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Leonis, finon que c'étoit un Cordelier Allemand de la Province de Strasbourg dont il a été même Provincial par deux fois, qu'il a été auffi Définiteur Général de fon Ordre, & Profeffeur ou Lecteur émérite en Théologie: enfin qu'il a fait tant en Allemand qu'en Latin quelques Ouvrages pour le fervice de l'Eglife Catholique. Je ne connois ni le jour ni le lieu de fa naiffance, de fa mort, & de fa profeffion. Ainfi l'on peut dire qu'il eft trop connu pour un Religieux qui a fait profeffion d'une vie cachée & intérieure, & qu'il ne l'eft point affés pour un Homme illuftre. Ce n'eft pas fur lui qu'en doit retomber la faute, c'eft fur Wadding, qui pour la curiofité & l'éxactitude doit baiffer le Pavillon devant Melchior Adam, Henning Witten, & les autres Proteftans qui ont recueilli les Hommes illuftres de leur Secte. Comme l'Auteur de l'AntiLeon c'est-à-dire Jean Himmelius, n'étoit pas fur les derniers rangs parmi eux, on s'étonnera encore moins qu'il foit beaucoup plus connu dans la République des Lettres que le Pere Marquard Leonis, & que fa vie qui fe trouve dans les Mémoires de Mr Witten foit bien circonftanciée. Souvenés-vous que je vous en ai fait un petit abrégé lorfque je vous ai entretenu de l'Anti-Coppenstein.

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Son Anti-León fut imprimé à Iéne l'an 1630. in-4°. fous le Titre de Collegium Anti-Leoninum, c'est-à-dire, Recueil de Thèses dreffées contre une Catéchèse ou expofition de la Foi que le Pere Marquard Leonis avoit publiée.

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ANTI-MARCEL, ou ANTI-MARCELLIUS.

T

Out hibride, & monftrueux que l'ANTI-MARCEL eft en lui-même, continua Mr de Rintail, il vous paroîtra fans doute moins barbare que la plupart des autres Anți que vous venés de voir avant l'Anti-Leon. Il a l'air extérieur auffi Romain qu'un Anti-Caton, ou un Anti-Claudien (1): c'est pourtant encore une production de l'Allemagne moderne. Son Auteur étoit un homme confidéré parmi les Proteftans, & il s'appelloit Jean-Christophle Seldius. Son Adverfaire étoit un Jéfuite nommé Henri Marcel, ou plutôt Marcelli qui n'étoit pas moins confidéré parmi les Catho liques. Le Pere Marcelli avoit fait une Proteftation chrétienne pre

› Il n'y a pourtant point eu de famille Romaine du nom de Marcellius.

Anti-Marcel, miérement en Allemand imprimée à Bamberg l'an 1645. in-douzes puis en Latin imprimée l'année fuivante à Würtzbourg en la même forme. L'Ouvrage ne plut pas au fieur Seldius qui trouvoit que les intérêts de fa Secte n'y étoient point ménagés. Il prit l'Auteur à partie, & l'appella perfonnellement. Nous ne voyons pas que le Pere Marcelli acceptât le défi. Mr Seldius ne laila point de paffer outre, & attaqua d'abord le Pere Marcelli par un Livre intitulé, Topica Marcelliana in fex locos Jefuitica Theologiæ proprios digefta, & per Thefim, Ecthefim, Apodixim, & Antithefim refoluta, imprimé à Coburg l'an 1648. in douze.

Cet Ouvrage fut fuivi de l'Anti-Marcellius dont il eft ici queftion. Il fut imprimé l'année fuivante dans la même Ville, & en même forme fous le titre d'Anti-Marcelius, hoc eft, Refutatio Proteftationis Chriftianæ & falutaris in fola Religione Catholica affecurata ab Henrico Marcellio Jefuita Bambergenfi. Seldius n'étant pas content de n'avoir écrit que contre la Proteftation Chrétienne de Marcelli, entreprit encore fon Traité de la Juftification, & il produifit un nouvel Anti-Marcellius fous le Titre d'Exercitationes Anti-Marcelliana, quibus Controverfie XVI. de Juftificatione ab Henrico Marcellio mote deciduntur. Cet Ouvrage fut imprimé dans la même Ville de Coburg l'an 1650. in-douze: mais il ne fut pas le dernier de ceux que Seldius voulut écrire contre Marcelli, puifque l'année suivante il en fit paroître encore un autre de la même forme, & dans le même lieu fous le titre de Theologie Marcelliana, & Hæretica Parallelifmus geminus. Les Auteurs de fa vie imprimée dans les Mémoires de Mr Witte, ne font mention dans le dénombrement de fes œuvres que d'une premiére partie de l'Anti-Marcellius fous le titre d'Anti-Marcellii pars prior Exegetica, & Polemica. Vous avés pû remarquer que les deux Anti-Marcellius dont je viens de vous donner les titres, font des Ouvrages purement Polémiques fans qu'il y paroiffe rien d'Exégétique Cependant pour ne pas multiplier nos Anti fans néceffité, je crois que c'eft de l'un des deux que l'on peut entendre cet Anti - Marcellius Exégétique & Polémique.

