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Alliés utiles dans l'Italie, en permettant aux Normands de chaffer les Sarrafins de la Sicile, de la Pouille & de la Calabre; les Nor'mands plus dangereux pour l'Empire que les Sarrafins, ayant élevé fur la ruine de ceux-ci un état libre & prefque indépendant, crurent qu'il étoit de leur intérêt de s'unir avec les Papes trop foibles alors pour leur nuire, contre les Empereurs dont la puiffance étoit la feule qu'ils euffent à craindre. Certe union rendit les Papes plus entreprenans, parce qu'ils voyoient à leur porte des défenfeurs & un afyle ouvert contre la vengeance des Empereurs.

La période Franconienne finit par un Empereur Saxon, comme la période Saxonne avoit commencé par un Empereur Franconien.

4o. PÉRIODE DE SOUABE.

La période de Souabe (en joignant aux Empereurs de cette Maifon un Empereur Franconien qui commence cette période & deux

Puffendorff, c. 8. n. 24.

Empereurs étrangers qui la terminent) s'étend depuis 1138. jufqu'en 1271. Elle vit continuer & redoubler les querelles du Sacerdoce & de l'Empire & naître de leur fein les fureurs des Gibelins & des Guelphes. Les Empereurs toujours trop occupés au dehors, perdent toujours de leur autorité au-dedans. Le fyftême d'élever les Evêques pour abbaiffer les Ducs, ayant mal réuffi, donnoit aux Empereurs deux ennemis, les Evêques & les Ducs à abbaiffer. Pour y parvenir, ils tenterent un moyen qui réuffiffoit en France, ce fut d'exempter les Villes du pouvoir des Dúcs & des Evêques, ils créèrent auffi au milieu des Duchés quelques Principautés féculieres, qui ne dépendoient que d'eux, ils firent divers démembremens des Provinces trop vaftes; tous ces coups d'autorité parurent foutenir la Dignité Impériale fous le regne de Fréderic I, dit Barberouffe, mais ce qui donna le plus d'éclat à ce regne, c'eft que Fréderic étoit un grand homme. Fré

deric II, fon petit-fils, eut auffi un regne illuftre, mais très-agité, il parut vouloir transporter en Italie le Siége de l'Empire, les Papes en frémirent & lui fufciterent mille obftacles, il leur fait une guerre opiniâtre & inutile à la faveur de laquelle les peuples d'Italie se mettent infenfiblement en liberté, on y voit naître de toutes parts de petits Etats & fe former des Républiques nouvelles. On peut regarder ce regne comme le terme fatal de l'autorité Impériale en Italie. La Maison de Souabe tarda peu à s'éteindre, le Royaume de Naples & de Sicile qui lui appartenoit, paffa à la Maifon d'Arragon, concurremment avec la Maifon d'Anjou, comme nous l'avons expliqué dans l'Introduction.

Les troubles qui fuivirent la mort de Fréderic II. & un interregne de deux ans qui précéda l'avenement de Rodolphe de Hafbourg, font comme le berceau du droit public Germanique. Les Etats d'Allemagne achevent de s'arroger les droits

de Souveraineté qui leur manquoient, & d'envahir les Domaines de la Couronne. Tous les Tribu taires, tous les vaffaux fecouent le joug, la Dignité Impériale s'avilit de jour en jour & fon autorité s'éclipfe entiérement. Il ne fe tenoit prefque point de Diétes, les caufes des Seigneurs ne fe jugeoient point, ils fe faifoient juftice eux-mêmes, delà des guerres civiles, des brigandages, des ravages continuels. Ces défordres donnerent lieu à divers établissemens.

Les Etats conclurent en 1255. à Wormes & à Mayence une alliance perpétuelle pour le maintien de la paix publique & pour l'abolition des nouveaux péages que mille tyrans établiffoient à main armée dans leurs terres. On nomma cette confédération : la Ligue du Rhin. L'Empereur Guillaume la figna pour en être le Chef. Les autres Nobles qui ne purent ou ne voulurent pas entrer dans cette affociation générale, en formerent de particulieres, nommées Ganerbinats. L'objet des

Ganerbinats étoit de fortifier & de défendre à frais communs quelque Château pour arrêter les brigands & procurer la sûreté de certains Cantons. Comme c'étoit le défaut de Justice qui avoit produit les violences qu'on vouloit réprimer, le Président de chacune de ces Ligues devoit juger toutes les caufes des Confédérés.

Les Villes commerçantes fuivirent l'exemple de la Nobleffe, elles s'unirent pour les intérêts de leur commerce trop interrompu par les difcordes publiques, elles formerent la célébre Ligue Hanféatique, ainfi nommée du vieux mot Hanfa, Communauté ou Ligue; cette Ligue accrue par le temps & par fes fuccès, embraffa bien-tôt jusqu'à quatre-vingt Villes les plus riches & les plus puiffantes de l'Allemagne. Elles fe diftribuerent en quatre claffes. Lubeck étoit à la tête de la premiere ( & de toute la Ligue en général), Cologne de la feconde, Brunswick de la troifieme, Dantzick de la quatrieme, Leur com

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