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tienne qu'à l'ordre ordinaire de la nature bien conduite & bien aidée; >> quant à moi, dit il, je pense affu> rément que Dieu lui fauva la vie » non pas les médicamens des hom» mes, & qu'il le préserva, afin que » par ci-après le Roi en tirât plus grand fervice. »

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Les Anatomiftes fçavent aujourd'hui que cette bleffure placée où Ambroife Paré dit dans fes Œuvres qu'elle l'étoit, pouvoit n'être pas auffi dangereuse, ni l'extraction du corps étranger auffi douloureuse qu'il le croyoit lui-même.

François d'Eftouteville, frere de Villebon, Jean de la Vieuville, jeune Gentilhomme Picard, plein. de valeur, furent tués à coups de lance dans d'autres efcarmouches.

Pendant toutes ces mauvaises opérations du Maréchal du Biez & en attendant qu'on pût affiéger Boulogne, que le Roi avoit réfolu de reprendre en perfonne en perfonne comme Henri VIII. l'avoit prife, le Roi erroit dans les Provinces voifines, dans la Picardie, dans la Normandie, vifitant toutes les places, por

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tant par tout l'œil éclairé, l'œil tout-puiffant d'un maître attentif. L'Allemagne, foit qu'elle fût en paix ou en guerre, fourniffoit toujours des troupes aux Puiffances étrangeres, fouvent même aux Puiffances ennemies; elle envoyoit alors aux Anglois quatre mille hommes de cavalerie & dix mille d'infanterie ; le Roi le fçut & craignant que ces troupes ne se répandiffent dans la Thiérache & dans les en-virons d'Aubenton, de Vervins & de Guife, il prit le parti de marcher au-devant d'elles jufqu'à la Fere, pour être à portée de pourvoir à la sûreté des frontieres de ce côté-là ; en même-temps il envoya ordre au Maréchal du Biez de faire le dégât dans la terre d'Oye, où il craignoit qu'on ne voulût mettre les Allemands en quartier d'hyver, s'ils parvenoient à pénétrer au fond de la Picardie & à faire leur jonction avec les Anglois.

La terre d'Oye eft un canton d'environ quatre lieues de longueur fur trois de largeur, ayant au Nord

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la mer, au Levant Gravelines &
la riviere d'Aa, au midi Ardres &
Guines,
au couchant Calais &
fes dépendances; le terrein coupé
de canaux & de ruiffeaux eft fer-
tile en herbages ; c'étoit de-là que
les garnifons de Calais, de Guines
& de tous les forts appartenans
aux Anglois dans la Picardie, ti-
roient leurs beftiaux & leurs fou-
rages; cette terre formoit une ef-
péce de camp retranché ou même
de place forte défendue par des
foffés profonds, remplis d'eau, par
des remparts garnis de forts & de
redoutes, le tout bien gardé & plein
de troupes. Vers le milieu du pays.
étoit un gros bourg, nommé Marcq,
où les Anglois entretenoient une
garnifon. La communication entre
tous les forts étoit sûre & rapide;
dès que l'allarme étoit donnée à
un de ces forts, foldats & habi-
tans, tout prenoit les armes & cou-
roit au lieu d'où partoit le bruit.
Il s'agiffoit de renverfer cette bar-
riére; c'étoit une expédition qui
promettoit de la gloire, & tous les

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1545. jeunes Seigneurs voulurent en être, entre autres le Comte d'Anguien, le vainqueur de Cérifoles, qui venoit fervir fous le Maréchal du Biez, après avoir commandé avec tant de gloire en Italie, le Comte d'Aumale, qui avoit déjà oublié fa bleffure & qui ne refpiroit que de nouveaux dangers; le Duc de Nevers, le Comte de Laval, qui fut bleffé dans cette occafion.

Briffac conduifoit l'avant-garde,il avoit fous fes ordres la cavalerie légére & quelques compagnies de Gendarmes, de Tais commandoit l'infanterie Françoife comme à la bataille de Cérifoles; ce furent cette infanterie & la troupe de Briffac qui forcerent feules la barriere. Les vieilles bandes Françoifes attaquerent le principal fort, l'emporterent & pafferent au fil de l'épée tout ce qu'elles y trouverent ; mais en voulant pénétrer dans le pays, on étoit arrêté par les canaux; cet inconvénient étoit aifé à prévoir, & on l'avoit prévu, mais les ponts portatifs dont on avoit fait provifion, étoient reftés

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à Ardres: fut- ce encore une négligence affectée du Maréchal du Biez? C'eft ce que du Bellay n'ofe décider. Quoiqu'il en foit cette premiére difficulté alloit faire abandonner l'entreprife, lorfque Mailly qui commandoit l'artillerie, propofa d'employer les matériaux du fort qu'on venoit de réduire, à combler le premier canal dans un endroit qu'il choifit; on le crut & on parvint à rendre cette efpéce de pont affez folide pour que l'artillerie pût y paffer; Briflac marcha d'abord vers ce bourg de Marcq dont nous avons parlé, fur la route il rencontra un corps de deux mille Anglois ; la Gendarmerie les chargea fur le champ & les tailla en piéces. Alors le dégât fe fit fans aucun obftacle, les François pillerent & brûlerent tous les villages jufqu'au bourg de Marcq, où ils alloient donner l'affaut, lorfque furpris par la nuit, arrêtés par une pluie abondante, qui rendit aifément les chemins impraticables dans un pays fi aquatique, arrêtés fur-tout par l'impoffibilité de traîner

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