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leur artillerie faute de ponts, ils furent obligés de revenir fur leurs pas, n'ayant exécuté qu'une partie de leur commiffion. Le Roi en ayant eu avis, envoya ordre au Maréchal de retourner devant Boulogne, d'en preffer plus que jamais le blocus, & de camper entre Boulogne & le fort d'Outreau, pour protéger les travaux de ce fort, qu'il lui recommandoit auffi de hâter de tout fon pouvoir.

Cependant les Allemands continuoient leur marche par le pays de Liége, & n'étoient plus qu'à environ dix lieues de Mézieres. Le Roi leur oppofa trois puiffantes barrieres; l'une à Mézieres même, l'autre fur les confins de la Champagne, l'autre à Guife.

Ce fut du Bellay qu'il chargea de défendre Mézieres avec deux milles hommes d'infanterie auxquels il joignit l'arriére-ban de Bourgogne & une partie de celui de Champagne.

Longueval fut envoyé en Cham-i pagne avec ordre d'en raffembler

à la hâte toute la milice & de la porter fur la frontiere.

En même-temps le Roi fe fit envoyer de fon armée de Picardie un détachement compofé de quelque infanterie & de trois cens hommes d'armes, qui fous la conduite du Comte d'Anguien alla fe jetter dans Guife.

Toutes ces précautions étoient fages; il paroiffoit néceffaire que les Allemands tentaffent le paffage par la France, parce que l'Empereur auquel ils avoient demandé la permiffion de paffer par le Brabant & par la Flandre, la leur avoit refufée , non par refpect pour la paix de Crefpy, qui n'exigeoit pas de lui ce refus, mais par la crainte du pillage, où ces provinces alors dégarnies de troupes auroient été expofées de la part des Lanfquenets. Ce refus pourtant fut trèsutile à François I. Les Lanfquenets furent arrêtés plufieurs femaines dans le pays de Liége par les négociations qui fe faifoient pour obtenir ce passage. Le temps de payer la

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montre arriva. Les Commiffaires Anglois chargés de la payer, n'ayant pas leur argent tout prêt, demanderent du temps ; fi les Lanfquenets euffent été plus avancés, ils n'euffent pû refufer d'attendre quelques jours, mais combinant toutes ces circonftances, la défense de paffer par les terres de l'Empereur, la difficulté prefque infurmontable de paffer par les terres de France la négligence des Anglois à acquitter le premier payement, l'inexactitude que cette négligence promettoit pour l'avenir, ils fe rebuterent & fans vouloir rien entendre, reprirent la route de leur pays. Cet avantage fut dû en grande partie à la vigilance de François I.

Pendant que le Roi s'occupoit de ces foins folides, les Anglois mal bloqués dans Boulogne, infultoient le fort d'Outreau. Quoique ce fort leur laiflât la liberté du port, il ne laiffoit pas d'incommoder beaucoup la Ville baffe vis-àvis de laquelle il étoit fitué. Dès l'année précédente les Anglois

avoient voulu profiter de la fauffe démarche qu'avoit faite le Maréchal du Biez d'abandonner ce fort avant qu'il fût achevé, ils remarquerent des endroits qui étoient encore tout ouverts, d'autres où l'on pouvoit aifément monter avec des échelles, fans être apperçu ; ils pafferent pendant la nuit à gué la petite riviere de Liane, où lorsque la mer étoit retirée on n'avoit de l'eau que, jufqu'aux genoux ; ils fe préfenterent une heure avant le jour devant le fort, mais la vigilance des Commandans, la garde exacte qu'ils faifoient faire par-tout, & principalement dans les endroits foibles, firent manquer alors l'entreprise. Tous les Anglois qui defcendirent dans les foffés ou qui parvinrent à monter fur les remparts furent

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tués, le refte fe retira avec une 1546. précipitation qui tenoit de la fuite. Pâques, le 25 Après cette rude épreuve de la Avril. vigilance & de la valeur de la garnifon d'Outreau, les Anglois ne fongerent plus à s'emparer de ce fort par affaut ni par furprife, mais les

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garnifons de Boulogne & d'Outreau continuerent à s'infulter, à s'enlever des convois, à s'entregêner pour les vivres. Les maladies contagieufes fe mirent dans le fort d'Outreau, &y firent un tel ravage que d'environ quatre mille hommes qui avoient été laiffés dans ce fort, à peine en reftat-il huit ou neuf cent; il mouroit quelquefois jufqu'à cent vingt foldats par jour;les vivans ne pouvoient fuffire à la fépulture des morts, dont ils attendoient eux-mêmes le fort à tous momens. Quand tous les malades entaffés dans une maison, étoient expirés, on abbattoit la maison fur Bellay, 1.10. eux, c'étoit-là leur tombeau ; aucune maison n'étoit exempte du venin.

Mém. de du

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du Bellay qui étoit venu s'enfermer Belcar. 1. 24. dans ce fort, parce que c'étoit alors le feul endroit où la guerre fe fît, fe logea dans la maifon qu'il crut la plus faine, c'étoit celle d'un des Commandans de la place. Le frere de ce Commandant & deux de fes fils, qui paroiffoient fe bien porter & qui couchoient dans la même chambre que du Bellay, y moururent tous

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