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violée, ce fut que Ferdinand ne traverferoit point l'expédition de Naples que Charles VIII. méditoit. C'étoit, comme on l'a vû dans l'introduction (1), la Branche bâtarde d'Arragon qui occupoit alors le Thône de Naples.

Puifque Ferdinand avoit promis de refpecter l'expédition de Naples, il ne pouvoit manquer de la traverfer. Charles VIII. n'eut point dans cette expédition de plus dangereux ennemi que Fetdinand. Ainfi quand la donation que Charles VIII. lub avoit faite du Rouffillon & de la Cerdagne,n'auroit pas été provoquée par des moyens illégitimes, la donation n'en étoit pas moins caduque, puifque la condition fous laquelle elle étoit faite, n'avoit point été remplie.

Telles étoient les prétentions de la France; elles ne fe bornoient pas au Rouffillon & à la Cerdagne. Les révolutions des temps, la fatalité des conjonctures ont donné à prefque

(1) Pages 77, 724.

tous les Souverains de l'Europe des prétentions refpectives fur prefque tous leurs États. La France en avoit jufques fur l'Arragon & fur la Caftille, mais comme elle ne fit point valoir ces droits fous le règne de François I., il eft inutile de s'engager dans cette discussion.

2o. Droits fur le Luxembourg.

Quant au Luxembourg, 1°. les prétentions de François I. étoient fondées fur l'acquifition d'une partie de ce Duché que Louis, Duc d'Orléans, frére du Roi Charles VI. avoit faite autrefois de l'Empereur Venceslas, alors chef de la Maifon de Luxembourg. De-là vient que François I. affectant de regarder le Duché de Luxembourg comme un patrimoine particulier de fa branche, en prit le titre en 1543 & parut s'attacher à cette conquête.

2o. En 1443 Elifabeth de Luxembourg, niéce de Venceflas, poffédant alors le Luxembourg, & voyant les peuples de ce Duché foulevés

contre elle, avoit appellé à fon fecours Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, à qui elle avoit transporté fes droits fur le Luxembourg. Mais tous les Seigneurs de cette Maifon prétendoient qu'elle n'avoit pas pû faire une telle aliénation à feur préjudice; ils foutenoient d'ailleurs qu'elle n'étoit pas propriétaire du Luxembourg, & qu'elle ne l'avoit qu'à titre d'engagement.

Depuis ce temps les Maifons de Bourgogne & d'Autriche étoient reftées en poffeffion du Luxembourg, & les Seigneurs de la Maifon de Luxembourg réclamoient contre cette poffeffion. L'un d'eux, Charles de Luxembourg, Comte de Brienne, petit-fils de ce fameux Connêtable de S. Poł décapité fous Louis XI., avoit cédé fes droits au Maréchal de la Marck (Fleuranges). François I. avoit acquis tous les Droits & de la Maison de Luxembourg & de la Mai fon de la Marck.

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ÉCLAIRCISSEMENT

Sur l'article de la réunion de la
Bretagne à la Couronne.

EN parlant de la réunion de la

Bretagne à la Couronne, (pag. 122 & fuivantes du 3e. Volume) J'ai infinué que cette réunion avoit introduit un changement dans les Loix du pays, mais je ne me fuis peutêtre pas expliqué avec affez de clárté fur ce changement.

Convenons d'abord que la réunion de la Bretagne à la Couronne a évidemment été faite en vertu des Loix de la Bretagne, & en abrogeant des ftipulations particulières, contraires à ces Loix générales.

La Loi conftante de la Bretagne, Loi à laquelle on ne pouvoit déroger par aucune ftipulation particulière, affûroit la fucceffion du Duché à l'aîné des mâles, & au défaut de mâles à l'aînée des Filles.

1

Anne de Bretagne, légitime héritére du Duché, eut de Louis XII. fon fecond mari deux filles, Claude & Renée. Claude fut fon héritière au Duché, elle époufa François I. dont elle eut trois fils; l'aîné de ces trois fils étoit fon héritier légitime au Duché, & par l'avénement de ce Prince à la Couronne, la réunion devoit fe faire de droit,

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Tel étoit l'ordre de succession établi par l'usage immémorial & par les Loix de la Bretagne; mais Anne de Bretagne avoit tenté d'intervertir cet ordre. Son zèle pour les intérêts, (peut-être affez mal entendus) de la Bretagne, lui faifoit fouhaiter d'affûrer à cette Province un Duc Particulier.

Pour remplir cet objet, elle avoit ftipulé dans fon Contrat de mariage: avec Louis XII. que la Bretagne ap-partiendroit, non à l'aîné de leurs fils, mais au fecond.

On n'avoit pas auffi clairement fpécifié à laquelle des filles le Duché pafferoit, s'il n'y avoit que des filles, & s'il y en avoit plufieurs..

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