ment Marot qui avoit furvécu au fupplice de Gentil (1), auroit-il laiffé dans fon Élégie, que Gentil s'étoit fauvé du fupplice, en y conduifant Semblançay, puifque dans la fuppofition, il s'y feroit conduit luimême par ce crime. Il eft donc évident que fi Marot n'a point corrigé cet endroit, c'eft que jamais il n'avoit entendu y parler de Gentil, mais de Prévôt, auquel en effet la dénomination de Serf de Semblançay, convenoit beaucoup mieux qu'à Gentil. Il est donc certain qu'il ne réfulte rien des vers de Marot en faveur de l'hiftoire de la Quittance fouftraite.

Un autre titre que citent les Par tifans de cette hiftoire, eft l'Épitaphe du Président Gentil, faite par Théodore de Beze, Auteur contemporain, quoique mort (2) fur la fin du règne de Henry IV. Voici

(1) Marot n'eft mort qu'en 1544, & le Préfident Gentil avoit été pendu en 1542.

(2) Théodore de Beze mourut en 1605, âgé de 87 ans.

cette Épitaphe, qui ne peut être de 1538, comme on le dit dans l'édition des Auteurs latins de Barbou, puifque le Préfident Gentil ne mourut qu'en 1542.

Fracto gutture ftare quem revinctum
Impellique vides & huc & illuc,
Quondam purpureo fedens Senatu,
Primas Parifio in foro tenebat.
Verum (proh facinus fcelusque grande!
Dum lucri ftudio impotente captus,
Bonos non minùs ac malos coërcet
Jufto numine fic jubente Divúm,
Vivus qui malè federat tot annos,
Stare nunc malè mortuus jubetur. (1)

Tout ce qui réfulte de cette Épitaphe, qu'il u'eft pas queftion d'examiner ici du côté du goût, c'eftque le Préfident Gentil fut pendu, & qu'il méritoit fon fupplice par des malverfations dans l'exercice de fa Charge,

(1) La Roche-Flavin (des Parlemens de France, fol. 647), dit que Gentil fut pendu au Gibet de Montfaucon qu'il avoit fait conftruire, & l'étrenna Le premier. Cette hiftoire a bien l'air de n'être que selle d'Enguerrand de Marigny renouvellée.

bu il montroit une avidité, fatale éga lement aux gens de bien & aux méchans mais on n'y trouve pas un feul trait qui indique même de loin l'affaire de Semblançay & de la Quittance enlevée,

On a déja obfervé que les Auteurs qui ont parlé du Préfident Gentil paroiffent n'avoir eu aucune connoiffance de fon Arrêt. Cet Arrêt eft du 4 May 1542 (1).

Les crimes pour lefquels on condamne ce Magistrat, font, suivant les propres termes de l'Arrêt: Plufieurs fautes, abus, malverfations, concuffions, fauffetés, éxactions, prévarications, larcins & péculats faits & commis par ledit Gentil, tant au fait -de l'Office de Juge & de Procureur du -Roi en la réformation des Finances. que au fait de fon Office de Confeiller Prefident aux Enquêtes en la Cour & autrement hors de fon Office.

Il est vrai que l'Arrêt parle en-fuite d'un larcin de papiers, mais les

(1) Et non de 1543 comme le dit le Journal 'Etoile

Partifans de la Quittance fouftraite n'auroient pû faire ufage de cette circonftance, s'ils avoient eû connoiffance de l'Arrêt de Gentil, car l'Arrêt même explique ce que c'étoit que ce larcin de papiers. Larcin & tranfport de plufieurs papiers & enfeignemens appartenans au Seigneur Roi; & fervant tant en fefdites Finances qu'autres affaires d'icelui Seigneur, lefquels ledit Gentil envoyoit hors du Royaume.

Ces papiers avoient été faifis près de Lyon, fur quelque avis que Gentil les faifoit tranfporter en pays étranger; mais on voit que ce larcin de papiers p'a aucun rapport avec celui qu'on prétend avoir été fait à Semblançay; d'ailleurs l'Arrêt ne parle point de ce Sur-Intendant, ne juftifie point fa Mémoire, ne prononce point fon nom, ne le défigne pas, même indirectement.

Si à ce larcin de papiers exprimé dans l'Arrêt & dont la tradition pouvoit avoir perpétué un fouvenir vague, on joint un paffage de du Bouchet, on verra que ce bruit fi accré

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dité de la Quittance fouftraite, ne doit peut-être fon origine qu'à une combinaison fingulière de diverfes circonftances altérées & corrompuës.

4o.

» Environ l'an 1538, dit cet Au»teur, Monfieur Gentil, Préfident Annales d'Aquitaine »ès Enquêtes du Parlement de Paris, 4. partie >> & natif du pays d'Italie, fut conf. fol. 282 »titué & mis prifonnier à la Baftil»le, pour avoir furtivement retenu » par devers lui les Acquits du » feu Thréforier Poncher, qui par → faulte d'iceulx avoit été pendu &

étranglé à Paris, par Sentence » donnée à la Tour quarrée, jaçoit » qu'il fût eftimé un des Hommes de » bien de France. << cc

Il eft certain qu'en mettant le nom de Semblançay à la place de celui de Poncher, l'hiftoire qu'on réfute ici fe trouvera établie fur le témoignage pofitif d'un Hiftorien contemporain, & il eft naturel de conje&urer que la difgrace de Poncher n'ayant, ni par l'importance du per fonnage, ni par la grandeur des événemens ou l'éclat des intrigues qui

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