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vaincre. Qu'importe qu'à force de recherches, la rage de fes ennemis & la baffeffe de fes Juges foient parvenues à le charger de quelques concuffions étrangères à l'objet du Procès? Il en résulteroit toujours qu'il étoit innocent du crime principal dont il étoit accufé. Mais c'eft ce qu'on va développer avec plus de détail dans l'éxamen de la troisième opinion.

TROISIEME OPINION

Sur Semblançay.

Selon du Bellay, felon Beaucaire, &c. felon tous les Mémoires du temps & le témoignage le plus autentique & le plus univerfel de l'Hiftoire, la Ducheffe d'Angoulême ne nia point que Semblançay lui eût remis quatre cent mille écus dans le temps dont il s'agiffoit; ainfi elle n'avoit nul intérêt à faire enlever fa Quittance, mais elle foutint que cette fomme étoit un dépôt qu'elle avoit confié au Sur-Intendant & qui pro

venoit des épargnes qu'elle avoit fai

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Hift. Gall. tes fur fes revenus. Pecuniam quidem, L. 17. n. 12. fed alio nomine fibi debitam, fe recepiffe profeffa eft, dit Beaucaire. Elle dit, felon Martin du Bellay," que » c'étoient deniers que ledict Sg de Semblançay lui avoit de long-tems » gardez, procédans de l'épargne qu'elle avoit faite de fon revenu. Semblançay perfifta de fon côté à foutenir qu'il ne devoit rien à la Ducheffe, qu'elle ne lui avoit rien confié, & que la fomme qu'il lui avoit remife étoit celle que le Roi vouloit envoyer en Italie.

Ce récit auquel la foule des Hiftorien's (1) s'eft conformée, n'inculpe pas pleinement la Ducheffe d'Angoulême, il femble laiffer la queftion indécise entre elle & le Sur-Intendant; cependant tous les fuffrages fe réuniffent contre elle en faveur de

(1) De Serres, Mezerai, le P. Daniel, Dom Montfaucon, &c.

Ie Continuateur de du Haillan dit avec

une difcrétion plaifante que semblançay déclara avoir compté baillé Somme en question a certaines perfonnes, & il ne les nomme pas, mais il met en note que, felon du Bellay, ce fut à la mére

du Roi,

Semblançay; il n'eft perfonne aujourd'hui qui ne la croye coupable & Semblançay innocent, & il faut convenir que toutes les circonftances autorifent cette opinion.

1°. Le caractère connu du Sur

Intendant, fa réputation d'économie & d'éxactitude, fa faveur qu'il ne devoit à aucune brigue, la tendreffe filiale dont le Roi l'avoit ho noré.

2°. Le caractére violent & audacieux de la Ducheffe, fa fureur contre la Comteffe de Châteaubriant & contre fes fréres, le défir de leur nuire qu'elle avoit fait éclater en mille occafions, & dont la Maifon de Foix étoit fi convaincue, que Lautrec n'avoit voulu d'abord partir pour P'Italie qu'après avoir reçu fes tre cent mille écus (1).

qua

3. L'eftime fingulière que la Ducheffe d'Angoulême avoit toujours montrée pour Semblançay, avant que la néceffité de fe défendre l'eût

(1) C'étoit pour faire échouer l'expédition de Lautrec en Italie, que la Ducheffè s'étoit emparée de cette fomme, qu'on devoit envoyer à Lautrec.

Mf. e Bé

obligé de l'accufer elle-même.
4. Le rapport fingulier des deux
fommes & le choix du moment où
la Ducheffe redemande le prétendu
dépôt qu'elle difoit avoir confié à
Semblançay.

Le peu d'apparence qu'un Miniftre expérimenté eût ofé détourner une fomme, dont l'emploi avoit été fi folemnellement indiqué, en présence de toute la Cour, & dont il étoit impoffible que le Roi & tout l'État ne lui demandaffent point

compte.

6. Le peu d'apparence encore qu'un Miniftre fans appui eût été affez imprudent pour charger de fes propres crimes la mére du Roi, unə femme fous la puiffance de qui tout trembloit à la Cour. Il eût été moins dangereux d'accufer le Roi luimême.

7. Une Lettre de Semblançay au Bib. du Roi, Roi du 15 Octobre 1521, dans la thune, No, quelle il lui dit formellement : » Vous $489, fol. 48. avez pû entendre par Madame la provifion qui a été donnée pour le fecours de M. de Lautrec «, paroles qui pa

cc

toiffent ne pouvoir s'entendre que des quatre cent mille francs donnés à la Ducheffe d'Angoulême pour Lautrec. Semblançay écrivoit alors naturellement la vérité, fans rien prévoir de ce qui devoit arriver un Jour.

8°. Le choix des Juges, tous amis du Chancelier (1), tous prévenus par lui contre Semblançay, tous vendus aux paffions de la Ducheffe. Pourquoi ne lui pas laiffer fes Juges naturels? Pourquoi ne pas éviter dans une affaire de cette nature tout ce qui pouvoit donner de la défiance au Public? Pourquoi irriter cette défiance par des formes irrégulières ?

9. La durée même de ce Procès qui annonce la difficulté de trouver des crimes à Semblançay & l'acharnement à lui en chercher.

10. Le filence de l'Arrêt fur le

Beaucaire dit que le Chancelier Duprat, qu'il appelle: Bipedum omnium nequiffimus, qui Semblancais ob fummam ejus autoritatem invidebat, illi judices è fua coberte, hoc eft ex iis quos vel ad Senatùng Parifienfem promoverat, vel fibi fidos alioqui fciebat »dedit. Belcar. Hiftor, Gallic. Lib. 17. #. I 2.

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