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trois la même nuit. Répétons d'après ce grand Capitaine que ce qu'il y eut de plus étonnant dans tous ces défastres, ce fut la patience & le courage du foldat, qui fupérieur à la peste & à la mort, n'abandonna pas un inftant la garde de la place & empêcha les Anglois de mettre à profit tant de malheurs.

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Lorfqu'après l'expédition de la terre d'Oye le Maréchal du Biez par ordre exprès du Roi vint reprendre autour de Boulogne & à portée du fort d'Outreau le pofte qu'il n'auroit jamais dû abandonner le premier foin fut de jetter des hommes & des vivres dans Outreau, où la contagion avoit enfin ceffé fes grands ravages. Les hommes y entrerent fans obftacle ; quant au convoi, Senerpont que le Maréchal avoit chargé de le conduire avec une escorte de foixante hommes d'armes feulement, rencontra trois cent chevaux Anglois, qui s'étoient postés fur la route pour lui fermer le paffage ; il les attaqua malgré fon infériorité, les diffipa,

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& introduifit heureusement fon convoi dans le fort, n'ayant perdu que cinq hommes de fa troupe, dont deux tués, trois prifoniers.

Au retour il eut à effuyer un choc plus rude. Sept cent hommes de cavalerie & quatre cent Arquebufiers à pied étoient fortis de Boulogne & étoient venus fe mettre en embuscade fur la route par où devoit paffer Senerpont. Mais d'un 1546. autre côté le Maréchal du Biez faifoit avancer fon armée vers le fort & une petite troupe de Gentilshommes marchoit devant lui. Cette troupe joignit Senerpont, qui avec ce léger renfort, attaqua la cavalerie Angloife alors féparée des Arquebufiers. Après un combat affez vif, les Anglois furent mis en fuite. laiffant fur la place environ cent cavaliers, les François n'en perdirent guères moins. Senerpont ra-. mena foixante & quinze prifonniers, tous vêtus de cafaques de velours chamarrées d'or & d'argent; foit que cet habit magnifique fût l'uniforme de cette troupe, ou un habit

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de diftinction qui annonçât des Officiers confidérables.

Trois femaines après, le Maréchal du Biez fembla vouloir rétablir fa réputation par une action affez vigoureuse, où il eut un avantage marqué. Auffi occupé de la défense d'Outreau qu'il avoit paru la négliger d'abord, il prépara ́un fecond convoi qu'il voulut conduire 'lui-même avec cinquante hommes d'armes de fa compagnie, cinquante Arquebufiers & quatre mille hommes d'infanterie Allemande (car il y en avoit dans les deux partis.) Il rencontra un corps de fix mille Anglois commandés par Mylord Sorel qui l'attendoit au paffage, il l'attaqua, le combat fut vif& long, les Anglois furent enfin obligés de plier, ils fe retirerent fous un petit fort, du Biez animé par fa premiere victoire, alla les y attaquer & parvint à les y forcer. Les Anglois perdirent fept à huit cent de leurs meilleurs foldats, on leur fit de plus deux cent prifonniers. La perte des François fut legére. Tome IV

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Le Maréchal eut le bonheur de finir mieux qu'il n'avoit commencé. Cet exploit fut le dernier de cette guerre, le dernier même de ce regne. Henri VIII. s'ennuya d'une guerre qui lui caufoit beaucoup de dépenfe fans lui acquérir aucune gloire. Il voyoit les François déterminés à reprendre Boulogne à quelque prix que ce pût être, il n'avoit plus l'Empereur fon allié pour l'échauffer & le feconder. François I. de fon côté foupiroit pour le repos que fes infirmités lui rendoient néceffaire d'ailleurs; 11 fe défioit toujours des difpofitions de l'Empereur, il le regardoit comme fon feul ennemi véritable, il vou loit employer le loifir de la paix à mettre fon Royaume à l'abri de toute infulte de la part de ce rival implacable & toujours dangereux

Ces difpofitions rapprochant François I. & Henri VIII; la paix fut bien-tôt conclue par les Pléni→ potentiaires, qui tinrent leurs conférences entre Guines & Ardres. C'étoient de la part de la France

'Amiral d'Annebaut, & Raymond, Premier Président du Parlement de Rouen; de la part de Henri VIII. Mylord Dudley, Amiral d'Angle

terre.

1545. Belcar. 1. 24.

n. 17. 18.

Sleidan, Commentar

L'objet de la négociation étoit très-fimple & fans aucune compli- 1. 15. cation d'intérêts. Henri VIII. avoit entrepris la guerre par caprice, il la finit par raison. Il n'avoit fait qu'une feule conquête, on n'en avoit point fait fur lui, il ne s'agiffoit que de vendre la reftitution de cette conquête, & c'eft ce qu'il fit. On convint que le Roi de France payeroit dans l'efpace de huit ans au Roi d'Angleterre une fomme de deux millions, tant pour les anciennes dettes que pour le prix de Boulogne & de fes dépendances, qui feroient fidélement remifes à Is France au dernier payement. Ce traité promptement conclu, encore plus promptement ratifié.

fut

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