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point les femmes, enfin lorfque cette même inveftiture afluroit à la Bour gogne le titre de première Pairie de France? Quoi! en lui donnant ce titre éminent, on fe propofoit de la rendre la proye des Étrangers!

Quant aux inductions tirées des Traités d'Arras & de Péronne, Louis XI. & François I. en tiroient une autre. Ces Traités, difoient-ils, appellent nommément les femmes, parce qu'on vouloit alors les appeller. L'Inveftiture donnée par le Roi Jean ne les appelle point, parce qu'il

vouloit les exclure.

Au refte, Louis XI. & François I. protestoient contre les Traités d'Arras & de Péronne; c'étoit, felon eux, l'ouvrage de l'injustice & de la violence.

Quoiqu'on puiffe penfer des raifons alléguées de part & d'autre & très-folidement difcutées par Dupuy dans fon Traité des Droits du Roi, on ne pourra s'empêcher de juger qu'il eût fallu prévenir ces conteftations, & réunir la Bourgogne à la France, comme on y a depuis réuni

la Bretagne, c'est-à-dire, par un ma riage, mais c'eft ce qu'on n'avoit point fait,

CINQUIÈME DISSERTATION

Sur le Procès & la Mort du Sür Intendant Semblançay.

Cette Differtation fe rapporte à l'Hif toire, Liv. 2, Chap. 5, Tom. II... pages 154& fuivantes..

ON fe rappelle que le Roi ayant

demandé compte au Sur-Intendant Semblançay d'une fomme de quatre cent mille écus qu'il l'avoit chargé de faire tenir à l'armée d'Italie en 1521. Semblançay fe juftifia aux dépens de la Ducheffe d'Angoulême,, à laquelle il prétendit avoir remis cette fomme..

On raconte cette. hiftoire de diverfes manières, qui peuvent fe rap porter à trois principales; on va les difcuter toutes trois féparément..

PREMIERE OPINION Sur Semblançay.

Suivant cette opinion, la Ducheffe d'Angoulême avoit donné quittance à Semblançay des quatre cent mille écus, & cette quittance étoit placée dans l'ordre qui lui convenoit parmi les papiers du Sur-Intendant. Le principal Commis du Sur-Intendant, nommé Gentil, étoit le feul qui eût la clef du Cabinet où étoient ces papiers. Il en tira la Quittance pour plaire à une femme dont il étoit amoureux, & qui, étant attachée à la Ducheffe, exigea par fon ordre cette infame trahifon. Semblançay, dont toute la juftification étoit fondée fur cette piéce, perdit par cette fraude les moyens de manifefter fon innocence. Il refta chargé des apparences du double crime d'avoir détourné les fonds, & d'avoir par la plus infolente calomnie imputé fes propres déprédations à la mére du Roi. Il fut puni comme coupable, mais fa mémoire fut vengée. La Ducheffe d'Angoulême se voyant prête

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à mourir, céda aux remords dont elle étoit tourmentée, révéla tout à fon fils & lui en demanda pardon. Gentil fon complice, qui de Commis de Semblançay étoit devenu Confeiller, puis Préfident au Parlement, fut pendu dans la fuite ce crime qu'il avoüa.

pour

Ce trait de la Quittance enlevée par Gentil, paroît s'être répandu dans la croyance publique, par une espèce de tradition indépendante du. témoignage de l'Hiftoire, mais desCritiques éclairés l'ont adopté; s'il faut le regarder comme véritable, la mémoire de la Ducheffe d'Angoulême doit être à jamais en éxécration à tous les gens de bien.

Mais diverfes raifons rendent ee trait fufpect.

1. Les Écrivains contemporains n'en difent rien. Martin du Bellay qui raconte l'hiftoire de Semblançay dans un affez grand détail, & qui vrai-femblablement devoit en être inftruit; Beaucaire qui ajoûte au récit de du Bellay des traits fort vifs contre François I. & contre fa mére

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