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La Bulle d'or, ainfi nommée, non à caufe de l'excellence des re

glemens qu'elle contient, mais à caufe du fceau d'or en forme de petite bouteille, dont elle fut fcellée, confifte en 30 Chapitres, dont les 23. premiers ont été publiés dans la Diete de Nuremberg, le 10. Janvier 1356, & les 7 autres dans la Diete de Metz le jour de Noël de la même année, nous n'en rapporterons que les principales difpofitions, fans égard à l'ordre très-peu méthodique des articles.

1°. Elle fixe le nombre des Electeurs à fept, per quos velut feptem (1) candelabra lucentia in unitate fpiritus feptiformis facrum illuminari debet Imperium.

2o. Elle affigne à chacun d'eux un des grands Offices de la Cou qu'elle attache à l'Élec

ronne,

torat.

(1) On ne fouvint pas de cette excellente raifon, lorfque vers le milieu du dernier fiécle, on créa un buitieme Electorat dans la Maison Palatine, & vers la fin du même fiécle un neuvieme dans la Maifon de Brunswick.

3o. Elle regle le cérémonial de l'Élection & du Couronnement. L'Élection doit fe faire à Francfort, à la pluralité des voix recueillies par l'Archevêque de Mayence dans cet ordre: l'Archevêque de Trèves, l'Archevêque de Cologne, le Roi de Bohême, (1) le Comte Palatin du Rhin, le Duc de Saxe, le Marquis de Brandebourg. Le couronnement doit être fait à Aix-laChapelle par les mains de l'Électeur de Cologne.

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4°. Autrefois tous les Princes de Maifon Électorale prétendoient participer au droit d'élire les Empereurs, la Bulle d'or borne ce droit à la perfonne des Électeurs, regle leurs fucceffions conformément au droit de primogeniture établi dans toutes les Monarchies, & déclare les Électorats indivifibles.

5°. La Bulle d'or confirme aux

(1) La Bulle d'or met le Roi de Bohême à la tête des Electeurs Laïcs & accorde à cet Electorat divers priviléges, parce que Charles IV. étoit luimême Roi de Bohême.

Électeurs tous les droits de la fupériorité territoriale, déclare leur perfonne facrée, punit comme criminels de Lèze-Majefté ceux qui auront attenté à leur vie, affure aux Électeurs la prééminence sur tous les Princes de l'Empire.

6o. Elle établit deux Vicaires de l'Empire, le Duc de Saxe & le Comte Palatin, qui pendant la vavance du thrône Impérial, exerceront, chacun dans leur diftrict, prefque tous les droits dont jouiffent les Empereurs. Le Vicariat de Saxe s'étend fur toutes les terres où le droit Saxon eft observé, ce qui comprend la Weftphalie, le Holstein, la Poméranie, le Brandebourg, la haute & baffe Saxe, la Thuringe, la Mifnie, la Luface, la Moravie. Le Vicariat Palatin embraffe le haut & bas Rhin, la Franconie & la Souabe. Le Duc de Saxe & le Comte Palatin jouiffoient de ce droit de Vicariat & d'adminiftration de l'Empire pendant la vacance avant la Bulle d'or, qui confirme plutôt qu'elle ne confere ce droit.

Le refte ne fait que régler des cérémonies & des préféances.

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Le ton qui regne dans ce décret, l'efprit qui femble en avoir dicté tous les articles méritent quelque attention. Jamais Defpote Afiatique n'eut une étiquette plus fiere. L'Empereur fait tout de fa pleine puiffance & autorité Impériale ; il mande à tous les Etats de l'Empire ses volontés fuprêmes, il enjoint, il menace, il confirme, il abroge il inflige des peines, il accorde des graces, il confere des titres & des droits, il dicte des loix à fes Sujets, & ces Sujets font des Souveverains s'il éleve les Électeurs jufqu'à lui, c'eft toujours en paroiffant s'abaiffer jufqu'à eux, c'eft en leur tendant une main protectrice, leur grandeur & leur puiffance femblent des dons de fa bonté généreufe. Si leur perfonne eft facrée, c'eft, dit l'Empereur, parce qu'ils font partie de notre corps, nam & ipfi pars corporis noftri funt. S'il les appelle les bafes folides & les colomnes immobiles du Saint Empire,

:

ils n'obtiennent ces qualifications glorieufes qu'à caufe de l'honneur qu'ils ont d'exercer un office dans le Palais de l'Empereur. Son autorité moitié defpotique, moitié paternelle, pouffe fes attentions fupérieures jufqu'à leur ordonner de faire apprendre à leurs fils le latin l'Italien & le Sclavon.

C'est par une fuite du même efprit qu'il s'attache à mettre un grand intervalle entre les Électeurs & les autres Princes de l'Empire, qu'il traite de confpirations les affociations des Villes, qu'il les défend pour l'avenir fous des peines rigoureufes, qu'il ne fait que tolérer celles qu'il trouve établies, & qu'il paroît fe promettre de les détruire dans la fuite.

On peut envisager la Bulle d'or comme une tentative nouvelle pour relever l'autorité Impériale, tentative pareille à celles que les Empereurs avoient faites plufieurs fois, tantôt en oppofant le Clergé aux Princes féculiers, tantôt en affranchiffant les Villes du pouvoir des

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