Les mêmes Auteurs alléguent auffi un ANTI-CORNAUS Comme un Ouvrage compofé par le même Seldius contre un autre Jéfuite nommé Melchior Cornæus. Mais je n'ai point eu affés d'éclaircîffement à fon fujet pour vous en parler en fon lieu à la fuite de l'AntiCornæus de Dorfchæus.

Seldius naquit à Hilperthuis en Franconie le premier de

Mai de l'an 1612. Ayant perdu fon Pere à douze ans, fa mere l'emmena à Eisfeldt qui étoit fon pays, & le mit aux petites écoles jufqu'à la fin de l'an 1628. qu'on l'envoya à Coburg Ville & Duché à la Maifon de Saxe dans la Franconie. En 1636. il alla étudier dans. l'Univerfité de léne en Saxe où il paffa Maître ès Arts, après il fut à Wittemberg où on le fit premiérement Adjoint, puis Doyen de la Faculté de Philofophie l'an 1644. La guerre l'ayant empêché de paffer en Dannemarck pour occuper une Chaire de Théologie à Sore, il fut fait Miniftre de Romhild l'an 1645. Il paffa Licencié en Théologie la même année, & prit le bonnet de Docteur la fuivante avec une femme qu'il époufa en même tems. En 1664. il fut fait premier Miniftre, & Surintendant Général du Diocèfe de Coburg, & Principal du Collège de la Ville. Il mourut le quatorziéme jour de Septembre l'an 1676.

Pour le Pere Henri Marcelli, il étoit né l'an 1593. à Sommor village du Diocèse de Bofleduc en Brabant. Il entra chés les Jéfuites à Treves l'an 1613. & fit les quatre voeux dans la Société. Il enfeigna la Philofophie, & les Mathématiques à Maïence: mais la guerre des Suédois l'en ayant chaffé, il vint à Rheims où il enseigna la Théologie morale. Après fon retour en Allemagne il profeffa la Théologie à Molsheim, puis à Bamberg où il prit le bonnet de Docteur. Il mourut en cette Ville le 25. d'Avril l'an 1664.

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C

ANTI-MARTY R.

E n'eft pas feulement l'Ordre de Saint Dominique, mais tout le Genre Humain qui a dû confentir que le nom d'un infame Parricide appellé de fon vivant frere Jacques Clement fût effacé de fes Régiftres. C'eft contre ce fcélérat que l'Anti-Martyr fût publié en François l'an 1590. & je ne fai pourquoi son Auteur a fait difficulté d'y mettre fon nom.

Je m'apperçois, dit Mr de Brillat, que vous allés vous adoucir à l'égard de vos Anti; il femble que fi vous trouvés mauvais que l'Auteur de l'Anti - Martyr ne vous ait pas fait connoître fon nom, ce n'eft que par le défir que vous auriés de dire du bien de lui, & de le féliciter de fon Ouvrage.

Vous voyés, reprit Mr de Rintail, que je vous donne des marques de ma bonne foi. Si j'ai inféré l'Anti-Martyr dans ma lifte, ce n'eft pas pour le condamner entiérement, mais pour faire une exception

.

à la régle que je vous ai apportée des Satires perfonnelles. Auffi voyons-nous que le Titre de cet Ouvrage nous fait moins remarquer la perfonne du Criminel, que la qualité de fon crime. Autrement vous ne devés pas douter qu'il n'eût appellé fon Livre AntiClement plutôt qu'Anti-Martyr,& qu'il ne lui eût donné un style, & un air de Satire. Je ne prétends pas excufer & moins encore justifier l'Auteur de tout ce qu'il a avancé contre fon devoir fous prétexte de défendre la juftice. Mais je prendrois volontiers la défense du Titre de l'Anti-Martyr, fachant l'illufion dans laquelle les féditieux & les rebelles avoient fait tomber Jacques Clement pour lui perfuader qu'il pourroit acquérir la gloire du Martyre par un crime déteftable.

