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les Lettres d'un Ambaffadeur de France en Espagne, les avoit cédés à Charles-Quint, petit-fils de Ferdinand, ce qui produifoit le même effet.

On répondit que la repréfentation en ligne directe étoit de Droit commun, & qu'on ne connoifsoit dans la Navarre ni ufage ni loi particulière qui dérogeât à cette loi prefque univerfelle. On rapporta d'ailleurs des faits éclatans, qui prouvoient que ce droit de repréfentation avoit été reconnu par toute la Maifon de Foix, & par le Vicomte de Narbonne lui-même.

En 1472 Madeleine de France long-temps avant la mort du Vicomte de Castelbon fon mari, & immédiatement après celle de Gafton de Foix, Roi de Navarre, fon beaupére, préfenta une Requête à Louis XI. pour le prier de donner un Tuteur à fes enfans, François Phoebus & Catherine, héritiers légitimes par repréfentation de Gafton leur ayeul Roi de Navarre. Le Vicomte de Narbonne lui-même figna cette Requête.

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Le Confeil du Roi, en présence du Vicomte de Narbonne, déclara Madeleine, Tutrice de fes enfans; Madeleine prêta ferment en préfence & du confentement du Vicomte de Narbonne. Elle rendit hommage à Louis XI. des terres de la Maison de Foix, qui relevoient de la Couronne de France, toujours en ptéfence du Vicomte de Narbonne, qui ne fit aucune proteftation. En 1479. Eléonor d'Arragon, Reine de Navarre, inftitua par fon Teftament François Phoebus fon petit-fils, héritier du Royaume de Navarre, & fe contenta de faire un legs particulier au Vicomte de Narbonne.

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4°. Mais difoient les Plénipotentiaires Espagnols, & c'étoit la quatriéme objection, s'il faut reconnoître le Droit de représentation, en faveur de François Phœbus de Foix, du moins après la mort de celui-ci le Vicomte de Narbonne a dû exclure, à titrede mafculinité, Catherine de Foix fœur de François Phœbus. Le Vicomte de Narbonne a connu & réclamé ce droit que lui

donnoit fon féxe, & les événemens n'ont pû le lui ravir.

Le droit de mafculinité, répondit le Chancelier Duprat, ne l'emporte point en Navarre, fur le droit d'aî neffe. La loi Salique ne gouverne point ce Royaume; la Navarre eft évidemment une Couronne patrimoniale & féminine, puifqu'elle a paffé par les femmes, dans tant de Maifons étrangeres.

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A cette loi générale fe joint encore une loi particuliere, tirée du contrat de mariage de Madeleine de France avec le Vicomte de Castelbon. Louis XI. en donnant fa fœur au Vicomte de Caftelbon, avoit fait ftipuler expreffément que les enfans qui naîtroient de ce mariage, de quelque féxe qu'ils fuffent, fuccéderoient au Royaume de Navarre, au préjudice de la branche de Narbonne. Auffi du vivant de Louis XI. ces enfans n'éprouverent-ils aucune contradiction de la part du Vicomte de Narbonne, qui les reconnut mê me, comme on l'a vu plus haut, pour légitimes héritiers du Royaume de Navarre.

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Il eft vrai que fous le regne de Charles VIII. ce même Vicomte de Narbonne difputa la Navarre à Catherine fa niéce; mais il perdit fon procès à l'arbitrage de Charles VIII. & de ce même Ferdinand, qui, fuivant les Espagnols, avoit depuis exercé les droits du Vicomte de Narbonne.

Enfin le Vicomte de Narbonne, jugeant lui-même fes droits chimériques, les facrifia en 1498. par une tranfaction qu'il fit avec Catherine, & qui contenoit une rénonciation formelle au Royaume de Navarre & de Béarn, fans aucun intérêt, & de plus, une rénonciation aux autres biens de la Maifon de Foix, moyennant quatre mille livres de rente. Gaston de Foix, Duc de Nemours, fils du Vicomte de Narbonne, se voyant appuyé de toute la faveur de Louis XII. fon oncle, attaqua cette transaction, mais feulement en ce qui concernoit les biens de la Maifon de Foix, autres que la Navarre. Ce jeune héros, fi propre à donner de l'éclat à fes prétentions, n'ofa ja

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mais les porter jufqu'au Royaume de Navarre. Il mourut à 24 ans, fans avoir pû faire juger fon procès, qui fut repris par Germaine fa fœur, feconde femme de Ferdinand le Catholique, & perdu par elle en 1517.

Ainfi là branche de Narbonne avoit contre elle & la loi générale & la loi particuliere, & fes propres reconnoiffances & l'autorité de la chose jugée.

5°. Enfin les Plénipotentiaires Ef pagnols n'eurent pas honte d'alléguer un cinquiéme moyen, qui fe détrui foit lui-même par fon propre ridicu le. Ils parloient de je ne fçais quels Traités paffés entre les Rois d'Efpagne & de Navarre, par lefquels les Rois de Navarre avoient confenti à une espéce de confiscation de leurs Etats, au profit des Rois d'Efpagne, s'ils appelloient les François à leur fecours.

On répondit, 1°. Que ces Traités n'exiftoient point. 2°. Que quand ils existeroient, ils ne pouvoient engager à rien, parce qu'aucun hom

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