Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

546, légua l'intérêt de la sûreté publi
que. » La sûreté publique, dit Do-
»ria, dépend moins des remparts
& des foldats que de l'union des
» Tels furent toujours
Citoyens.
les fentimens & les actions de Doria,
Ainfi les attentats des de Fiefques
& de Cibo ne firent que refferrer les
nœuds de la tendreffe entre le Ci-
toyen bienfaiteur & fa Patrie recon-
noiffante,

On a prétendu que Cibo avoit
eû, ainfi que de Fiefque, des confé-
rences fecrettes avec les Miniftres
& les partifans de la France, relati-
vement à tout ce projet contre Doria,
cela peut être,
être, mais on peut raifon-
nablement douter qu'ils aient aprou-
vé fon projet, & on peut affurer que

le Roi les en eût défavoués. L'affaffinat n'étoit pas un moyen qui fût à fon ufage. François I. accablé de douleur & d'infirmités, s'occupoit à prévenir la guerre, bien loin de la renouveller, fur-tout par de femblables voyes, il fortifioit fes frontieres, il rétabliffoit fes finances, il pleuroit fon fils, & ne fongeoit point

[ocr errors]

à faire égorger un grand homme dont il refpeétoit la vieillesse & la gloire.

CHAPITRE X.

Mort du Comte d'Anguien. Mort du Roi d'Angleterre. Mort de François I. Parallèle de François I. & de Charles-Quint、

LE Ciel réfervoit encore un vio

celui

lent chagrin à François I,
de perdre un des plus fermes appuis
de la Couronne & de n'ofer le van-
ger; l'honneur de la Maison Royale
& du nom François, le Comte d'An-
guien mourut par un accident fuf-
pect. Il étoit à la Roche -
la Roche - Guyon
avec le Dauphin & quelques jeunes
Seigneurs de fa fuite. Dans ce fiécle
guerrier & parmi cette nobleffe mi-
litaire les moindres jeux étoient
une image de la guerre; l'exemple
Tome IV.

Q

1546.

1546.

[ocr errors]

de Romorentin en 1521 (1) n'avoit pu corriger un ufage qui tenoit tant aux mœurs. On fe partagea en deux bandes on forma une espéce de fiége; on choisit une maison que les uns attaquerent, que les autres défendirent; on combattoit avec des pelotes de neige, mais on ne s'en tint pas à ces innocentes armes. Le Comte d'Anguein foutenoit le fiége, il fit une fortie; une main ou bien imprudente ou bien coupable jetta par la fenêtre un coffre qui tomba fur la tête du Comte d'Anguien ; ce Prince en mourut après avoir langui quelques jours. On ignora & on voulut ignorer d'où le coup étoit parti; on foupçonna violemment un Seigneur Italien nommé Corneille de Bentivoglio, qui avoit eû quelques démêlés affez vifs avec le Prince; mais le Roi ne voulut point que l'auteur du coup fût recherché, de peur, dit-on, d'avoir le mortel chagrin de voir le Comte

(1) Voir le chap. 2. du liv. 2.

[ocr errors]

d'Aumale & le Dauphin même im- 1546. pliqués dans cette affaire. Se peutil que cet affreux foupçon contre fon propre fils, foit entré dans l'ame du Roi? Se peut-il qu'il ait été légitime? Il paroît démenti par toute la vie du Dauphin, qui regna douze ans avec gloire & qui montra des vertus fur le Thrône ; quant au Comte d'Aumale, depuis. Duc de Guife, il fut la victime d'un affaffinat (1), mais n'étoit-il pas incapable d'en commettre ? (2) Tous deux pouvoient être jaloux de la gloire du Comte d'Anguien, mais c'étoit fans doute la noble ja

(1) Il fut affaffiné au fiége d'Orléans en 1563. par Poltrot de Méré.

(2) On n'ose pas ici prendre le ton affirmatif; car il paroît que ce Duc de Guife voulut faire affaffiner le Roi de Navarre frere du Comte d'Anguien, par le Roi François II. Il voulut auffi faire périr le Prince de Condé leur frere fur un échaffaut, fi pourtant tous ces confeils violens ne doivent pas être imputés au fougueux Cardinal de Lorraine, plutôt qu'au généreux Duc de Guife. Il paroît cependant que fous François II. & Charles IX. les difcordes civiles, la fureur des guerres de Religion, l'ambition du Gouvernement mêlerent bien des ombres aux brillantes vertus de ce Duce

1546.

1547.

Avril.

loufie de l'honneur, non la basse
envie du crime. Quoiqu'il en foit,
il est sûr que François I. empêcha
les pourfuites qu'on auroit du faire
pour venger la mort de ce jeune
héros, fi elle étoit l'ouvrage du crime
& de l'envie. Après tout il ne fit
dans l'affaire du Comte d'Anguien
que ce qu'il avoit fait dans la fienne
propre jamais il n'avoit voulu
fçavoir de quelle main étoit parti
le tifon qui l'avoit bleffé à Romo-
rentin.

Depuis la conclufion de la paix Pâques, le 10 avec l'Angleterre, François I. avoit aifément repris fon ancienne amiLe Roi mou- tié pour Henri VIII, & ce fut encore un coup de foudre pour lui la mort de ce Prince (1) dont

rut dix jours

avant Pâ

ques,

Mars.

le 31

Belcar. 1. 24

n. 33.

que

il

reçut

la nouvelle au commencement de l'année 1547. Il crut avoir Sleidan, perdu un frere & un ami, il avoit Commentar. oublié tous fes caprices pour ne fe fouvenir que des liaifons qu'ils avoient eues. François ne haïffoit

1. 18.

[ocr errors]

(1) Henri VIII. mourut le 28 Janvier 1547.

[ocr errors][ocr errors]
« AnteriorContinuar »