merce s'étendit par toute l'Europe;

elles firent trembler la Suéde & le Dannemarck; leurs principaux comptoirs étoient à Londres, à Bruges, à Berghen en Norwége, à Novogorod.

Les tentatives des Empereurs pour reprendre quelques portions de l'autorité Souveraine, étoient toujours malheureuses. Les Villes qu'ils avoient affranchies du joug des Seigneurs pour leur en impofer un plus légitime & plus doux, n'eurent pas plus de reconnoiffance que n'en avoient eu les Evêques, la liberté feule put les flatter; le degré de puiffance où elles parvinrent, leur donna même de plus hautes prétentions, elles voulurent partager avec les Princes & les Evêques le Gouvernement général de l'Empire, elles afpirerent à la Dignité d'Etats qu'il fallut bien leur accorder.

Cette période de Souabe vit le Collége Électoral fe former & exclure les autres Princes de l'Empire des Affemblées qui fe tenoient pour l'élection des Empereurs. Les Grands Officiers de la Couronne

non-contens d'avoir rendu leurs offices héréditaires, d'avoir acquis la Souveraineté dans leurs domaines & de partager l'autorité Impériale, voulurent encore être diftingués par des droits exclufifs. Dès le temps des Empereurs Franconiens, ceux des Ducs qui exerçoient les grandes charges de la Couronne, jouiffoient avec les trois Primats de Mayence, de Cologne & de Trèves, d'un droit appellé Jus prætaxandi ou droit de premiere élection, c'est-à-dire qu'avant de conférer avec le corps entier des Etats fur le choix d'un Empereur, ils convenoient entre eux de ce choix. Cette prérogative pouvoit être illufoire, puifque la délibération de leur affemblée particuliere pouvoit être caffée à la Diete générale, mais les conjonctures les fervirent bien. Les guerres civiles, les brigandages publics ayant fait dégénérer en corvée le droit d'affifter aux Dietes par la néceffité qu'ils impofoient de fe faire escorter pour le moindre voyage, les Seigneurs peu puiffans

s'accoutumerent à regarder comme un privilége précieux la difpenfe de venir aux Dietes, mais les grands Officiers plus particulierement obligés par le devoir de leurs charges d'affifter aux Dietes, fur-tout aux Dietes d'élection, flattés d'ailleurs d'y paroître avec l'appareil de la puiffance, attirerent infenfiblement à eux feuls le droit d'élire l'Empereur. Les autres Etats ne furent. exclus d'abord que par le fait fans aucune loi. L'Empereur Richard. n'eut pour Electeurs en 1256. parmi les Eccléfiaftiques que l'Archevêque de Mayence, comme Archi-Chancelier d'Allemagne, l'Archevêque de Cologne, comme Archi-Chancelier d'Italie, l'Archevêque de Trèves, comme Archi-Chancelier du Royaume d'Arles, & parmi les féculiers que le Roi de Bohême, (1) comme Grand Echanfon, le Duc de Baviere, Comte Palatin, comme

(1) Les Empereurs avoient érigé la Bohême en Royaume vers le commencement du treizieme ficele.

Grand Sénéchal ou Grand Juge de la Couronne le Duc de Saxe comme Grand Maréchal & le Margrave de Brandebourg comme grand Chambellan. Tels ont été depuis les fept Electeurs. L'Archevêque de Mayence, comme feul ArchiChancelier de (2) l'Empire, convoquoit les Dietes Electorales, à fon défaut, c'étoit le Comte Palatin, comme Grand Juge de la Couronne, l'Élection fe faifoit dès-lors à Francfort, le couronnement à Aix-laChapelle.

5o. PÉRIODE DE HASBOURG,

LUXEMBOURG ET
BAVIERE.

Id. ibid. n.

Cette période qui s'étend depuis 1273. jufqu'en 1437, est mêlée d'Empereurs de diverfes Maifons, 26. & fuiv. tous nommés par les feuls Électeurs. La Maison de Hafbourg n'eft autre,

(1) Les Archi - Chanceliers d'Italie & du Royaume d'Arles, n'avoient qu'un titre autrefois réel, alors illufoire,

comme on fçait, que la célébré Maifon d'Autriche, mais cette période ne comptant que deux Empereurs de la Maifon de Hafbourg, qui même ne fe fuccéderent pas immédiatement, on ne les rapporte point à cette Dynaftie non interrompue d'Empereurs Autrichiens, qui ont occupé le thrône depuis 1437. jufqu'à nos jours, & qui forment la fixieme & derniere période.

Pendant la cinquieme dont il s'agit ici, les Electeurs continuerent de fe féparer des autres Etats, de former un Collége particulier, auquel étoit réfervée la nomination des Empereurs, & d'attirer à eux feuls la plupart des affaires. En 1338. les Dietes de Renfée & de Francfort confirmerent leurs prérogatives. Mais c'eft dans les Dieres de Nuremberg & de Metz, tenues en 1356. par l'Empereur Charles IV. de la Maifon de Luxembourg, que ces prérogatives ont reçu leur plénitude par la fameuse Bulle d'or, devenue une des loix fondamentales de l'Empire.