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les prédilections des Rois, des 1545. peres & des maîtreffes.

La mort du Duc d'Orléans con

fondit les efpérances de la Ducheffe d'Eftampes & fes projets de retraite hors du Royaume; elle fit plus, elle changea le point de vue politique & rompit le lien de la paix entre l'Empereur & le Roi. Les proteftations du Dauphin contre le traité de Crefpy, n'offenfoient plus fon pere & pouvoient le fervir, elles portoient fur ce que la France avoit fait des facrifices dont on lui avoit promis un dédommagement qu'on ne lui donnoit point. On peut fans être téméraire conjecturer d'après la maniere dont le traité de Crefpy étoit rédigé, d'a- 1546. près les alternatives continuelles où il ne falloit point d'alternatives, d'après les délais pris pour faire des choix qu'on devoit avoir faits, enfin d'après toutes les circonftances, que l'intention de l'Empereur n'étoit pas d'obferver ce traité, & que quand le temps marqué pour l'éxécution feroit

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rivé, il n'eût pas manqué de prétextes pour l'éluder ; mais il n'au roit jamais pû en trouver de plus plaufible que celui que la mort du Duc d'Orléans fourniffoit.

L'efprit général du traité étoit que le Milanès ou les Pays-Bas ne fuffent jamais unis à la Couronne de France, que l'un ou l'autre de ces deux Etats appartînt au Duc d'Orléans à titre de dot de fa femme, foit fille, foit niéce de l'Empereur Comment tout cela pouvoit-il déformais avoir lieu ? Etoit-ce à l'Empereur ou bien au Roi de France que la mort du Duc d'Orléans devoit coûter? Falloit-il parce que François I. avoit perdu un fils qu'il gagnât un état où que l'Empereur en perdit un; car l'Empereur au→ roit cru conferver un état qu'il auroit donné à fa fille ou à fa niéce. Qu'étoit-il arrivé depuis le traité de Crefpy qui dût rendre la condition de l'Empereur plus mauvaise, qui dût faire paffer irrévocablement à une famille étrangere & ennemie une conceffion qu'il

avoit voulu faire en faveur de fa propre famille Tels étoient les difcours & les prétentions de l'Empereur.

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François I. difoit au contraire que fes droits au Milanès étoient certains, que par le traité de Crefpy il n'y avoit renoncé qu'en faveur de fon fils, que cette mort le remettoit dans fes droits, qu'il n'étoit que trop malheureux d'y rentrer à ce prix que fi pour le bien de la paix, il avoit confenti que fon fils reçût le Milanès à titre de conceffion & de dot, c'eft que tous les titres de jouiffance devenoient prefque indifférens, pourvû qu'on jouît réellement foit par foi-même, foit dans la perfonne d'un autre foimême, que c'étoit là le cas de facrifier la forme pour s'affurer le fond. Mais falloit-il que François I. parce qu'il avoit eû le malheur de perdre un fils perdît encore des droits auxquels il n'avoit prétendu renoncer qu'en faveur de ce fils & que fous des conditions qui ne pouvoient plus avoir lieu ?

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Telles étoient les difficultés qu'en traînoit la mort du Duc d'Orléans, On fe retrouvoit dans les mêmes conjonctures où l'on s'étoit trouvé à la mort de François Sforce, dernier Duc de Milan. L'Empereur vouloit toujours conferver le Milanès, le Roi vouloit toujours le recouvrer. Dans ces difpofitions refpectives la guerre paroiffoit prête

à recommencer.

Pour la prévenir ou pour l'acce lérer, François envoya l'Amiral d'Annebaut & le Chancelier Olivier à l'Empereur pour lui propofer un nouveau traité qui pût tenir lieu de celui de Crefpy, devenu fans objet. L'Empereur ne manqua pas de recourir à fes artifices ordinaires. Il avoit alors d'importantes affaires qui pouvoient lui faire craindre une rupture avec la France, il ne vouloit donc ni la fatisfaire nila mécontenter. La ligue de Smalcalde devenue plus. active depuis que François I. ne l'excitoit plus, inquiétoit plus que jamais l'Empereur, les Princes Proteftans étoient

foulevés, il avoit fallu lever une
armée pour les réduire, il falloit
de l'argent pour entretenir cette
armée, l'Empereur alloit à Anvers
pour engager les riches marchands
de cette Ville à lui fournir les fom-
mes dont il avoit befoin; ce fut
à Bruges que les Ambaffadeurs
François le trouverent, il les remit
à fon arrivée à Anvers ; là, il les
amufa par des promeffes équivoques,
jufqu'à ce qu'il eût rempli l'objet
de fon voyage: il obtint une grande
partie de ce qu'il étoit venu de-
mander, alors fe regardant comme
sûr de réduire la ligue de Smal-
calde, il en devint un peu plus fier
avec les Ambaffadeurs François
& les renvoya en leur difant froi-
dement qu'il n'avoit nulle intention
de recommencer la guerre fi l'on
ne l'y forçoit.

.

Cette réponse n'étoit qu'une raillerie. Ce n'étoit pas à lui à recommencer la guerre, à lui ufurpateur heureux & poffeffeur paifible des Etats qui faifoient l'objet de la conteftation; c'étoit à François I.

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