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riale, malgré la négligence des Empereurs à les réclamer, malgré les conventions par lefquelles ils ont paru les facrifier, malgré la durée enfin de toute poffeffion contraire; ces loix bifarres ne font point la régle des Nations, elles peuvent être exécutées dans l'intérieur de l'Empire, mais de quel droit peut-on les oppofer à des Souverains étrangers? Les conteftations qui s'élevent entre deux peuples, fe décident-elles jamais par la Jurifprudence propre à P'un des d'eux ? N'eft-ce pas dans les loix univerfelles & invariables du droit des gens qu'il faut en chercher. la décifion? & le droit des gens connoît-il des titres plus auguftes que la Prescription & les Traités ? Enfin ces mêmes Allemans, qui prétendent rejetter la prescription, lorfqu'elle leur eft contraire, ont-ils moins d'intérêt que les autres Nations, à la faire valoir? Sur quel autre titre peuvent-ils fonder l'ori gine de leur puiffance ? Quelle autre raifon oppoferoient-ils aux François, fi ceux-ci prétendoient reven

diquer l'Empire & tous les domaines acquis par Charlemagne, s'ils difoient que ces acquifitions faites aux dépens du fang François, avoient été annexées à la Couronne principale de Charlemagne, & n'avoient pú, fuivant les loix de la Monarchie Françoife, en être valablement démembrées? N'étoit-il pas bien fingulier, par exemple, que les Allemands ofaffent redemander aux François les Royaumes d'Arles & de Bourgogne, ufurpés fur les Rois Carlovingiens, l'un en 879. par Bofon; l'autre en 888. par Rodolphe, fils de Conrad, Comte de Paris, tranfmis à l'Empire en 1023. par le fucceffeur de ces ufurpateurs, & recouvrés depuis plufieurs fiécles par les Rois de France, comme fi l'ufurpation de Bofon & de Rodolphe avoit plus mérité d'être confirmée par la prescription, que le recou- || vrement fait par les Rois de France, de ces anciens domaines de leur Couronne, ou comme fi l'Empire avoit, à l'exclufion de tout autre Etat, le privilége éminent de légiti

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mer les droits qu'il acquéroit, d'en purifier la fource & de leur imprimer, pour l'avenir, le fceau de l'imprefcriptibilité ? Les Allemands étoient-ils donc une nation fi fingulièrement favorifée du Ciel, que le laps de temps pût toujours lui acquérir des droits, fans pouvoir jamais lui en faire perdre? Enfin ou les loix féodales, alléguées par l'Empire, contre la prescription, étoient L'Abbé du particulieres à l'Allemagne, ou elles Bos, ligue de étoient communes à toute l'Europe; Cambray. fi elles étoient particulières à l'Allemagne, il étoit ridicule de les oppofer à des Nations qui ne les reconnoiffoient point; fi elles étoient communes à toute l'Europe les dtoits de l'Allemagne n'avoient ja mais pû s'étendre hors de fon enceinte, & les avantages qu'elle avoit eus en différens temps fur fes voifins, ne lui avoient jamais acquis ni domaine fuprême ni domaine immédiat.

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Au refte, fi l'Empire n'abandonnoit aucune de fes prétentions, il fçavoit ne les réclamer qu'à propos.

Tome IV.

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& cet intérêt général de recouvrer tous les anciens domaines, étoit trop éloigné pour ne pas céder à d'autres intérêts plus preffans. La Jurifprudence Impériale n'armoit donc point toujours l'Allemagne contre fes voifins, ni fes voifins contre elle, comme il femble qu'elle eût dû le faire. Cette Nation, plus eftimée que redoutée, avoit ellemême peu de chofe à craindre des Puiffances du Nord, trop occupées alors entre elles pour troubler la paix de l'Empire, l'intérêt d'une juf te défense la réuniffoit fouvent avec la Pologne, la Hongrie & même l'Italie, contre le Turc, leur ennemi commun; l'Empire étoit content des Suiffes, qui ne s'étoient point encore fouftraits à son domaine fuprême; la France étoit, après le Turc; la Puiffance la plus ennemie de l'Empire, foit parce que les limites de ces deux Etats n'étoient point parfaitement fixées, foit parce que Maximilien avoit eu l'adreffe de mettre fous la fauve-garde de l'Empire, les Provinces & les droits li

tigieux qu'il tenoit de la fucceffion de Bourgogne. La France étoit plus redoutable à l'Empire › que les Turcs mêmes, les Sultans pouvoient, à la vérité, mettre en campagne des armées plus nombreuses & tirer plus de revenus de leurs vaftes provinces; mais ils ne pouvoient que très-difficilement porter la guerre en Europe, parce qu'ils étoient obligés de faire venir de l'Afie, & leurs troupes & les munitions néceffaires, & de laiffer ainfi du côté de l'Orient leurs Etats en proye aux invafions des Perfans, ou aux révoltes des Baffas. D'ailleurs, ils ne peuvent faire fubfifter leurs armées pendant l'hiver en Allemagne, tant à caufe du froid auquel ils ne font point endurcis, qu'à caufe de la pauvreté des Provinces d'Allemagne, voifines de la Turquie d'Europe.

FORCES DE L'ALLEMAGNE.

L'Allemagne étoit très-belliqueufe & fi féconde en foldats, qu'elle en fourniffoit à prefque toutes les

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