Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

lance au point, l'armet à la tête, » & nos Lanfquenets en ordre pour >> combattre ; & pour ce que j'étois » le plus près de nos ennemis, m'a » fallu faire le guet, de forte qu'ils » ne nous ont point furpris au ma» tin, & faut que vous entendiez ≫ que le combat du foir dura depuis les trois heures après midi jufques entre onze & douze heu» res que la lune nous faillit, & y » fut fait une trentaine de belles charges. La nuit nous départit, » & même la paille pour recom» mencer au matin, & croyez » Madame, que nous , que nous avons été vingt-huit heures à cheval, l'ar>> met à la tête, fans boire ni man »ger. Au matin une heure avant » jour prins place autre que la no»tre, laquelle fembla bonne aux Capitaines des Lanfquenets, & » l'ai mandé à mon frere le Con»nétable pour foi tenir par l'autre » avenue, & pareillement l'ai mandé » à mon frere d'Alençon, qui au » foir n'étoit pu venir, & dès le

"

[ocr errors]
[ocr errors]

ככ

point du jour que pumes voir, » me jettai hors du fort avec les » deux Gentilshommes, qui m'é›› toient demeurés du refte du com» bat, & ai envoyé querir le Grand» Maître, qui fe vint joindre avec >> moi, avec environ cent hommes » d'armes ; & cela fait, Meffieurs »les Suiffes fe font jettés en leurs >> ordres, & & délibérés d'effayer » encore la fortune du combat : & » comme ils marchoient hors de leur logis, leur fis dreffer une » douzaine de coups de canon qui prindrent au pied, de forte que » le grand trot retournerent en » leur logis, fe mirent en deux » bandes, & pour ce que leur logis étoit fort & que ne les pou» vions chaffer, ils me laifferent à mon nez huit mille hommes, & > toute leur artillerie, & les autres, » deux bandes les envoyerent aux » deux coins du camp ; l'une à mon » frere le Connétable, & l'autre à » mon frere d'Alençon. La pre>> miere fut au Connétable, qui fut

ככ

[ocr errors]

ככ

» vertueusement reculée par les » avanturiers François de Petre de » Navarre. Ils furent repouffés & » taillés outre grand nombre des » leurs, & fe rallierent cinq ou fix » mille, lefquels cinq ou fix mille >> avanturiers défirent avec l'aide » du Connétable qui fe mêla parmi » eux, avec quelque nombre de fa » Gendarmerie. L'autre bande qui » vint à mon frere fut très-bien » recueillie, & à cette heure - là >> arriva Barthelemi Delvian avec » la bande des Vénitiens, gens de » cheval, qui tous enfemble les » taillerent en piéces, & moi étois » vis-à-vis les Lanfquenets de la » groffe troupe qui bombardions » l'un & l'autre, & étoit à qui fe délogeroit, & avons tenu bute

ככ

ככ

» huit heures à toute l'artillerie des » Suiffes, que je vous affure qu'elle » a fait baiffer beaucoup de têtes. » A la fin de cette groffe bande, qui étoit vis-à-vis de moi, en» voyerent cinq mille hommes, les» quels renverferent quelque peu

ככ

1

» de nos Gendarmes, qui chaffoient » ceux que mon frere d'Alençon » avoit rompus, lefquels vinrent »jufques aux Lanfquenets, qui fu>> rent fi bien recueillis de coups » de haches, butes, de lances & de › canon, qu'il n'en réchappa la → queue d'un, car tout le camp » vint à la huée fur ceux-là, & » fe rallierent fur eux; & fur cela >> fîmes femblant de marcher aux >> autres, lefquels fe mirent en dé» fordre, & laifferent leur artille» rie, & s'enfuirent à Milan ; & de » vingt-huit mille hommes, qui là » étoient venus, n'en réchappa que » trois mille, qu'il ne fufsent tous » morts ou pris ; & des nôtres, j'ai » fait faire revue, & n'en trouve » à dire qu'environ quatre mille. » Le tout, je prend tant d'un côté » que d'autre à trente mille hom»mes. La bataille à été longue, » & dura depuis hier les trois heu»res après midi, jufques aujour» d'hui deux heures, fans fçavoir qui l'avoit perdue ou gagnée,

[ocr errors]

ככ

> fans ceffer de combattre, ou de >> tirer l'artillerie jour & nuit ; & → vous affure, Madame, que j'ai >> vu les Lanfquenets mefurer la » pique aux Suiffes, la lance aux » Gendarmes ; & ne dira-t-on plus >> que les Gendarmes font liévres » armés, car fans point de faute » ce font eux qui ont fait l'exécu>>tion, & ne penserois point men>> tir que par cinq cent & par cinq » cent, il n'ait été fait trente bel» les charges avant que la bataille » fût gagnée. Et tout bien débattu depuis deux mille ans an çà, n'a ❞ point été vue une fi fiere ni fi » cruelle bataille, ainfi que difent >> ceux de Ravenes, que ce ne fut » au prix qu'un tiercelet. Madame, » le Sénéchal d'Armagnac avec fon » artillerie, ofe bien dire qu'il a » été caufe en partie du gain de » la bataille, car jamais homme » n'en fervit mieux. Et Dieu merci » tout fait bonne chere, je com» mencerai par moi & par mon» frere le Connétable, par M. de

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »