Imágenes de páginas
PDF
EPUB

SECONDE DISSERTATION.

La piéce fuivante fe rapporte à l'hiftoire, liv. 1, chap. I, tom. I, pag. 267. & 268, texte & note 1.

lême

LETTRE

De François I. à la Ducheffe d'Angoufur la Bataille de Marignan,

MADAME,

[ocr errors]
[ocr errors]

» AFIN que vous foyez bien in» formée du fait de notre bataille »je vous avife que hier à heure » d'une heure après midi notre » guet qui étoit fur les portes de >> Milan, nous avertit comme les » Suiffes fe jettoient hors de la » Ville pour nous venir combattre ; laquelle chofe entendue, jettâmes >> nos Lanfquenets en ordre, c'eft » à fçavoir en trois troupes, les

ככ

>> deux de neuf mille hommes, & » la tierce d'environ quatre mille >> hommes, que l'on appelle les en> fans perdus de Pierre de Navarre, » fur le côté des avenues avec les >> gens de pied de France & avan

[ocr errors]

turiers; & parce que l'avenue >> par où venoient lefdits Suiffes » étoit un peu ferrée, & ne fut fi >> bien poffible de mettre nos Gen» darmes de l'avant-garde, comme » ce étoit en plain pays, qui nous >> cuida mettre en grand défordre, » & de ma bataille j'étois à un >> trait d'arc en deux troupes de » ma Gendarmerie, & à mon dos >> mon frere d'Alençon avec le de> meurant de fon arrière-garde, & >> notre artillerie fur les avenues.

[ocr errors]

,

Et au regard des Suiffes ils » étoient en trois troupes, la pre>> miere de dix mille, la feconde >> de huit mille hommes & la tierce >> de dix mille hommes ; vous affu→ rant qu'ils venoient pour châtier » un Prince, s'il n'eût été bien » accompagné ; car d'entrée de ta

[ocr errors]

»ble qu'ils fentirent notre artille»rie tirer, ils prindrent le pays ›› couvert, ainfi que le foleil fe ? commençoit à coucher, de forte » que nous ne leur fimes pas grand » mal pour l'heure de notre artil»lerie, & vous affure qu'il n'est » pas poffible de venir en plus » grande fureur ni plus ardemment: >> ils trouverent les gens de cheval » de l'avant-garde par le côté ; & >> combien que lefdits hommes d'ar» mes chargeaflent bien & gaillar>> dement, le Connétable, le Ma» réchal de Chabannes, Ymber

رد

כב

court, Telligny, Pont de Remy » & autres qui étoient là, fi furent> ils reboutez fur leurs gens de pied, de forte avec grande pouf» fiere que l'on ne fe pouvoit voir » auffi bien que la nuit venoit ; il » y eut quelque peu de défordre ; » mais Dieu me fit la grace de ve»nir fur le côté de ceux qui les » chaffoient un peu chaudement » me fembla bon de les charger, » & le furent de forte, & vous

ככ

en

5 promets, Madame, fi bien accompagnés & quelques gentils galans » qu'ils foient, deux cens hommes >> d'armes que nous étions >> défifmes bien quatre mille Suiffes, >> & les repouffames affez rudement, » leur faifant jetter leurs piques, & >> crier France. Laquelle chofe donna » haleine à nos gens de la plupart » de notre bande, & ceux qui me » purent suivre, allâmes trouver >> une autre bande de huit mille >> hommes, laquelle à l'approcher >> cuidions qui fuffent Lanfquenets, » car la nuit étoit déjà bien noire. » Toutesfois quand ce vint à crier » France, je vous affure qu'ils nous jetterent cinq à fix cent piques » au nez, nous montrant qu'ils n'é» toient point nos amis. Nonob» ftant cela fi furent-ils chargés & >> remis au-dedans de leurs tentes, » en telle forte, qu'ils laifferent de » fuivre les Lanfquenets, & nous » voyant la nuit noire, & n'eût été » la Lune qui aidoit, nous euffions bien été empêchés à connoître Ry

ככ

[ocr errors]
[ocr errors]

ככ

[ocr errors]

» l'un l'autre ; & m'en allai jetter » dans l'artillerie, & là rallier cinq » ou fix mille Lanfquenets & quelques trois cens hommes d'ar« mes, de telle forte que je tins >> ferme à la groffe bande des Suiffes. » Et cependant mon frere le Con» nétable ralia tous les piétons » François & quelque nombre de » Gendarmerie, & leur fit une >> charge fi rude, qu'il en tailla » cinq ou fix mille en pieces, & » jetta cette bande dehors : & nous » par l'autre côté leur fifmes jetter >> une volée d'artillerie à l'autre » bande, & quant & quant les

כל

[ocr errors]

chargeâmes de forte que les em» portâmes, leur fifmes paffer un » gué qu'ils avoient paffé fur nous. » Cela fait raliâmes tous nos gens » & retournâmes à l'artillerie ; & » mon frere le Connétable fur l'au

tre coin du camp, car les Suif»fes fe logerent bien près de nous, » fi près que n'y avoit qu'un foffé >> entre deux ; toute la nuit de>> meurâmes le cul fur la felle, la

« AnteriorContinuar »