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1539.

Commentar. 1. 12.

ples. Les Gantois alléguerent leurs des priviléges, commencerent par représentations, finirent par la révolte. L'Empereur fur les plaintes qu'ils lui porterent, ayant répondu qu'il falloit obéir à la Gouvernante, ils réfolurent de défobéir & à la Sleidan, Gouvernante & à l'Empereur. Enhardis par l'éloignement de ce Prince, & bravant l'autorité d'une femils chafferent les Officiers Impériaux, fe faifirent de quelques forts & de quelques châteaux aux environs de leur Ville, tâcherent d'engager dans leur rebellion Ypres Bruges & les autres Villes de la Flandre; ils envoyerent des Députés au Roi comme à leur Seigneur Suzerain, pour implorer fa protection, & lui offrir de le rendre maître des Pays-Bas s'il les vouloit fecourir. L'offre étoit féduifante, le Roi ne balança pas à la refufer. Sa probité fcrupuleufe crut devoir ce respect à la trève nouvellement conclue; il fit plus, il avertit l'Empereur des difpofitions de fes Sujets, perfuadé que l'intérêt commun des

Pares, le

6 Avril.

1. 6. c. 5.

Id. ibid.

Rois exigeoit qu'ils fe donnaffent ces 1539 fortes d'avis. Nous admirons dans F'antiquité Camille renvoyant aux Falifques leur perfide maître d'école, lié & fuftigé par les écoliers qu'il avoit voulu livrer aux Romains ; Fabricius rejettant l'offre que lui faiVal. Max. foit Timocharès, Médecin de Pyrrhus, d'empoifonner ce Prince, & avertiffant Pyrrhus de fe précautionner contre le poison. L'action de François I eft bien plus admirable. Fabricius & Camille ne faifoient que fe refufer à des projets atroces à des trahifons infâmes, dont ils fe fuffent rendus complices s'ils euffent voulu en profiter. L'intérêt facré de la nature, fupérieur aux intérêts nationaux, exigeoit d'eux cette conduite. Mais l'offre qu'on faifoit à François I, étoit une de ces of fres ordinaires dans les troubles politiques, & dont les Souverains ne font point fcrupule de se prévaloir. Il avertiffoit ce rival, cet ennemi qui l'avoit toujours trompé, qui devoit le tromper encore, d'un danger que celui-ci auroit dû prévoir,

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& dont la prudence humaine doit toujours fe tenir pour avertie. Cette 1539. générofité n'eft pas même égalée dans l'hiftoire ancienne, par le refus que font Ariftide & les Athéniens d'acquérir l'Empire de la Mer, en brûlant la flotte des Lacédémoniens, felon l'avis utile, mais coupable de Thémiftocle. Ce refus n'étoit que jufte, celui de François I étoit mag

nanime.

La révolte des Gantois étoit parvenue au point de ne pouvoir plus être diffimulée ni refter impunie. L'Empereur jugea qu'elle demandoit fa préfence. Mais comment arriver en Flandre?

On pouvoit y aller par trois chemins; par mer, par par l'Allemagne, par la France.

Le premier étoit impraticable, les rebelles s'étoient emparés des ports, il n'étoit pas poffible d'aborder. Dailleurs, l'Empereur pouvoit être jetté par les vents fur les côtes d'Angleterre, dont le Roi étoit fon mortel ennemi,depuis le divorce avec Catherine d'Arragon.

Par l'Allemagne, le chemin eût

1539. été long & la marche lente, parce qu'on n'eût pu traverfer, fans une escorte confidérable, les Etats des Princes Proteftans.

Mém. de du

Il ne reftoit donc que le paffage par la France; ç'eût été le plus mauvais parti peut-être fi le Roi de France eût été Charles-Quint, mais c'étoit François I, & fon rival le connoiffoit bien. Il fit demander ce paffage au Roi fous la promeffe folemnelle de l'inveftiture du Milanès & avec des remerciemens du généreux & utile avis qu'il lui avoit donné.

Lorfque l'affaire fut propofée au Bellay, 1. 8. Confeil du Roi, les avis furent partagés, non pas fur la liberté du paffage que le Roi avoit bien réfolu d'accorder, mais fur les affurances qu'on pouvoit prendre pour forcer enfin l'Empereur à tenir une fois fa parole. Le Cardinal de Tournon vouloit qu'on tirât de lui une promesse par écrit, & c'étoit l'avis de la plus grande partie du Confeil ; mais le Connétable de Montmorenci

trouva plus noble & plus digne de fon Maitre de laiffer paffer l'Empe- 1539. reur fans condition, & de s'en rapporter à sa bonne foi, comme l'Empereur s'en rapportoit à celle du Roi en paffant par fes Etats. Montmorenci avoit deviné les fentimens du Roi: ce confeil étoit trop conforme à fon caractère pour n'être pas avidement faifi. Sur cela les petits politiques fe font élevés contre François, ils lui ont prodigué le reproche de duperie plus durement encore qu'à Charles-Quint celui de fourberie, car ils font toujours plus favorables au trompeur qu'au trompé. Pour Montmorenci, ils l'ont foupçonné d'intelligence avec l'Empereur, ne pouvant concevoir qu'il eût donné de bonne foi un pareil confeil. Examinons ce reproche.

L'Empereur en fe mettant ainfi entre les mains de François I après tout ce qui s'étoit paffé, rendoit un jufte hommage à la vertu de fon rival; la confiance d'une ame forte en une ame généreufe ne pouvoit aller plus loin, il n'y avoit peut Αν

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