Par un Enfant habillé en Berger, & accompagné de douze petites Bergeres, SIRE, dans vos Etats tout jusqu'à la houlette, Durant votre langueur Eut la même frayeur; Et quand le Ciel vous rend une fanté parfaite, En rend graces au Ciel avec la même ardeur. Qui toutes par refpect devant Vous sont muettes, J'ofe, SIRE, ajoûter, fans faire le Prophete, Et bien moins encor le flateur, Qu'à vous voir il n'eft rien qui dans vous ne promette Sous un regne durable & rempli de douceur, Une félicité fi grande & fi complete, Que tout s'en fentira jufques à la houlette. ADIEU DE L'AUTEUR A SA VIEILLE CALOTE GRISE. E PITRE RA Ampart jadis fi fûr contre les vents de bise, Il faut, chauds à la ville, Tu préfidas fans ceffe à mes moindres travaux. De mes veilles fur tout compagne infatigable Tu réchaufois mon chef quand j'étois à ma table; Et mieux qu'un bon foyer ta bénigne chaleur Réveilloit mes efprits & ranimoit mon cœur. Plus de dix mille Vers, fruits de divers caprices, Furent durant ce temps formez fous tes aufpices: A ces Vers, tels qu'ils font, le Dieu même de l'art Phebus, le grand Phebus, eut moins que toi de part. Envain, pour exciter sa faveur trop rétive, J'emploiois & les veux, & jufqu'à l'invective; J'avois beau dans ma fougue & me plaindre & prier Ce Dieu n'en tenoit compte & me laiffoit crier : Mais toi, chere Calote, au befoin toûjours prête, Dès que je te pouvois emboiter dans ma tête, Le Parnaffe auffi-tôt fe montroit tout entier, Et les Vers à foifon couloient fur le métier. Plus que je ne voulois abondante & rapide Ma veine bien fouvent n'eut befoin que de bride; Et mon propre bonheur venant à m'effraier Au milieu de ma courfe il falloit enrayer. Je dirai plus encore: On fçait que d'ordinaire De tels foins la migraine est le triste salaire, Et que ce n'eft qu'au prix de cuifantes douleurs Que les Dieux d'Helicon nous vendent leurs faveurs. Il en coûte toûjours plus qu'on ne croit pour plaire ; Mais je n'ai fur ce point nul reproche à te faire Et Tu peux te prévaloir du fait, il eft conftant; |