Je tiens donc que l'Anti-Martyr eft bien nommé, fans vouloir entrer dans la difcuffion de l'Ouvrage. Mais je fuis perfuadé que vous n'en voudriés pas dire autant de l'Anti-Mayer.

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ANTI-MAYER, ou ANTI-MEJER.

'Où eft venu ce nouvel Anti, à qui en veut l'AntiMayer, dit Mr Terlaine?

DM

Vous jugés aifément, répondit Mr de Rintail, que celui à qui il en veut n'est pas un François, je vous dis la même chofe de fon Auteur. L'Anti-Mayer parut au monde pour la premiére fois dans la Ville de léne en Saxe l'an 1626, in-4°. & on le vit renaître enfuite à Leipfick en 1633. in-12. Il avoit pour pere ce Jean Himmelius dont je vous ai déja parlé au fujet de l'Anti - Coppenstein, & de l'Anti-Leon, & dont j'aurai encore à vous parler dans cinq ou fix articles de nos Entretiens.

Mais pour ce qui regarde celui qui eft attaqué personnellement dans la Satire, je ne vous céle point la furprife où j'ai été de voir que Mr Lipenius (1) ait pris cet homme pour un Calviniste du nombre de ceux que les Luthériens ont confidéré comme leurs Adverfaires. Vous faurés cependant que Chriftophle Mayer ou Meyer étoit un Catholique, & qui plus eft un Jéfuite natif d'Aufbourg fur les confins de la Souabe vers la Baviére, Ville célébre au moins par la Confeffion des Luthériens. Il vint au monde l'an 1568. Il remplit

1 Tom. I. Theol. pag. 431.

diverfes Chaires à Paffaw (1) en Bavière, à Brixen au Comté de Tirol, à Gracz en Stirie, & à Vienne en Autriche où il mourut le onzième d'Octobre de l'an 1626. âgé feulement de cinquantehuit ans dont il en avoit paflé quarante-quatre dans la Compagnie de Jefus.

I Quelqu'un a dit mal à propos à Padouë, & à Brefce.

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L

ANTI-MO GUN TIN.

Anti-Moguntin ou plutôt les Anti-Moguntines (continua Mr de Rintail en excufant la Barbarie de cet Anti) n'ont pas été dreffées contre un fimple particulier d'entre les Catholiques. Elles attaquent une Faculté entiére de Théologie qui fubfifte encore dans l'Univerfité de Maïence; & vous voyés que c'est le nom de cette Ville que George Calixte a voulu attacher à fon

Anti.

C'eft donc George Calixte qui'eft l'Auteur des Anti-Moguntines, dit Mr de Brillat?

Oui, repartit Mr de Rintail,c'eft ce fameux Calixte le Pere des Calixtins, qui a eu prefque autant à combattre & à fouffrir de la part des Luthériens fes Confréres, qu'Arminius & les Remontrans après lui de la part des Calviniftes. Il étoit né dans un Village du Holstein en Baffe Saxe au Diocèfe de Slefwick près de la Ville de Flensburg le quatorziéme jour de Décembre de l'an 1586. Son Pere qui avoit été écolier de Melanchthon à Wittemberg lui donna les premiers principes des Langues Grecque & Latine, après il l'envoya étudier à Flensburg & de-là à Helmftadt dans l'Univerfité qui porte le nom de Jules Duc de Brunswick-Lunebourg. Il commença à enfeigner la Théologie dès l'an 1609. mais l'envie de voyager lui fit interrompre cette profeffion pour aller vifiter les Univerfités d'Allemagne, & les Gens de Lettres répandus de côté & d'autre. Etant retourné à Helmftat petite ville du Duché de Brunswick du côté de Magdebourg d'où il étoit parti, il reprit fa Profeffion l'an 1611. & fe mit à faire des Livres. Après il entreprit un plus long voyage en Hollande, en Angleterre, & en France: & des diverfes habitudes qu'il contracta avec les Savans de différente Religion & de divers génies, il fe forma cet efprit fyncrétiftique que vous favés. Il fut établi Profeffeur ordinaire en Théo

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