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autres Nations. Cette vente du fang des Allemands aux étrangers, étoit même la feule fource de rivalité qu'il y eût entre cette Nation & les Suiffes. L'Etat Militaire de l'Allemagne venoit de prendre fous Maximilien une forme nouvelle & plus avantageufe. La Cavalerie pefamment armée, quoique fort inférieure à la Gendarmerie Françoife, avoit fait jufqu'alors la principale force des Allemands; l'Infanterie Allemande, comme autrefois l'Infanterie Françoise, n'étant enrôlée que pour une feule campagne, n'avoit jamais eu le temps de prendre l'efprit guerrier; jufqu'au regne de Sigifmond, chaque Etat ne fourniffoit qu'un nombre indéterminé de troupes ; Sigifmond, par les taxes matriculaires qu'il introduifit à la Diéte de Neubourg, fixa ce nombre ainfi que les piéces d'artillerie & les fommes que chaque état devoit fournir. Frédéric III. demanda, par avarice, de l'argent au lieu de troupes, les Etats y confentirent par imprudence, Maximilien préféra auffi les sub

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fides en argent, mais du moins il en employa une partie à l'entretien d'un corps de troupes réglées & enregimentées; c'eft ce corps fameux auquel les grandes piques dont il étoit armé, firent donner le nom de Lantzknecht, Lanfquenets ou Lanciers. Ces foldats n'ayans d'autre métier que la guerre, prirent l'habitude du courage & de la difcipline, ils devinrent propres à braver les dangers & fur-tout à foutenir les fatigues, ce dernier avantage les diftingua dans l'Europe. Au refte, comme Maximilien les payoit affez mal, principalement lorfqu'il ne les employoit point, ils s'enrôloient à leur gré fous les drapeaux des Puiffances étrangères; de forte qu'en formant ce corps, ce fut moins à l'Empire qu'à l'Europe entiére, que Maximilien fournit des troupes ré→ glées.

Si l'Allemagne avoit fçû contenir dans fon fein cette pépiniére de guerriers; fi d'ailleurs la multitude & la défunion de fes membres, la foibleffe de fon Chef, la rivalité de

fes Colléges, n'euffent rendu les délibérations de fes Diétes trop incertaines, & l'exécution de fes Recès trop lente, elle eût pû devenir trèsredoutable à fes voifins; mais la difficulté de raffembler les contingens de chaque Etat, de preffer les mouvemens toujours embarraffés de ce corps pefant & mal proportionné, la rendoient prefque incapable d'attaquer; auffi fes grandes prétentions plus répandues dans les Livres des fes Jurifconfultes, que foutenues par les armes de fes guerriers, n'ont-elles jamais allarmé l'Europe.

QUATRIÈME DISSERTATION

Relative à la Conférence de Calais, en 1521. Liv. 2. c. 3. Tom. 1. p. 511.

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ANS cette Conférence on agita trois grands objets : la reftitution de la Navarre, la reftitution du Royaume de Naples, les droits fur la Bourgogne.

La Couronne de Navarre avoit paffé fucceffivement par des femmes de la Maison de Bigorre, dans celle des Comtes de Champagne, dans la branche regnante de la Maifon de France, puis dans la branche d'Evreux, dans la Maison d'Arragon, enfin dans celle de Foix, d'où elle avoit été portée en 1484. dans celle d'Albret, par le mariage de Catherine de Foix avec Jean d'Albret.

La fituation de la Navarre la rend très-importante pour les Rois

de France & d'Espagne. La Navarre eft en partie, à l'égard des Pirénées, ce que les Etats du Duc de Savoye font à l'égard des Alpes; elle eft une clef de l'Efpagne, comme la Savoye & le Piémont font des clefs de l'Italie. Elle femble fur-tout être naturellement une province de la Monarchie Efpagnole. Auffi lorfque Ferdinand le Catholique & Ifabelle eurent réuni les diverfes portions de cette Monarchie, ils ne perdirent pas un moment de vue le projet d'envahir la Navarre; ils ne manquoient jamais de prétextes pour demander tantôt des Places voisines de l'Arragon, tantôt des Contrées entiéres. Jean d'Abret ne pouvoit qu'implorer contre eux le fecours de la France. Il falloit lui rendre ce fecours dangereux & même funefte.

En 1512. Ferdinand profita des violentes querelles qui s'étoient élevées entre Louis XII. & le Pape Jules II. pour s'emparer des Etats de Jean d'Albret. Il prévoyoit que ce Prince, pour lui

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