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Avec des yeux de lynx, de l'un à l'autre bout,
Il contrôle, il obferve, il examine tout,
Ne laiffe rien tomber, pas la moindre parole,
Regître tout fur fon Journal,

Tient compte d'une croquignole
Comme d'un crime capital.

Il meriteroit bien, ce Contrôleur fevere,
Si pour lui l'on n'avoit un peu de charité,
Quoique pour nous il n'en ait guere,
Qu'auprès de votre Majesté

Sur fon murmure on lui fit une affaire.
Pour le punir du moins & pour l'accoûtumer,
Ainfi que de raifon, à ne point reclamer
Contre le bien qu'il vous plaît de nous faire,
Il feroit à propos, SIRE, & l'on le requiert
Pour fon falut & pour le nôtre,

Que de cette façon qu'il craint plus que tout autre
On vint de tems en tems: mortifier Robert.

AURO Y

Compliment envoyé pour le jour de fa naiffance en 1719. par le Comte d'Auvergne Penfionnaire du College de LOUIS LE GRAND.

Depuis cinq ou fix jours, SIRE, maint Ecolies

Grand & petit, de toute forte,

Qu'on entre en Claffe, ou qu'on en forte,
Me tire par la robe, & puis me vient crier:
Souvenez-vous, Monfieur le Comte,

Que Mercredy prochain eft felon notre compte
Le quinziéme de Fevrier.

Vous devez au Roy notre SIRE,
Pour nous un petit compliment.
J'entends bien ce qu'ils veulent dire,
Et votre Majesté l'entend parfaitement.
La jeuneffe, SIRE, eft plaifante!

Parce que

l'an paffé vous nous fîtes du bien, Elle veut deformais que ce foit une rente;

Vous fçavez qu'à notre âge on ne doute de rien.

Mais il faut fe rendre justice:

Nous avons de droit le Jeudi;

Y joindre encor le Mercredi

On craint que ce ne fût un peu trop d'exercice,

Des gens même peut-être en gronderoient tout bas,
Et diroient: Comment donc à moins de maladie,
Tous les jours que Dieu fit, le Roy même étudie,
Et ces petits Meffieurs feront plus délicats?
L'argument feroit bon, SIRE, & pourroit conclure,
Si nous avions reçû tous ces dons excellents
Cette facilité d'efprit, cette ouverture,
Quelque partie enfin de ces rares talents,
Dont pour notre bonheur vous dota la nature.
L'étude qui yous coûte peu,

Pour vous en être fait une douce habitude,

N'eft plus pour vous étude, c'eft un jeu:
L'étude pour nous eft étude,

Il nous faut quelque reconfort;
Mais fur le choix du jour on n'eft

pas

bien d'accord

L'un rejette en ceci ce que l'autre confeille,
Le Mercredy de vrai caufe quelque embarras,
Le Mardy viendroit à merveille;

Et, fauf meilleur avis, je crois qu'en pareil cas
Lorfque le jour ne convient pas,

On peut fort bien chommer la veille.
Quoiqu'il en foit, pourvû qu'en ce petit canton
Nous puiffions de votre licence

Chanter & celebrer votre heureuse naissance,
Le jour, la veille tout eft bon,

Quand vous plaira-t-il qu'on commence ?

C'eft à vous, SIRE, à nous donner le ton.

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H

Eureux qui près du feu peut avoir des pincettes! On ne peut pas toûjours difcourir, raisonner, Et même en raisonnant, on aime à tifonner,

Ne fût-ce que pour faire élever des bluettes. fe paffer de manchettes,

On

peut

Mais de pincettes, non; je prétends m'en donner Et comme dans fa poche on porte des lunettes, Auffi pour l'avenir je me fais une loi,

De porter partout avec moi

Des pincettes dans mes bougettes.

Va chez mon Serrurier, Picard, va promptement
Commander de ma part des pincettes de poche.
Tu ris de ce commandement,

Il te forprend, mais vien, pauvre ignorant, approche
Et pese mon raisonnement.

J'aime à tifonner, je l'avouë,

C'est un plaifir innocent & permis;

7

Qu'on me le passe ainsi qu'aux autres je l'allouë,
Mais je ne veux point être à charge à mes amis.
J'en ai grand nombre, tous gens d'honneur, de merite,
Et qui tous, comme moi tifonnent volontiers.
Or quand à tel d'entre eux je vais rendre visite,
Tous deux auprès du feu, les pincettes en tiers,
Il s'en faifit d'abord, & plus il ne les quitte.
Irai-je, à ton avis, fur cela le plaider ?
Le prier de me les ceder,

La requête feroit incivile, illicite;
Jamais il n'y confentiroit,

C'eft fa paffion favorite,

Et je fuis, entre nous, fûr qu'il me livreroit
Plûtôt jufques à fa marmite.

Il me faut donc, Picard, dévorer le chagrin,
De lui voir tout le tems les pincettes en main.
Il s'en prévaut, il s'en efcrime,

Et

par bravade quelquefois,

Les fait claquer entre fes doigts;

Je ne dis pas que ce foit un grand crime, Er même il en a droit; mais j'enrage pourtant De ne pouvoir en faire autant.

Pour fauver mon honneur, du moins avec ma canne, Je remuë un chenet, ou je pouffe un tifon;

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