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Par un Enfant habillé en Berger, & accompagné de douze petites Bergeres,

SIRE, dans vos Etats tout jusqu'à la houlette,

Durant votre langueur

Eut la même frayeur;

Et quand le Ciel vous rend une fanté parfaite,
Tout, jufqu'à la houlette

En rend graces au Ciel avec la même ardeur.
Nos Bergers fur cela me font leur interprete,
Daignez, SIRE, agréer mon hommage & le leur.
Douze petites Bergerettes

Qui toutes par refpect devant Vous sont muettes,
Difent le même dans le cœur,

J'ofe, SIRE, ajoûter, fans faire le Prophete,

Et bien moins encor le flateur,

Qu'à vous voir il n'eft rien qui dans vous ne promette Sous un regne durable & rempli de douceur,

Une félicité fi grande & fi complete,

Que tout s'en fentira jufques à la houlette.

ADIEU DE L'AUTEUR

A

SA VIEILLE CALOTE GRISE. E PITRE

RA

Ampart jadis fi fûr contre les vents de bise,
Commode couvrechef, vieille Calote grise,
Qui même en un befoin par ton ample circuit
Pouvois presque paffer pour un bonnet de nuit :
Enfin après treize ans ou plus même, il me femble,
Coulez tranquillement à travailler ensemble,

Il faut,
"... pourrai-je hélas, le dire fans pleurer!
Vieille Calote grife. .... il faut nous féparer.
Ne vas pas m'accufer ici d'ingratitude,
Je fçais que je te dois les fruits de mon étude,
Et bien loin que jamais je veüille l'oublier,
Si je rime aujourd'hui c'eft pour le publier.
Oui, je veux qu'on le fçache: en campagne,
La nuit comme le jour également utile,
Dans les temps les plus froids, comme dans les plus

chauds

à la ville,

Tu préfidas fans ceffe à mes moindres travaux. De mes veilles fur tout compagne infatigable Tu réchaufois mon chef quand j'étois à ma table; Et mieux qu'un bon foyer ta bénigne chaleur Réveilloit mes efprits & ranimoit mon cœur. Plus de dix mille Vers, fruits de divers caprices, Furent durant ce temps formez fous tes aufpices: A ces Vers, tels qu'ils font, le Dieu même de l'art Phebus, le grand Phebus, eut moins que toi de part. Envain, pour exciter sa faveur trop rétive, J'emploiois & les veux, & jufqu'à l'invective; J'avois beau dans ma fougue & me plaindre & prier Ce Dieu n'en tenoit compte & me laiffoit crier : Mais toi, chere Calote, au befoin toûjours prête, Dès que je te pouvois emboiter dans ma tête, Le Parnaffe auffi-tôt fe montroit tout entier, Et les Vers à foifon couloient fur le métier. Plus que je ne voulois abondante & rapide Ma veine bien fouvent n'eut befoin que de bride; Et mon propre bonheur venant à m'effraier Au milieu de ma courfe il falloit enrayer. Je dirai plus encore: On fçait que d'ordinaire De tels foins la migraine est le triste salaire, Et que ce n'eft qu'au prix de cuifantes douleurs Que les Dieux d'Helicon nous vendent leurs faveurs. Il en coûte toûjours plus qu'on ne croit pour plaire ;

Mais je n'ai fur ce point nul reproche à te faire
Sans ces retours fâcheux tu me faifois du bien,
Et tes plus grands efforts ne me coûterent rien.
Non, en treize ans entiers jamais fous ton domaine
Ma tête ne fentit un moment de migraine :

Et

Tu peux te prévaloir du fait, il eft conftant;
Quelle Calote au monde en pourroit dire autant!
O que fi fur tout chef, Calote tutélaire
Tu pouvois opérer cet effet falutaire;
que fous ton abri des vapeurs respecté
Contre toute migraine on fût en fûreté :
Avec cette vertu puiffante & fouveraine
Des Calotes bientôt tu deviendrois la Reine:
Quoique féche, craffeufe, & vicille à faire peur,
Tout le monde à l'envi recherchant ta faveur,
Et Calote & Bonnet même le plus illustre
Devant toi blanchiroit & perdroit tout fon lustre,
Mais laiffons déformais toutes ces vanitez
Le temps en nous minant détruit nos facultez.
Quelque rare vertu qui dans toi fût inclufe,
Hélas! on a beau faire, une Calote s'ufe;
La plus fiere avec l'âge éprouve ce destin:
Tu déperis de même, & tires à ta fin.
Mon adieu n'eft donc point un effet du caprice,
Titus plus tendrement ne quitta Bérenice:
De tes rares vertus j'ai publié les traits,

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