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à revendiquer fon patrimoine, don
on s'obstinoit à le dépouiller.

L'Empereur fentoit bien que par
cette réponse il pouvoit jetter le
Roi dans les intérêts de la ligue
de Smalcalde, mais il comptoit fur
l'embarras que lui donnoit encore
alors (1) le Roi d'Angleterre dans
le fein de fes Etats; en effet Fran-
çois au lieu d'attaquer l'Empereur,
ne fongea qu'à mettre en état de
défence les Provinces par où l'Em-
pereur pouvoit attaquer la France;
les expéditions lointaines, les vaf-
tes entreprifes, les conquêtes ne
le flattoient plus; la sûreté, le
bonheur de fes peuples devenoient
le principal même l'unique foin
de ce bon Roi. Les irruptions de
l'Empereur & du Roi d'Angleterre
en France l'avertiffoient d'oppofer
à leur ambition de plus puiffantes
barrieres.

Il fit fortifier une multitude de places en Picardie, en Bourgogne

(1) La Paix avec l'Angleterre n'étoit pas en sore faite alors,

1545

& fur-tout en Champagne, la Province la plus dépourvue de places fortes & prefque toujours la premiére attaquée. Le Roi voulut fer- 1546. mer abfolument cette porte de fon Royaume à l'Empereur. Du Bellay parcourut avec des Ingénieurs toute la frontiere de Champagne du Nord au Sud-Eft, dreffant par-tout un état exact des places qu'on croyoit devoir fortifier. Sur l'infpection de cet Etat le Roi donna fes ordres pour fortifier Montcornet & Maubert - Fontaine entre Vervins & Meziéres, augmenter les fortifications de Meziéres & de Mouzon, fortifier auffi Villefranche entre Stenay & Dun, en remontant la Meuse, réparer le Château de Sainte Me nehoud, ajouter trois nouveaux baftions à S. Dizier, bâtir une citadelle à Ligny fur une montagne fituée entre cette Ville & Commercy, fortifier entiérement Chaumont en Baffigny & bâtir une autre citadelle à Coëffy, prés de Langres, fur les frontieres de la FrancheComté,

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1546.

nage

Ce fut à caufe du même voifi de la Franche-Comté apparte nante à l'Empereur, qu'il voulut auffi qu'on fortifiât Seure fur la Saône, entre Châlons & S. Jean de Laune auffi bien que Bourg en Breffe.

Telles furent les précautions qu'il crut devoir prendre pour s'affurer de la parole que lui donnoit l'Empereur de ne le point attaquer ; mais tous ces travaux qui devoient changer la face & procurer la sû→ reté de la France ne pouvoient pas être l'ouvrage d'un jour, & le Roi ne devoit pas avoir la fatisfaction de les voir achever.

L'année suivante il parcourut toutes ces frontieres de Bourgogne & de Champagne, vifita toutes les places, preffa les travaux, diftribua lui-même l'argent néceffaire pour les hâter.

La même année 1546. l'Empepereur partant du Luxembourg pour aller en Allemagne faire la guerre Princes Proteftans de la ligue

aux

de Smalcalde (1), vit commencer les fortifications de Villefranche ; il prétendoit que cette place étoit un fief de l'Empire & il fe plaignit de ce qu'on en vouloit faire une barriere contre l'Empire même; du Bellay lui fit voir des titres qui prouvoient que depuis plus de deux cent ans cette Ville relevoit de la Jurifdiction de Sainte Menehoud; comme l'Empereur avoit d'autres affaires plus importantes, il ne s'ar rêta pas beaucoup à difputer fur cet article, mais pour oppofer barriere à barriere, il ordonna qu'on retablît les fortifications de Dam. villiers; cette place étoit la premiere conquête que ce jeune Duc d'Orléans qui venoit de mourir avoit faite en 1542. dans le Luxem bourg, & qu'il avoit fait rafer, n'ayant pas cru pouvoir la gare der.

(1) Le Roi par refpe&t pour les engagemens qn'il avoit pris par le traité de Crefpy, refufa de les fecourir. 11 fe contenta dans la fuite de Aeut envoyer quelque argent.

1546

J

1546.

Ces petits nuages qui s'élevoient entre Charles-Quint & François I. pouvoient ramener la tempête ; ces intrigues fourdement actives, qui pendant la paix préparent la guerre, cachoient leurs mouvemens & leurs refforts, cependant elles éclatoient quelquefois par leurs effets. François I. n'avoit plus en Italie de Miniftre revêtu d'un caractère public. Mais le Cardinal de Trivulce, Protecteur de la Couronne de France à Rome, titre qui n'eft pas toujours vain, étoit l'Agent fecret des affaires de cette Couronne dans toute l'Italie. Le Roi à qui le traité de Crefpy laiffoit l'efpérance de recouvrer le Mifanès, n'avoit point perdu de vue fes droits fur l'Etat de Gênes On a vu que dans la campagne navale de 1545. des caraques Gênoifes avoient voulu fe joindre aux galères Françoifes, ce qui fuppofe des intelligences reconnues entre les François & les Gênois, c'étoit fans doute l'effet des négociations du Cardinal de Trivulce, mais jo