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Eloignez l'infenfé, qui nie, en son esprit,
Un Dieu, que dans fon cœur il trouveroit écrit,
S'il étoit moins captif de l'orgueil qui l'enyvre,
Moins esclave des fens aufquels feuls il fe livre.
Eclatez, fans égards, contre tous Courtisans,
De ce systéme impie, aveugles partisans ;

Qui de Dieu, fur les cœurs, ne connoît point l'empire,
Tranquille dans le vice, & qui ne s'en retire
Qu'autant, que pour le monde, il croit devoir d'égard;
Vertueux fans principe, honnête-homme au hasard.

Des méchans, quelquefois, peignez lui les fuplices,
Peignez lui les malheurs où les plongent leurs vices;
Mais ne l'amufez point, par ces contes affreux,
Qui font parler la nuit les Esprits ténébreux
Le pâle revenant, qui crie & qui menace,
Dans l'efprit des Enfans, facilement se trace,
Et dès qu'ils restent seuls, l'horrible objet trompeur,
Cent fois fe renouvelle, & fans fruit leur fait peur.
S'il doit craindre, imprimez des craintes profitables,
Peignez lui des objets affreux, mais veritables;
Peignez, d'un Dieu vengeur, les Arrêts menaçans,
Contre lui, tels qu'ils foient, les hommes impuiffans,
Les Rois, même les Rois, objet, de fa colere,
Par fa voix menacez d'un Arrêt plus févere;

Faites lui craindre un Dieu, dont les yeux immortels,
Des actions des Rois font témoins éternels,
Qui doit interroger la Vieilleffe & l'Enfance,
Et peut-être bien-tôt, prononcer la Sentence.
Mais plutôt que fa crainte, excitez fon amour;
Qu'il aime, aux plus faints Rois, à reffembler un jour.
Dépeignez à fon cœur, & généreux & tendre,
Ce qu'a fait Dieu pour lui, ce qu'il en doit attendre ;
Excitez le motif, dans fon ame imprimé,

Qui fait aimer un Dieu, fi digne d'être aimés
Qu'il le craigne vengeur & Juge redoutable,
Mais aime à le fervir, parce qu'il eft aimable :
Rendez lui, par vos foins, ces objets plus touchans,
Que la peine qui fuit & punit les méchans.

Pour marquer fon amour, envers l'Etre fuprême,
Qu'il lui dife fouvent, qu'il veut l'aimer, qu'il l'aime ;
Qu'il ait, pour la Priere, un tems fixe & certain;
Que, quelquefois le jour, toujours foir & matin,
Humblement profterné, sa voix reconnoissante,
Demande à Dieu l'effet de fa grace puissante.
Qu'en l'Eglife attentif, son œil refpectueux,
Suive du culte Saint l'ordre majestueux,

Et par fon humble exemple, instruise de bonne heure, Ceux qui, dans la maison où Dieu fait fa demeure,

Penfent, d'un Saint précepte envers lui s'acquitter,
Quand on croiroit plutôt qu'ils viennent l'infulter.
Faites lui remarquer ces gens de toute efpece,
Qui femblent ne chercher, quand commence une Meffe,
Que pour y commencer, & faire plus long-tems,
Durer l'impiété de leurs airs infultans.

Mais qu'il fçache encor mieux que l'humble Modestie,
N'eft du culte facré que la moindre partie,
Qu'un discours, tel qu'il foit, de Dieu n'est écouté,
Et ne lui plaît, qu'autant que le cœur l'a dicté.
Que c'est, chez les Chrétiens, ignorer la Priere,
Que d'en borner l'ufage, à l'ordre, à la maniere,
D'arranger dans la bouche & prononcer des mots,
Groffiere illufion de tant de faux Dévots,

Qui, fervents à garder ces usages frivoles,
N'ont jamais aimé Dieu, ni prié qu'en paroles.

Des devoirs de fa Foi, qu'ainfi toujours inftruit,
Il n'ignore jamais, que, pour croire avec fruit,
Il faut que ce qu'il croit; il le mette en usage,
Et le pratique, autant que le permet fon âge.

En lui difant qu'il doit affifter fon prochain; Donnez-lui lieu d'ouvrir & d'étendre fa main; Qu'il connoiffe le pauvre, & que d'abord il fçache, Ce que toujours aux Rois l'on déguife & l'on cache;

Qu'il

Qu'il eft des malheureux, pitoyables objets,
Qui meurent fans fecours, bien que nez leurs fujets.
Heureux, fi ce grand Roi, né tendre & charitable,
Rendoit un jour réels les temps que peint la Fable
Où, chacun dans fon rang, les Peuples & les Rois,
De la fage Equité toujours gardant les Loix,
Mefuroient aux besoins, & partageoient ensemble,
Les biens, ce peu de biens que la terre rassemble.
Aucun n'en avoit trop, tous en avoient affez;
Par le travail du Peuple à l'envi ramaffez,
Ces biens s'accumulant dans le coeur du Royaume,
Enrichiffoient le Prince; & lui, fage œconome,
Aux Peuples accordoit, dans leurs divers befoins
Le fuperflu de l'or qu'il devoit à leurs foins.
Ayez ce doux espoir, & mettez votre Etude
A prévenir en luy toute aveugle habitude.
Attentifs aux plaifirs qui doivent l'amuser,
N'en permettez aucun dont il puiffe abuser.
Observez dans le jeu, fi c'est le gain qu'il aime,
Et pour peu qu'attentif, & s'oubliant lui-même,
Il paroiffe touché de l'amour de l'argent;
Craignez que fur ce point votre zele indulgent,
Ne laiffe fe former l'avarice honteuse,

Ou naître en Lui, du jeu, la fureur dangereufe

L

De ces deux paffions pour lui donner horreur,
Non content d'en montrer la honte & la fureur,
Moderez de fon jeu le prix & la durée,

Et ne permettez pas que fa main refferrée,
De Fargent que lui vaut l'adreffe ou le hafard,
Aime à fe voir payer, pour n'en point faire part.
Réglant ainfi fes gofits, faites que les Spectacles
Formez pour la Vertu, n'en foient pas les obftacles.

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Vous favez que ce fut pour inftruire à la fois Les Rois & les Héros, le Peuple & les Bourgeois, Que le zele inventa la Scene dramatique,

Le Theatre devint une Ecole publique :

Là, le vulgaire obscur, là, les Rois & les Grands,
Tels qu'ils furent jadis, en des tems différends,
Vinrent représentez, par de faux perfonnages,
Faire agir de leurs moeurs & parler les images.

Le deffein étoit beau; mais le vice exposé,
Effrontément parut, & fi peu déguisé, ́
Qu'en rougit la pudeur, & fut empoisonnée
Jufqu'à la Vertu même en exemple donnée.
A corrompre le cœur tout fembla concourir
Même depuis le tems qu'on l'a vû refleurir;
De dangereux objets y brille l'affluence,
Acteurs & Spectatenrs, tout porte à la licence...

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