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blique de Nuremberg, dans laquelle il a enfeigné la Logique & la Politique. S'il eft mort, ce n'eft que depuis peu d'années.

Pour Christophe Oftorod, je vous apprens qu'il étoit de Goflar en baffe Saxe dans le Duché de Brunfwick; qu'il étoit fils d'un Miniftre Luthérien ; qu'il avoit été Recteur ou Principal du Collège de Sluchow ville Luthérienne de la Poméranie, mais qu'il en avoit été chaffé pour avoir voulu combattre la Religion du lieu. Il fe fauva en Pologne l'an 1585. & y profella publiquement le Photinianisme. Il trouva de l'emploi parmi les fiens, & fut Miniftre d'abord dans le quartier de Semigallen (1) en Livonie, puis à Dantzick. L'an 1598. il fut député en Hollande par ceux de fa fecte avec André Voidovius. Ils y firent une espéce de Miffion Socinienne par leurs prédications, par leurs inftructions particuliéres, & par leurs écrits. Leurs opinions furent déférées à la Faculté de Théologie dans l'Univerfité de Leyde. La Faculté jugea leur doctrine blafphématoire, impie, prefque Mahometane; de forte que les Etats généraux donnérent une Ordonnance pour brûler leurs Livres, & les chaffer des Provinces-unies. Ce qui fut exécuté. Je ne fai ni le tems, ni le lieu de la mort d'Oftorod.

1 Ou plutôt à Smiglen.

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E

ANTI-PHOTINIEN S.

Nfin il ne faut pas défefpérer, dit le jeune Mr de S. Yon, de voir quelques Anti dans l'Antiquité Ecclésiastique. Les Phoumens, felon mon calcul, n'ont pas moins de treize fiécles fur la tête.

Oui les Photiniens font anciens, répondit Mr de Rintail, mais les Anti-Photiniens font modernes. Souvenés-vous de la Réfléxion que je vous ai fait faire fur la fageffe & la modération des Anciens Auteurs de l'Eglife, qui n'ont pas jugé à propos d'employer le titre d'Anti dans les Ouvrages qu'ils ont écrits contre les Païens & les Juifs. Ils n'ont pas cru devoir traiter les Hérériques avec moins de prudence, quoi qu'ils les confidéraffent comme des ennemis domeftiques d'autant plus cruels qu'ils allumoient la guerre civile dans le Royaume de Jesus-Chrift. Ceux même qui ont écrit en Grec, & qui par cette confidération fembloient avoir quelque droit particulier fur l'Anti, le font abftenus de l'employer dans leurs titres, afin d'éparDd

Tomė VII.

Anti-Photiniens, gner le nom & la perfonne de ceux dont ils attaquoient les erreurs. En un mot nous ne voyons point d'Anti-Ariens, d'Anti-Pelagiens, d'Anti-Neftoriens en titres de Livres dans l'antiquité Eccléfiaftique. Pour ce qui regarde les anciens Photiniens, difciples de ce fameux Photin Evêque de Sirmich au quatriéme fiécle, nous voyons que fes Adverfaires pour expliquer l'antiphrafe qu'ils prétendoient remarquer dans leur nom, les appelloient affés ordinairement Scotiniens pour Photiniens, & leur Chef Scotin pour Photin.

Certainement, repartit Mr de S. Yon, un Scotinien reffemble fi fort à un Anti-Photinien, que je m'y laifferois volontiers furprendre. Trouvés-vous qu'en bonne Grammaire l'un ne vaille point l'autre? J'avouerai qu'un Scotin chés les Grecs n'eft pas un Anti-Photin, quand on m'aura convaincu que la nuit parmi nous n'est pas un Anti-jour, Cette oppofition que vous remarqués dans l'allufion de ces mots, repliqua Mr de Rintail, n'eft qu'un jeu & une plaifanterie populaire qui a été relevée en paffant par quelques Auteurs. Mais le mot de Scotinien n'a jamais été reçu férieusement pour nommer un Photinien. Si cela étoit nous ne pourrions pas excufer les controver fiftes de ces deux derniers fiécles, foit Catholiques, foit Proteftans, d'avoir préféré le nom de Photiniens à celui de Scotiniens (1) pour marquer les Sociniens, puifque la fignification de ce mot auroit été plus favorable à leur deffein, & que le jeu de l'anagramme auroit pû divertir ceux d'entre eux qui auroient aimé ces ragouts.

Pour moi, dit Mr de Brillat, je ne vois pas qu'on puiffe excufer de bizarrerie ces Modernes qui ont employé le titre d'Anti Photiniens à la tête des Ouvrages publiés contre les Sociniens. Car enfin devroient-ils nous avertir au moins que Photin étoit refufcité.

Et moi, reprit Mr de Rintail, je les en eftime plus louables que ceux qui ont pris les titres d'Anti-Socin & d'Anti-Sociniens. Vous m'avouerés que celui d'Anti-Photinien n'a point l'air fatirique, lors qu'il n'attaque nommément perfonne en particulier. On eft perfuadé qu'on n'y fonge point à la perfonne de Photin, ni des Photiniens de l'Antiquité. On y trouve le nom de Socin & celui des Sociniens épargné; de forte que toute l'application & toutes les réfléxions d'un Lecteur retombent fur les erreurs que l'on y réfute.

Ainfi vous me permettrés d'excepter du nombre des Anti Satiriques ou offenfans les Ouvrages des Proteftans qui portent à la tête le titre d'Anti-Photiniens, tels que font principalement ceux de

I Scotinien, Sotcinien, Sezzinien, Socinien.

Jacques ou Jacob Martini, Profeffeur en Théologie à Wittemberg, mort en 1649.

Nicolas Hunnius, Docteur, & premier Miniftre de Lubeck, mort en 1643.

Jean Himmelius, Docteur & Professeur en Théologie à Iéne, mort l'an 1642.

Chrétien Mathias, Profeffeur d'Altorf en Franconie Sore en Dannemarck, mort en 1655.

puis de Pierre Haberkorn, Profeffeur de Gieffen au Lantgraviat de Heffe, mort en 1676.

Mais pour ce qui regarde l'Esaie Anti Photinien de Jean Scharffius, Profeffeur de Wittemberg, mort en 1660. je m'en tiens volontiers à ce que je vous en ai dit au fujet du Paul Anti-Calviniste, pour vous faire voir que ce renversement d'expreffion ne me plaifoit pas.

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ANTI-SMALCIUS.

a

Alentinus Smalcius l'un des plus renommés d'entre les Ecrivains Anti-Trinitaires, a été réfuté par des Adverfaires de trois espèces, des Catholiques, des Calvinistes, & des Luthériens. Mais je n'ai point trouvé de Catholique qui ait jugé à propos de lancer un ANTI-SMALCIUS contre lui. Ne vous étonnés donc pas, Meffieurs, de ce que je n'ai que deux Anti-Smalcius à vous produire.

§. I.

Le premier eft celui qui nous eft venu de la part des Luthériens. Il a pour Auteur un Miniftre de Nuremberg nommé Jean Saubert qui le fit imprimer à Gieffen l'an 1615. in-4° fous le titre d'Anti-Smalcius, feu, Vindicie pro Thefibus de SS. Unitate divine effentia, & Perfonarum Trinitate à D. Jacobo Schoppero Professore Altorfienfi fcriptis adversus Valentinum Smalcium. Le Livre de Smalcius que l'on refute dans cet ouvrage avoit paru l'année précedente à Rackaw in-4°. fous le titre de Refutatio Thefium Schopperi de SS. Unitate divinæ effentia in eadem SS. Perfonarum Trinitate.

Anti-Smalcius.

S. H.

Le fecond ANTI-SMALCIUS eft celui d'un Docteur Calviniste nommé Jean Cloppenbourg qui profeffoit dans les Provinces Unies au milieu de notre fiécle. Il fut dreffé contre un livre de Smalcius touchant la divinité de Jefus-Chrift, imprimé en Latin, puis en Polonois dès l'an 1608. en Flamand dès l'an 1623. in-4° comme les deux autres éditions, & en Allemand in-8° l'an 1627. Cloppenbourg le fit imprimer à. Franeker en Frife l'an 1652. in-4° fous le titte d'Anti-Smalcius de Divinitate Jesu-Christi.

Je n'ai rien à vous dire de la vie ni de la mort de cet Auteur. Mais je vous dédommagerai par le récit de celle de Jean Saubert. Il étoit fils & petit fils de Charpentiers. Il naquit dans la ville d'Altorf en Franconie au territoire de Nuremberg le 26. de Février de l'an 1592. Il perdit fon pere à l'âge de sept ans, & l'inquiétude où l'on fut pour fa subsistance le fit mettre fous un Meunier dans le moulin de Haggerhuff. Au bout de fix mois il trouva quelques Pa trons qui le retirérent pour le faire étudier. Ils l'entretinrent fort généreusement à Tubingue, à Gieffen, à léne, & par tout ailleurs où il voulut aller continuer ou perfectionner fes études. Il commença fa Théologie l'an 1613. En 1616. il fut établi Prefet des douze Bourfiers ou Penfionnaires de la République de Nuremberg à Altorf. En 1617. il fut fait Catéchifte du lieu; en 1618. on le fit Diacre & Profeffeur en Théologie. Ayant été rappellé à Nuremberg, on le fit d'abord Miniftre de l'Eglife de S. Gilles en 1622. puis en 1627. Curé ou Pasteur de Notre-Dame, enfuite de S. Laurent, & enfin de S. Sebald l'an 1637.

Il s'étoit marié pour la premiére fois en 1619. & pour la feconde en 1631. Sa vie ne fut pas également tranquille dans tous les états, il eut beaucoup à fouffrir de la part de ceux même de sa secte pour avoir entrepris de corriger divers abus & de réformer les mœurs. Ses peines redoublérent dans la découverte & la poursuite des Weigeliens quon faifoit paffer pour une fecte de Fanatiques composée d'opinions des Sociniens, des Flaviens, des Puritains, des Swenckfeldiens & des Anabaptiftes dans le fein du Luthéranifme. Pour combler fes afflictions il avoit un aiguillon de la chair (1), dit l'Auteur de fa vie ou de fon éloge funébre. Cet aiguillon dans un Pasteur bigame & actuellement mari, n'étoit pas de la nature de celui de 1 Stimulum carnis.

S. Paul, c'étoit une pierre pefant plus de dix onces, qui lui a acquis la qualité de Martyr, fi l'on s'en rapporte à fon Panégyrifte. Il mourut le 2. jour de Novembre de l'an 1646. âgé de 54. ans 8. mois & s. jours.

Pour Valentin Smalcius il étoit natif de la ville de Gotth en Thuringe entre Erfurt & Ifenach, & il vint au monde le 12. de Mars de l'an 1572. Il fut d'abord Recteur de l'Ecole Sotinienne à Smiglen; après il fut Pafteur ou Miniftre à Rackaw. Il paffà enfuite à Lublin pour y faire les mêmes fonctions. Après il retourna à Rackaw pour rentrer dans le miniftére qu'il avoit quitté. Il y mourut le quatriéme jour de Décembre de l'an 1622. Crellius recule fa mort quatre jours plus tard.

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J

ANTI-SOCIN & ANTI-SOCINIEN.

E me laffois de garder le filence, lors qu'entendant lire ce titre je demandois à Mr de Rintail s'il mettoit de la différence entre un ANTI-SOCIN & un ANTI-SOCINIEN.

Oui, me répondit-il je fuppofe qu'il y en a une affés confidérable, & je ne fuis pas en peine de vous la rendre fenfible. Un Anti-Socin ne vous paroît-il pas regarder la perfonne de Socin dans son opposition? fans doute. Et croyés-vous qu'un Anti-Socinien nous marque autre chofe que ce qui eft oppofé à la fecte de Socin ? Pour moi je n'y apperçois que cela. C'est ce qui me fait dire que le titre d'AntiSocinien à la tête d'un ouvrage Polémique contre les erreurs de Socin, n'a rien que de régulier & de jufte : & que celui d'Anti-Socin femble s'écarter de la jufteffe & de la régularité requife, lors qu'il femble nous faire réfléchir fur le nom & la perfonne de Socin, aulieu de rassembler & retenir toutes nos vuës fur les opinions & ses dogmes qu'on entreprend de réfuter.

Il feroit donc fort inutile de vous faire ici le dénombrement des Ouvrages qui portent le titre d'Anti-Socinien, tels que pourroient être parmi les Luthériens ceux qui ont été composés par Gaspard Maurice, par Jean Adam Schertzer, par Jean Deutschmans, par J. C. Schomer, par Abraham Calovius; ou parmi les Calvinistes ceux que nous connoiffons de J. Polyander, de Frédéric Spanheim, de Jean Hoornbeck, de Louis Lucius ou Luyck,de Reinh. Pauli,&c. J'abandonne même les réfléxions que je pourrois faire avec vous fur trois Anti-Socinianifmes de ma connoiffance, celui d'Augufte

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