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ta d'échapper à l'autorité de fes Ju→ ges en général, en alléguant fon privilége de Cléricature, mais qu'il n'en récufa aucun en particulier.

5. Les Auteurs qui parlent de la trahison de Gentil & de fon fupplice, ne marquent point l'année de fa mort, ne citent point fon Arrêt- Cet Arrêt exifté cependant, & je vais en rendre compte tout à l'heure. Mais il réfulte toujours de cette obfervation que les partifans de l'hiftoire de la Quittance enlevée, ont parlé de Gentil au hazard & fans avoir approfondi les faits qui le concernent. 6. On ne trouve aucune trace de la réhabilitation de la mémoire de Semblançay qui a dû fuivre la découverte de fon innocence, & qui, après la mort du Chancelier Duprat, après la mort de la Ducheffe d'Angoulê→ me & après le fupplice de Gentil ne pouvoit plus trouver de contradic

teurs.

7°. Pourquoi le Procès de Semblançay auroit-il duré plus de cinq ans, fi fa décision eût dépendu de la Quittance? Il ne s'agiffoit que day

faire inventaire des papiers du SurIntendant, & de le condamner, fila Quittance ne s'y trouvoit point.

8°. L'époque même de la détention du Préfident Gentil dément l'Hiftoire que j'attaque. Il ne fut arrêté Orfi, que vers 1538. Or fi, comme le difent les Défenfeurs de la Quittance enlevée, la Ducheffe d'Angoulême (morte en 1531), avoit révélé en mourant ce mystére d'iniquité, auroit-on attendu jufqu'en 1538 à faire arrêter Gentil?

Les raifons de rejetter l'histoire de la Quittance fouftraite fe développeront de plus en plus par la réfutation des raifons qu'on allégue ou qu'on auroit pu alléguer en faveur de cette hiftoire.

Premiérement, dit-on, Marot Auteur contemporain, a défigné la perfidie de Gentil dans fa 22 Élégie, intitulée Du Riche infortuné Jacques de Beaune, Seigneur de Sem-. blançay. Marot dans cette Élégie fait parler le Sur-Intendant, qui après avoir rappellé les faveurs dont la Fortune l'avoit comblé, ajoûte :

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Mais cependant fa main gauche trèse
orde,

Secrétement me filoit une corde,

Qu'un de mes Serfs, pour fauver fa
jeuneffe,

A mife au col de ma blanche vieilleffe..

Je répons 1. qu'il n'est parlé là ni de Gentil, ni de Quittance fouftraite, & qu'un trait fi vague eft un fondement bien fragile pour une pareille hiftoire..

2o. Le fens naturel de ces vers eft que l'homme qui trahit Semblançay, ne le fit que pour éviter le fuplice dont il étoit lui-même menacé; mais il n'y a pas d'apparence que Gentil eût été pendu pour le refus qu'il au roit fait de fouftraire la Quittance & il y avoit quelque apparence qu'il pourroit l'être un jour, s'il confentoit. à cette perfidie, & en effet on veut qu'il l'ait été pour cela.

3. Ces quatre vers défignent f peu dans l'intention du Poëte, l'hif toire de la Quittance fouftraite, qu'on voit par les vers fuivans que Marot croyoit Semblançay coupa→ ble. Or,, ces deux idées, de la mamière fur-tout dont elles font énon

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tées, ne peuvent s'accorder. En effet
Marot fait dire au Sur-Intendant:

J'eus en effet des plus Grands la faveur,
Où au befoin trouvai fade faveur :
Mefmes le Roi fon Pere m'appella:
Mais tel faveur Juftice n'ébranla:

Car elle

ayant

le mien criminel vice

Mieux épluché que mon passe service
Près de rigueur, loin de miféricorde,
Me prononça honte, mifére & corde.

}

Sila Juffice, fans être ébranlée par la faveur, éplucha le criminel vice de Semblançay & le condamna en conféquence, ce n'eft donc pas en dérobant à Semblançay une quittance qui l'auroit justifié, qu'un de fes Serfs lui a mis la corde au col.

4. L'idée de Marot peu dévelop Annales pée par elle-même, fe trouve heu d'Aquitaines reufement éclaircie par un paffage de 4 partic du Bouchet, Auteur contemporain de Semblançay, auffi-bien que Marot. Du Bouchet dit que les ennemis de Semblançay, ayant réfolu de le perdre, rechercherent toute fon administration avec la plus grande rigueur, & tant feirent, dit-il, avec un nommé Prévôt de Tours, qui avoit

été fon ferviteur, qu'ils fçurent plufieurs grands fecrets & chofes faites au domdu Roi & du Royaume.

mage

Ainfi ce Serf dont parle SemblanÇay dans l'Élégie de Marot, n'est point Gentil, c'est Prévôt, qui, felon du Bouchet, avoit été fon ferviteur, & on fent que dans l'idée de Marot, qui croyoit Semblançay coupable, ce Prévôt étoit fon complice, qu'on le menaça de la mort, fi pour fauver fa jeuneffe, il ne mettoit la corde au col de Semblançay, non en lui dérobant fa Quittance, mais en révélant fes déprédations fecrettes dont Prévôt feul connoifloit parfaitement les détails.

Ainfi les vers de Marot appliqués à Prévôt, préfentent un fens naturel & lumineux; les mêmes vers appliqués à Gentil, offrent un fens, nonfeulement louche, mais obfcur puifqu'ils fignifieroient que Gentil encore innocent,' n'auroit trouvé d'autre moyen d'échapper au fupplice, que de commettre une action vraiment digne du fupplice & qui devoit le lui procurer un jour. Com

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