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De quelque excès de joie ai-je pû me défendre?
Votre frere étoit mort, & le Ciel l'a fauvé,
De perdu qu'il étoit, le voilà retrouvé.

Mais lui-même paroît, fouffrez qu'il vous abor dc.

SCENE X I.

& derniere.

LE PERE, LE FILS AISNE', L'ENFANT PRODIGUE, ELIAB, PHARE'S.

L'ENFANT PRODIGUE.

On retour, je vois bien, met ici la difcorde. M Sous quel aftre cruel faut-il que je fois né! Au départ, au retour, toûjours infortuné, Le fort qui me ramene, & celui qui me chasse, De mon mauvais deftin laiffe par tout la trace; Et d'un trouble funefte empoisonnant les cœurs, Semble fur tout le monde étendre mes malheurs. C'est à moi de ceder au deftin qui m'accable, Je fuis & le plus jeune, hélas, & feul coupable.

La difcorde avec moi va s'éloigner de vous;

Coulez tous deux fans moi des jours heureux & doux;

Le Ciel aux malheureux quelquefois fecourable
Peut-être aura pitié de mon fort déplorable.
Ces mains pourront du moins m'aider à l'adoucir,
La mifere au travail a fçù les endurcir;

Ou bien la mort enfin fur mes maux attendrie
Finira mes malheurs, en finiffant ma vie.

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Mais je n'en fuis plus digne, & je n'y prétends

plus.

Hé quoi donc croyez-vous que ma faute paffée
Puiffe jamais fortir de ma trifte pensée ?
Fils ingrat, frere indigne, enfant dénaturé,
Je vous ai fui tous deux, tous deux deshonoré?
J'ai perdu tous les biens que j'eus pour mon par-

tage,

Et j'en aurois perdu mille fois davantage.

A ce qui refte ici je ne prétends plus rien,
Tout eft à vous, ce font vos droits & votre bien;

Et toute la faveur, la grace la plus grande,

Qu'après tous les forfaits un malheureux demande,
C'eft, mon pere le fçait, je l'en atteste ici,
Lui qui m'ordonne encor de le nommer ainfi,
C'eft que vous permettiez que dans la fervitude
J'expie auprès de vous ma noire ingratitude:
Heureux d'être fouffert dans le plus bas emploi,
Le rang de ferviteur eft encor trop pour moi.
LE FILS.

Ah, mon frere, je cede, il faut rendre les armes.
Oui, vous êtes mon frere, & croyez-en mes lat

mes;

Je prétens en ce jour faire encor plus pour vous,
Et veux que tous mes biens foient communs entre

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L'ENFANT PRODIGUE.

Ah! c'en eft trop, fouffrez qu'à vos genoux de

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Non, levez-vous, venez qu'un frere vous em

braffe,

Et que les doux liens d'une éternelle paix
Uniffent nos efprits & nos cœurs à jamais.
LE PERE.

O ciel à tes bontez, que de graces à rendre !
A des fuccès pareils aurois-je dû m'attendre ?

Tu me rends mes deux fils, & combles mes fouhaits.
Je reconnois ta main à ces aimables traits:
Allons, & qu'une fainte & mémorable offrande
Marque le jour heureux d'une faveur fi grande,
Et beniffons ce Dieu, qui prompt à nous fauver,
En permettant les maux, fçait nous en préserver.

LE DESTIN

LE DESTIN

DU

NOUVEAU SIECLE.

Mis en Mufique

Par M. CAM PRA

En 1700.

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