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Langei font l'un contre l'autre de grandes récriminations dont la plûpart roulent fur des entreprises formées, fur des intelligences ménagées, fur des troupes levées, enfin fur des préparatifs de guerre qu'on affectoit de s'imputer de part & d'autre comme autant d'infractions de la treve.

Le Marquis du Guaft pour paroître moins criminel, alléguoit auffi des Couriers Impériaux arrêtés & dévalifés fur les terres mêmes de l'Empire. Ces Couriers avoient d'abord foupçonné des foldats François, ils avoient indiqué ceux fur qui tomboient leurs foupçons, mais ils les avoient déchargés à la confrontation, & il étoit demeuré conftant que ces Couriers avoient été arrêtés par des voleurs, à caufe de la réputation qu'ils avoient d'être porteurs d'argent ; auffi leurs dépêches avoient-elles été jettées dans un bois où on les trouva, & la plûpart n'avoient pas même été décachetées.

1541.

Mém. de du

Mais un grand grief des Autri1541 chiens contre la France regardoit Marano. Cette place fituée dans le Frioul, appartenoit au Roi des Romains; elle étoit importante par le voifinage de la Mer Adriatique, par fes fortifications & par les marais qui la rendent prefque inaccefBellay, 1.9. fible. Les habitans de cette place, las du joug Autrichien, étoient venus s'offrir volontairement au Roi de France, ils avoient faifi l'occafion du mécontentement du Roi au fujet de l'affaffinat de fes Ambassadeurs; ils lui avoient déclaré que s'il refufoit leurs offres comme il avoit refufé celles des Gantois, ils s'adrefferoient à une autre Puiffance qui ne les refuferoit pas ; c'étoit l'Empereur des Turcs qu'ils vou-” loient dire. C'eût été introduire l'ennemi du nom Chrétien au centre de la Chrétienté, entre l'Italie & l'Allemagne. Le Pape, l'Empereur, les Vénitiens avoient le plus grand intérêt de prévenir cette derniere réfolution, & il étoit prefque, indifférent au premier & aux derniers

que cette place appartînt au Roi de France ou au Roi des Romains. 1541. François I. eut l'attention d'avertir ces trois Puiffances, que fi dans un certain temps qu'il leur marquoit, elles ne prenoient point un parti au fujet de Marano, il accepteroit les offres qui lui avoient été faites, ne fût-ce que pour empêcher cette place de tomber entre les mains des Turcs. Le fort de Marano ni les difpofitions de fes habitans n'ayant point changé, le Roi accepta cette place, au terme marqué, croyant par-là fervir la Chrétienté fans rompre la treve, qui fufpendoit feulement les hoftilités, mais qui ne défendoit ni d'accepter des offres volontaires, comme celles de Marano ni de pratiquer des intelligences pour l'avenir.

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Au refte, cette acceptation de Marano, faite d'ailleurs avec tant de précautions, étoit postérieure à l'affaffinat de Rincon & de Fregofe. De plus, combien d'entreprises pareilles ou plutôt bien plus mêlées de violence & bien plus reffemblan→

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tes à des hoftilités les Impériaux n'avoient-ils pas faites? S'ils avoient échoué, le mauvais fuccès les juftifioit-il? Si, par exemple, leur Céfar de Naples, toujours entreprenant & toujours malheureux, avoit manqué de furprendre Turin (1), en étoit-il moins venu l'inveftir pendant la nuit avec des troupes ? Avoit-il moins gagné un Gentilhomme, qui s'étoit chargé de mettre le feu dans différens quartiers de la Ville, pour faciliter aux Impériaux l'efcalade en occupant les habitans à éteindre l'incendie ? Ce traître avoit été arrêté, il avoit avoué fon crime, & avoit été écartelé.

En un mot, à ne confidérer même que ces entreprises, que ces petites hoftilités déguifées, c'étoient les Impériaux qui étoient les infracteurs de la treve, & il leur reftoit de

(1) Il s'agit ici d'une autre entreprise que celle que le même Céfar de Naples avoit faite fur Turin, & que Boutieres avoit fait manquer.

Voir le Chap. 11. du liv. 4.) La premiere avoit été faite pendant la guerre, la feconde est postérieure à la treve.

plus

"

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plus les deux grands attentats par 1541.
lefquels ils avoient violé avec la
treve le droit des gens & celui de
la nature je veux dire l'enleve-
ment des Couriers, & plus encore
l'affaffinat des Ambaffadeurs. Du
Guaft étoit convaincu de ces deux
crimes; mais ne parlons que du
second, il ne reçoit point d'excufe ;
quelle treve, quelle paix eût pu
n'être pas rompue par un tel at-

tentat? Du Guaft en avoit même Mém. de du
reconnu toute l'atrocité dans les let- Bellay, 1.9.
tres qu'il écrivoit au Roi & à Lan-
gei pour les tromper. Il avoit cru,
en condamnant hautement ce meur-
tre, perfuader qu'il ne l'avoit point
commis, il n'avoit fait que fe con-
damner lui-même, & il lui fut im-
poffible d'échapper à fon propre

jugement..

L'Empereur plus coupable que Jui, puifqu'il l'avoit mis en œuvre, fut publiquement convaincu. Le zèle aveugle de quelques Auteurs Efpagnols a ofé juftifier cet affaffi

nat. Antoine de Vera demande à Ant de Vera -ce sujet si Banaïas, fils de Joïada, ft. de CharTome IV.

C

⚫ les V.

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