Contre tous maux de cœur, ou de tête, ou de rate;
Pour lui le fpecifique étoit l'air du Palais.

Une cause jamais n'étoit bien afsortie,
Si comme demandeur

Ou comme défendeur

Le réfolu vieillard n'y tenoit fa partie.
Le Roi l'oüit plaider un jour:

Touché de fa vieilleffe & de fon éloquence,
Ce Prince bienfaisant comme par récompenfe
Finit tous les procès, & le mit hors de cour.
Hors de cour, quel défaftre! A ces mots le pauvre homme
Penfa prefque expirer : adieu le teint vermeil,
Plus d'appetit, plus de fommeil.

Accablé du coup qui l'affomme,

A la bonté du Prince il a recours en fomme,
Et lui dit en pleurant : Grand Roi,

Au nom du ciel, aiez pitié de moi.
Rendez-moi mes procès, ou bien m'ôtez la vie;

Je ne puis vivre fans plaider;

Ou fi tous, c'eft trop demander,

Rendez-m'en tout au moins cinq ou fix, je vous pric.

On ne vit point hors de fon élement;
Le Ciel créa la mer pour la gent aquatile,
Comme l'air pour la volatile,
Le procès pour le bas Normand.

Sunt bona, funt quadam mediocria, &c. 1. Liv. 17;

Ous trouverez dans cet Ouvrage-ci

Du paffable, du bon, & du mauvais auffi :
C'eft fur ce pied qu'on vous le livre

Lecteur attendez-vous-y bien,

Voilà le portrait de tout Livre,

Comme c'est le portrait du mien.

I I.

A CATON.

GRAVITE

DEPLACE'E.

Noffes jocofa, &c. 1. Liv. 7.

Caton, ignorez-vous cette étrange licence

Qui dans les Jeux publics de tout tems a regné?

Vous y venez pourtant, mais à peine on commences
Que plein de fureur, indigné

Contre ces libertez dont l'excès yous offense
Vous voulez fur le champ partir.

De toutes ces façons que voulez-vous qu'on pense,
N'y veniez-vous, Caton, qu'à deffein d'en fortir?

III.

A COT TA.

L'OPTION

NECESSAIRE.

Bellus homo, &c. 1. Liv. 10.

Vous faites le mignon, vous faites le poli,

Vous voulez paffer pour joli,

Et paffer auffi pour grand homme:
Mais, Cotta, l'on vous avertit }

Que qui dit mignon, dit petit ;

: Comment voulez-vous qu'on vous nomme?

1 V.,

A DIODORE.

L'HOMME

INUTILE.

Natali Diodore, &c. x. Liv. 27.

Voilà chez vous grande réjouiffance,
Pour célébrer votre heureuse naiffance:
Grand concert, fomptueux repas,

On voit voler par tout les fantez à la ronde;
Mais pourtant, Diodore, avec tout ce fracas
On ne fçait pas encor que vous foiez au monde.

V.

A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON.
Si memini, &c. I. Liv. 20.

Il vous reftoit encor quatre dents que je pense,
Une toux en fit fauter deux :

Les deux autres bien-tôt eurent la même chanse,
Une feconde toux fit ce coup défaftreux.
Je ne fçais en cela fi nous devons vous plaindre,
Ce coup, Pirra, vous met en liberté :
Auparavant il falloit vous contraindre,
Ne touffer qu'en tremblant dans la nécessité;
Or touffez déformais en toute fûreté,

D'une troifiéme toux vous n'avez rien à craindre.
V I.

L'ANTIPA THIE.

Non amo te, &c. I. Liv. 33.
Vous me déplaifez, c'est un point
Dont je ne fçais pas bien la cause ;
Tout ce que je fçais de la chose,
C'eft que je ne vous aime point.

VII.

LE MEDECIN OPINIATRE

Nuper erat, &c. I. Liv. 48.
Macroton jadis Médecin

Ne trouvant déformais personne

A a

Affez fou pour vouloir d'un pareil assassin,
Et preffé d'ailleurs par la faim,
Abandonne, dit-on, un art qui l'abandonne.
N'efperez pas pourtant échaper de fa main;
Malade ou couché dans la biere,

Ily faudra paffer d'une ou d'autre maniere.
Pour conferver toûjours quelque droit fur les
Au défaut des vivans il veut fervir les morts;
Le voilà devenu Corbeau de Cimetiere,
Et comme auparavant l'effroi de fon quartier.
On le fuit partout, on l'abhorre:

Il enterroit les

gens, il les enterre encore,

Il n'a pas changé de métier.

VIII.

SUR JULIE.

corps,

LA PIERRE DE TOUCHE DE L'AFFLICTION.

Amiffum non, &c. I. Liv. 34.

Un deftin funefte à Julie

Vient de ravir fon pere & le mettre au tombeau.
Quand elle eft feule, elle l'oublie,

Mais fi quelqu'un furvient, on la voit fondre en eau,
Aux yeux des affiftans fa douleur fe déplie.
Le monde difparoît, autre tems, autres foins:

Je vous le dis tout net, la douleur n'eft pas grande,
Lorfque pour s'exciter, Julie, elle demande
Des éloges & des témoins.