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étoile qu'on a mise à côté, pour la fatisfaction

du Lecteur.

On trouvera parmi ces augmentations dixfept nouvelles Epigrammes imitées de Martial; ce qui avec les quatorze qui étoient déja dans la derniere Edition de Paris, en feroit trente & une, fi l'Auteur n'avoit jugé à propos d'en retrancher celle d'Arrie & de Petus, qui faifoit la 1x. dans ladite Edition; voici ce qui y a donné lieu.

Dans les Mémoires Hiftoriques & Critiques de 1722. imprimez à Amsterdam chez Jean-Frederic Bernard, à l'Article I. du mois d'Octobre, qui roule tout entier fur les Piéçes contenues dans ce Recueil, parmi beaucoup de bien qu'on y dit de la plupart de ces Piéces, on y critique l'Epigramme d'Arrie & de Petus, comme n'étant pas de la force des autres, & on y releve même des Rimes qu'on ne juge pas affez exactes. L'Auteur eft convenu de bonne-foi que la Critique étoit bien fondée, & que le Cenfeur, quel qu'il fût, avoit raifon à tous égards. Il avoit pris fur cela le parti de remanier cette Epigramme; mais il m'a avoué depuis, que n'aiant pû parvenir à l'ajuster d'une maniere dont il fût content, il avoit crû que le plus court & le plus fage étoit de la fupprimer,

á iiij

comme je l'ai fait fuivant ses intentions. I m'a protesté de plus, qu'il en uferoit toûjours ainfi, foit en corrigeant, foit en fupprimant, quand on lui feroit voir qu'il auroit manqué en quelque chofe; & que quoiqu'il ne donnât pas pour ouvrages bien corrects, des Piéces qu'il n'a faites que par occafion, & fans préfumer qu'elles dûffent jamais paroître au grand jour, il fçaura toûjours gré à tout Cenfeur, qui par une Critique judicieuse le mettra en état de les perfectionner autant qu'il en eft capable. Mais à l'égard de ces Avanturiers anonymes qui blâment fans dire pourquoi, & qui par un travers d'efprit qu'on ne comprend pas, fe croiant en droit de rectifier les jugemens du Public, & de lui apprendre comment il doit penfer fur les ouvrages qui paroiffent, donnent leur ignorance & leur mauvais goût pour regle de bonne Critique; ces fortes de gens, dit-il, font fi méprifables en tout genre, & fi dignes du décri general où ils font tombez, que ce feroit leur faire trop d'honneur, que de relever leurs abfurdítez.

Il s'en eft trouvé, entr'autres, un de çette trempe, qui blâme fur-tout, mais fans en apporter d'autre raifon que fon fentiment particulier, quatre des Piéces

de ce Recueil qui ont été dans leur tems le plus goûtées par les honnêtes gens ce font les Pâtez les Pincettes, les Tifons, & le Meffager du Mans; de trois defquelles, qui font les trois premieres, l'Auteur des Mémoires Hiftoriques & Critiques, que j'ai déjà cité, parle au contraire avec beaucoup d'éloge; car pour la quatriéme il n'en dit ni bien ni mal, ne s'étant pas propofé de parler de toutes les Piéces du Recueil. Il dit de celle des Pâtez, qu'elle eft honnêtement faupondréé de fel Attique : il regarde celle des Pincettes comme un jeu fort ingenieux fur le plaifir d'avoir des pincettes à la main quand on eft auprès du feu. L'autre moins badine, dit il en parlant de la troifiéme de ces Piéces, érigé les Tifons en docteurs, & roule fur les utiles réflexions qu'un homme fage peut faire en regardant fes Tifons. Cette derniere, ajoûte-t-il, eft à mon gré une des plus importantes additions qu'on ait fait à ce Recueil.

Voilà le Cenfeur anonyme bien appointe à faits contraires avec l'Auteur des Mémoires Hiftoriques & Critiques. L'un blâme précifément les mêmes piéces que l'autre louë; ce qui eft infipide pour le premier, eft plein de fel Attique pour le fecond. On ne dira pas,

à qui croire des deux ? car ce feroit faire affront à un Ecrivain tel que l'Auteur des Mémoires, que de le mettre en parallele avec un avanturier dont le goût & les rapfodies font affez unaniment méprifées. Si le Public avoit à fe déterminer fur le mérite d'un ouvrage, plûtôt par le goût d'autrui que par le fien, on préfume qu'il n'auroit pas de peine à prendre fon parti entre deux Critiques d'un caractere fi difproportionné. On croit même être en droit de dire qu'il femble l'avoir déją pris à cet égard ; & qu'après deux Editions d'un Ouvrage qui depuis dix ans a été auffibien reçû que celui-ci, & en France & dans les Pays Etrangers, comme j'en puis rendre témoignage par l'empreffement qu'on a eu à me le demander de tous côtez, c'eft s'y prendre trop tard, que de vouloir aujour d'hui le décrier. Auffi ne peut-on pas affez s'é tonner de la fuffifance pédantefque d'un inconnu qui femble s'imaginer qu'il n'a qu'à prononcer, pour faire revenir le Public de fa prévention; & qu'il trouvera tout le monde difpofé à l'en croire fur fa, parole, & à condamner ce qu'il avoit approuvé. Du refte j'ai fouvent oui dire à gens habiles & verfez dans la litterature, que comme il n'y

avoit point de fi mauvais Recueil de Vers qui ne demeurât en fon entier, fi l'on vouloit y retenir toutes les piéces qui trouveroient quelque approbateur; auffi n'y en avoit-il gueres de fi bon, ni de fi bien conditionné, dont on confervât une feule Piéce, fi l'on vouloit en retrancher toutes celles qui déplairoient à quelque Cenfeur. Cela a été vrai de tout temps, & l'eft encore plus à présent qu'il ne l'a jamais été. Feu M. Defpreaux difoit autrefois en parlant de fon fiécle,

ainsi qu'en fots Auteurs

Art. Poët.

Notre fiècle eft fertile en fots admirateurs I. Chant. Aujourd'hui, à voir la multitude infinie de mauvaises brochures qui inondent les rebords des Quays, & dont de petits Auteurs fans nom incapables de faire rien de mieux, font métier & marchandise, on peut dire que, fi notre fiécle eft fertile en fots Auteurs, il l'eft encore plus en fots Cenfeurs.

Je crois devoir avertir ici le Lecteur, 1o. qu'à la page 268. on doit lire dans le titre de la pièce, le II. Livre d'Horace, & non le 1. comme on l'a mis; 2°. que dans les Epigrammes imitées de Martial, les endroits de ce Poëte d'où elles font tirées, ne fe trouvent pas exactement citez, du moins pour les

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