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la préparèrent les mêmes droits que celle de Semblançay à la mémoire de la poftérité, on a infenfiblement oublié Poncher, on ne s'eft fouvenu que de Semblançay, on lui a appliqué ce qui avoit été dit de Poncher, on n'a plus lû du Bouchet, qui véritablement n'eft pas trop fait pour être lû, ou ceux qui ont continué de de lire, ont crû qu'il s'étoit trompé fur les noms, & qu'il avoit dû dire Semblançay au lieu de Poncher.

Mais cette correction feroit un peu téméraire, car du Bouchet rapporte l'hiftoire du Procès de Semblançay, & on a vû par le paffage où

eft parlé de Prévôt, que du Bouchet croyoit le Sur-Intendant coupable, au lieu que dans le paffage. où il parle de Poncher, il représente ce dernier comme innocent. D'ail leurs du Bouchet (1), témoin de difgraces aufli frappantes que celles de Semblançay, de Poncher & de Gen

(1) Du Bouchet eft mort en 1550, âgé de 70 ans au moins, (car fon pére étoit mort en 1480), ginfi il avoit vû tous ces événemens.

til

til, pouvoit-il les confondre, & peut-on fuppofer cette confufion? Au refte fi on s'en tient à l'Arrêt de Gentil, qui ne parle ni de Poncher ni de Semblançay, Gentil n'aura dérobé les Quittances ni de l'un ni de l'autre, mais feulement des papiers d'État qui intéreffoient le Roi feul, en ce cas l'hiftoire de la Quittance enlevée à Semblançay tombe d'elle-même, n'étant fondée ni fur les Actes ni fur le témoignage de l'Hiftoire.

SECONDE OPINION

Sur Semblançay.

Cette opinion eft que Semblançay étoit coupable, foit du divertiffement des fonds destinés pour l'Italie, foit de ces concuffions générales dont l'Arrêt le déclare convaincu & pour lesquelles il le condamne. Du Bouchet & Marot, tous deux Auteurs contemporains, favorifent, comme on l'a vu, cette prétention. d'Aquitaine, Selon du Bouchet, on demanda une 4 partie Tome IV.

Y

Annales

fol. 412,413

groffe fomme au Sur-Intendant pour les affaires du Roi, il refufa de la fournir, en difant & en prouvant, que le Roi lui devoit plus de trois cent mille francs; s'ils fe fût borné à ce refus, l'affaire n'auroit pas eû d'autres fuites, mais il eut l'imprudence de folliciter avec trop de viva; cité le payement de ce qu'il avoit prouvé lui être dû, & la Cour ne trouva d'autre moyen de fe délivrer de fes importunités que de le perdre, elle fit donc rechercher toute fon administration avec la plus grande rigueur, & tant feirent avec un nommé Prévôt de Tours, qui avoit été fon ferviteur, qu'ils furent plufieurs grands fecrets, & chofes faites au dommage du Roy & du Royaume, & informations de ce faites & rapportées par devers l'étroit Confeil du Roi, fut ledict de Beaune conftitué prifonnier en la Baf tille à Paris, & certains Juges députés... qui l'oüirent fur les charges & informations contre lui faites, & auffi fur fes juftifications & deffenfes, & lui fe voyant convaincu, requit en vertu de Lettres de Tonfure qu'il exhiba être ren

voyé pardevant fon Evêque. Quoique du Bouchet rende la Cour plus coupable encore que Semblançay, par l'indignité des motifs qui la font agir & des moyens même qu'elle employe, il finit pourtant par inculper ce Miniftre & par le déclarer convaincu. Mais fon récit eft fi différent daus toutes fes circonftances, de celui de tous les autres Hiftoriens, foit contemporains, foit poftérieurs qu'on ne doit pas l'adopter légérement. Tous les traits les plus connus de cette hiftoire difparoiffent, jufqu'à la liaison de l'affaire de Semblançay avec le malheureux fuccès de l'expédition d'Italie. On ne peut préfumer qu'un Procureur de Poitiers foit mieux inftruit des ingues de la Cour, ou même des événemens politiques, militaires, économiques, que le célébre Martin du Bellay-Langey, Chevalier de l'Ordre du Roi, revêtu de divers honneurs Militaires, qui paffa toute fa vie à la Cour ou à l'armée, & dont toute la Maison joua fous le règne de François I., le rolle le plus

important. Beaucaire, Evêque de Metz,qui avoit été Précepteur duCardinal Charles de Lorraine, qui avoit eû les liaisons les plus intimes avec toute cette puiffante Maifon, par conféquent avec toute la Cour, doit l'emporter encore fur un particulier obfcur, tel que du Bouchet; & la conformité du récit de Beaucaire avec celui de Martin du Bellay, fortifie l'un & l'autre témoignage. Marillac penfe auffi comme eux dy Sur-Intendant. Si Marot paroît s'accorder avec du Bouchet, que peut ce témoignage confus, incertain, mal développé d'un Poëte, qui fuppofe les faits fans les expofer, contre la foule réunie des Hiftoriens qui attefte l'innocence de Semblançay? D'ailleurs, quel étoit le crime imputé à Semblançay? Le divertissement des fonds destinés pour l'Italie, & l'imputation calomnieufe de ce vol à la mére du Roi. C'étoit-là l'objet du Procès & la fource de la colère du Roi & de la Ducheffe d'Angoulême contre le Sur-Intendant, c'étoit de ce crime qu'il falloit le con

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