Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

HISTOIRE

DE

FRANÇOIS PREMIER,

ROI DE FRANCE.

LIVRE CINQUIEME, Qui comprend tout l'intervalle de l'Armiftice depuis la treve de Nice, jusqu'au renouvellement de la Guerre, en 1542.

CHAPITRE PREMIER.

Maladie de François I. Révolte des Gantois. Paffage de Charles-Quint par la France."

Le Roi rentré dans le centre de

E

Tes Etats, fut fi dangereufement malade à Compiegne, que pendant Tome IV.

A

1538.

Eellay, 1. 8.

près d'un mois on défefpéra pref1538. que de fa vie. Cc fut, dit-on, l'effet Mém. de du d'une vengeance bizarre qu'un mari jaloux prit des infidélités de fa femme (1) & des galanteries du Roi ; il voulut les punir des outrages qu'il en avoit reçus par ceux qu'il espéra d'en recevoir encore; il alla chercher dans un lieu de débauche la maladie qui depuis la découverte de l'Amérique, s'étoit répandue dans l'Europe, & qui depuis la conquête de Naples, en 1494, avoit pénétré jufqu'en France, cette maladie honteufe & funefte, le plus terrible poifon de la volupté, qui n'avoit déjà que trop de poifons fans celui-là. Il s'en guérit en employant à propos les remedes qu'on pouvoit connoître alors; fa femme en mourut, le Roi penfa en mourir. Son rétabliffement ne fut qu'imparfait : il lui refta de tristes fymptômes, de fâcheufes difpofitions qui altérerent fon humeur. & firent dégénérer en une aigreur

(1) On l'appelloit la belle Féroniere. Som mari étoit Avocat.

mélancolique & corrofive la gaîté

brillante de fon caractère. On fçut 1539.
depuis qu'un ulcère fecret étoit la
caufe de ce changement.

Le Roi recouvroit avec lenteur
une partie de fes forces, lorfque les
Ambaffadeurs de l'Empereur vinrent
à Compiegne lui promettre, au nom
de leur maître, l'inveftiture du Mi-
lanès pour lui ou pour
le Duc d'Or-
léans, & en même-temps lui faire
part du projet de l'Empereur.

Ce projet regardoit les Gantois. L'expérience toujours trop peu confultée, avoit en vain fait connoître que les Flamans étoient les plus indociles de tous les peuples, & les Gantois les plus indociles de tous les Flamans. A quelles humiliations les deux célebres avanturiers d'Artevelle, chef des Gantois révoltés, n'avoient-ils pas réduit les derniers Comtes de Flandre de la Maifon de Dampierre! Les Princes de la Maison de Bourgogne, tous guerriers, tous abfolus, tous exercés dans l'art de régner, avoient fçu réprimer les faillies de ce peuple indocile, & lui enlever

[merged small][ocr errors]

des priviléges dont il abusoit; chaque 1539. révolte avoit été févérement punie, mais le germe n'en étoit point étouffé, on le vit fermenter avec plus de violence que jamais fous Marie de Bourgogne, & fous les Princes de la Maifon d'Autriche.

La Flandre étoit la plus riche & la plus précieuse portion de la fucceffion de Marie de Bourgogne Mém. de du & les Flamans, s'ils euffent voulu Bellay, 1.8. fe laiffer un peu opprimer

Belcar, 1. 22.

n. 33.

au

roient été la plus féconde reffource de Charles-Quint dans fes guerres, où l'argent lui manqua toujours. En 1536. Sa malheureuse expédition de Provence, l'ayant mis dans un preffant befoin d'argent, la Reine DouaiHarzus. an- riere de Hongrie, Gouvernante des Pays-Bas, avoit obtenu des Etats de Flandre un don gratuit de douze cent mille florins, & dans la répar tition les Gantois avoient été taxés

mal. Brabant.

à

quatre cent mille. Mais les Gantois prétendoient ne pas pouvoir être taxés: il falloit obtenir leur confentement, & l'autorité aime à se passer du confentement des peu

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »