Anti-Calvinisme fans doute, de fon Auteur. Vous y feriés trompé au moins d'un fiécle pour le langage & pour l'âge de l'Auteur, fi je n'avois eu foin de: vous marquer l'an 1663. comme le tems de la naiflance de for Livre. Voilà peut-être, ce qui fait rire Mr de S. Yon. Mais qu'y faire ? Il eft permis de rire quand on en a fajet.

Permettés-moi, Monfieur, répondit Mr de S. Yon, de vous dire que c'est encore quelque autre chofe qui me fait rire. C'eft le fouvenir d'une anagramme que j'ai lûë au commencement de l'Anti-Calvinisme de Burlot, lorfque le livre étoit fur votre table. L'anagramme étoit Joannes Burlotus: Sorbone Tullius. Vous me le pardonnerés fi l'idée que cette anagramme nous donne de Burlot jointe à ce que vous venés de nous dire de son éloquence m'a fait rire.

La Sorbonne n'a-t-elle pas confidéré l'anagramme, dit Mr de Brillat, comme une infulte qui lui étoit faite?

Quel intérêt voudriés-vous, répartit Mr de Rintail, qu'une Compagnie fi grave eût pris à une pièce de cette nature? Avés-vous remarqué qu'elle ait jamais avoué des Ecrivains faits comme Burlot? Je vous ai dit que l'Anti-Calvinisme avoit reçu l'approbation fans privilége: mais l'approbation de deux Docteurs Bretons. Quels Do&teurs? Un Cordelier de Rennes, & un Carme de la même ville, tous deux de la faculté de Paris comme Burlot. Croyés-vous que le concert de deux Docteurs Mandians faffe une Sorbonne, ou qu'il vaille l'affemblée de toute une Faculté ?

Sur la peinture que vous faites de l'Anti-Calvinisme, reprit Mr de Brillat, je fuis affuré que la Sorbonne n'auroit jamais député Burlot pour tourner les Calviniftes en ridicule.

J'ai peur, dit Mr de Rintail, que le ridicule ne lui soit demeuré pour avoir traité l'Euchariftie & notre élection d'une maniére indigne de nos myftéres & de la fainteté de fa profeffion.

S. H.

ANTI-CAMUS Contre l'Evêque de Bellay (1). Voyés le tit Anti-Hermite n. 106.

Il faut écrire & prononcer Belley. Ce que je remarque ici une fois pour toutes. fs

103

N

A NT-I-GA PPÉ L LU S.

Ous trouverons plus de fatisfaction à difcourir de l'AntiCappel de Heribert Rofweyde. C'eft un ouvrage très-férieux, où les Calviniftes fur tout, n'ont pas trouvé fujet de rire il a été composé contre Jacques Cappel le Ministre de Sedan.

Je ne prétens point faire remonter l'origine de l'Anti-Cappel, juf ques aux Centuries de Magdebourg, ce feroit commencer l'hiftoire de la guerre de Troye par les couches de Leda : je veux me borner au Livre qu'Ifaac Cafaubon compofa contre les Annales de Baronius, comme à la fource véritable du différend furvenu entre Rofweide & Cappel.

Vous favés que Cafaubon y perdit quelque chofe de la belle réputation qu'il avoit acquife ailleurs. Ses amis & les autres personnes intelligentes de la forte auroient fouhaité que les Ecrivains Catholiques euffent laiffé dans l'oubli la peine qu'il avoit prise de compofer fes feize Exercitations fur les Annales. Mais Rofweyde ne jugea point à propos de leur donner cette confolation. Il crut qu'il étoit du devoir d'un ami fincére du Cardinal Baronius, de prendre la défense de fa mémoire & de fes ouvrages, & il ne fit point difficulté d'attaquer Cafaubon par un Livre intitulé Lex Talionis XII. Tabularum Cardinali Baronio ab Ifaaco Cafaubono dicta (retaliatione retorta) retaliante Heriberto Rofweydo, & imprimé à Anvers l'an 1614. in-8°.

Cafaubon étant mort la même année eut befoin d'un ami auffi zélé pour sa défense que Rofweyde paroiffoit l'être pour celle de Baronius après la mort de ce Cardinal. Tel étoit fans doute Jacques Cappel, qui entreprit de le défendre non-feulement contre Rolweyde, mais encore contre André Eudemon-Jean, Jules Céfar Boulanger, & les autres Auteurs qui avoient défendu Baronius contre Cafaubon. Son Ouvrage ne parut qu'en 1619. Il le divifa en quatre Livres, & le fit imprimer à Francford in 4° fous le titre de Vindicia pro Ifaaco Cafau bono contra Rofweydum, Eudem. Buleng. &c.

C'est à cet ouvrage, que Rofweyde oppofa fon Anti-Cappel, qu'il publia dès la même année dans la ville d'Anvers in-8° fous le titre d'Anti-Cappellus, five, Explofio neniarum Jacobi Cappelli quas funeri Ifaaci Cafauboni ad legem x11. Tabularum in vindiciis fuis accinuit. La conteftation ne fe termina point là, & l'année 1619. n'étoit pas encore expirée, que Cappel fit paroître un nouveau livre à Sedan in

Tome VII

Ff

8° fous le titre d'Affertio bonæ fidei adversùs Rofweydum, &c. dans lequel il avoit prétendu examiner non-feulement l'Anti-Cappel de Rofweyde, mais encore un autre livre de cet Auteur imprimé à Anvers dès l'an 1610. touchant la foi que l'on doit garder aux Hérétiques, & la conduite du Concile de Conftance à l'égard de Jean Huff.

Rosweyde se trouva ainsi engagé à la défense de l'un & de l'autre de ces deux ouvrages, & il s'en acquita quelques années après.par un nouveau livre qu'il fit imprimer encore à Anvers in-8° l'an 1626. fous le titre de Syllabus male fidei Cappelliana excerptus ex Jacobi Cappelli mendaci Affertione bonæ fidei, & fictis artibus Romanæ fedis, pro Anti-Cappello fuo & Differtatione de fide Hæreticis fervanda.

Nous ne voyons pas que Cappel ait fait aucune replique, & il est probable qu'il aura abandonné le champ à fon Adverfaire.

Heribert Rofweyde étoit de la ville d'Utrecht en Hollande, & il vint au monde le vingt-deuxième jour de Janvier de l'an 1569. Il fut admis dans la Compagnie des Jéfuites à l'âge de 20. ans Ilenfeigra la Philofophie puis l'Ecriture-fainte à Douai, & enfuite à Anvers. Mais le défir de fervir le public par la plume le fit defcendre de la chaire pour fe mettre au cabinet, détérer & feuilleter les Manuscrits, ramaffer les Actes des Martyrs & les Vies des Saints, & pour s'appliquer à des travaux dont nous avons de fi grandes fuites. Il mourut le 5. d'Octobre de l'an 1529. dans la Maison Profeffe d'Anvers.

Je ne fuis pas fi bien inftruit de la vie de Jacques Cappel. Je fai feulement qu'il étoit fils d'un Confeiller au Parlement de Bretagne nommé Jacques Cappel, & fucceffeur de fon beau-pere Nicolas du Val dans cette charge à Rennes : qu'il étoit frere unique du célébre Louis Cappel Profeffeur de Saumur, qui mourut en 1658. Pour lui, il fut Miniftre à Sedan, puis Profeffeur de la Langue-fainte, & de la Théologie. Il mourut vers l'an 163 3. dans la réputation d'un habile homme, comme fon frere.

104

L

ANTI-CROCIUS.

'ANTI-CROCIUS eft un ouvrage de Controverfe composé par Michel Cornæus Jéfuite d'Allemagne, contre Jean Crocius Auteur Calvinifte, vivant au milieu de notre fiécle. Ce Proteftant ayant ofé attaquer le P. Martin Becan par un Anti-Becan fati

rique, comme je vous le faifois remarquer hier dès le commencement de notre converfation, le P. Cornæus réfuta cet ouvrage par un livre de remarques & de cenfures qu'il fit imprimer à Maïence l'an 1647. fous le titre d'Animadverfiones in Anti-Becanum, &c. Mais ayant remarqué depuis que cet ouvrage n'avoit pas eu la force de corriger Crocius, il crût devoir ufer d'un reméde plus violent pour produire l'effet qu'il fouhaitoit ; c'est ce qu'on appelle dans la Librairie Anti-Crocius, five Animadverfio Theologica iterata in Joannem Crocium ; & qui fut imprimé à Würtzbourg l'an 1658. in-4°.

Je ne vous dis rien de la vie du P. Cornæus ni de celle de J. Crocius. Vous n'aurés pas oublié fans doute ce que j'ai rapporté du premier parmi les Anti des Proteftans contre les Catholiques dans l'article de l'Anti-Cornaus; & du fecond parmi les Anti des Luthériens contre les Calvinistes, au sujet de l'Anti-Crocius.

V

ANTI-DORSCHE US.

Ous avés entendu l'origine & la fuite de l'hiftoire de cet Anti-Dorfcheus dans notre article 41. au fujet de l'AntiWangnereck du Sieur Bebelius Docteur Luthérien, avec lequel il avoit une liaison néceffaire. Je me contente d'ajouter ici que l'ouvrage parut à Dilling & à Uim dans la Souabe, l'an 1653. in 4° fous le titre d'Anti-Dorscheus, five, Duo Controverfiarum Religionis cardines Sacrament. & Evangel. adversùs Johannis Georgii Dorfchai Hodegeticum qui Johannis Kircheri motivas converfionis ad Ecclefiam Catholicam caufas oppugnavit. L'ouvrage porte le nom d'un Catholique nommé Jean,, Abbé d'Elching, que d'autres appellent Evêque : mais il y a apparence que cet homme n'a été que le Confeiller & le Promoteur de l'ouvrage, il eft dû au P. Henri Wangnereck Jéfuite Allemand, comme à fon véritable Auteur. C'eft une vérité que Mr Bebelius n'a point voulu que nous ignoraffions.

Je finis en vous renvoyant à l'Anti-Cornæus pour l'histoire de ce Dorfcheus, & à l'Anti-Wangnereck pour celle du P. Wangnereck.

IOS bis.

L

ANTI-GROSSIUS.

'On nous parle auffi d'un Anti-Groffius, comme d'un ouvrage de controverfe composé par un Catholique Alle~ mand nommé J. Breving, contre Chr. Groffen Syncretifte Luthé

rien. Je vous ai propofé mes difficultés fur ce point dans notre article 88. vous y ferés réfléxion quand il vous plaira.

106

ANTI-HER MIT E.

Ou par renversement, Hermiante. Anti-Moine. ANTI-BASILIC. ANTI-CAM U S.

L

'ANTI-HERMITE, & l'ANTI-MOINE de Meffire Jean Pierre Camus Evêque de Belley dans la Breffe fe font trouvés tellement attachés à la fortune des autres Ouvrages de cet Auteur que l'on ne fait prefque plus s'ils ont jamais été au monde. S'ils continuent avec la même précipitation qu'ils ont fait jufqu'ici pour courir à leur anéantiffement, foyés affurés que la mémoire en fera bientôt effacée, & qu'il fera difficile d'en fauver même les noms dans les Catalogues de Librairie. Ne doutés pas que la gloire d'une fuppreffion fi bien entenduë & fi paisible, ne foit dûë à l'industrie & à la bourse de ceux qui fe font trouvés intereffés dans l'Anti-Moine, & dans l'Anti-Hermite renverfé.

Il ne s'agit ici que du dernier de ces deux Ouvrages, & je me contenterai de vous dire qu'il fut imprimé à Rouen l'an 1639. in8° fous le titre d'Hermiante, ou, Les deux Hermites contraires, le Reclus, l'Inftable.

Pour le premier, nous devons tous croire qu'il a été étouffé dès fa naiffance, au moins pourrai-je vous affurer qu'il ne m'en eft pas encore tombé d'éxemplaire entre les mains.

Les Moines, c'eft-à-dire ceux des Réligieux que Mr de Belley a combattus, n'auroient travaillé qu'à demi pour leur fureté, s'ils s'étoient contentés de fouftraire les éxemplaires des Livres qui leur paroiffoient préjudiciables. Ils ont eu recours à la plume pour fe défendre, & l'on a remarqué que les Capucins ont témoigné plus de zèle que les autres Réguliers pour la caufe commune. Mais dans le deffein de me renfermer précisément entre les bornes de nos Anti, je passe ce qu'ils ont fait contre notre Prélat fous divers masques, & le vifage découvert, pour ne vous parler que de l'ANTI-CAMUS.

Cet Ouvrage a eu pour Auteur un Religieux du nombre de ceux que nous appellons Mendians, quoique Mr de Belley l'appelle toujours Monfieur le Moine dans la Réponse qu'il lui a faite. L'Ouvrage du Religieux Anonyme a pour titre l'Anti-Camus, ou, Cenfure des