'au bourg de Marcq, où ils alloient donner l'affaut, lorfque furpris par la nuit, arrêtés par une pluie abondante, qui rendit aifément les chemins impraticables dans un pays fi aquatique, arrêtés fur-tout par l'impoffibilité de traîner 1545. |