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Anti-Bellarmin. tholiques, pour les rendre odieux à fes Ecoliers, & à fes bonnes amies. Le Gentilhomme s'étoit éclairé & convaincu par lui-même de la mauvaise foi; perfonne ne lui avoit donné d'instructions là-deffus parmi les Catholiques de France; ce qu'il avoit appris à Leipfick joint à ce qu'ila entendu & lû parmi nous, a produit cet effet.

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Pour finir ce que j'avois commencé à vous dire de la vie de Mr Scherzer, j'ajouterai qu'il mourut le vingt; troifiéme jour de Décembre l'an 1683. avec une foi une efpérance d'Achille (1), dit Mr le & Recteur de l'Univerfité de Leipfick dans fon Oraison funébre, où il nous apprend que ce fut principalement dans fa derniére maladie, fe renait vrai Théologien de Pratique, comme il l'avoit été de spéculative pendant fa vie.

S. III.

qu'il

Après ces deux Anti-Bellarmins d'une forme gigantefque, je yeux vous en faire voir un autre, qui femble n'éanmoins avoir voulu paffer pour un ANTI-BELLARMIN en petit. C'eft celui de Conrad Vorftius qui parut dans la Ville de Hanaw l'an 1610. in-4°. fous le titre d'Anti-Bellarminus contractus. Cela vous doit fuffire pour vous faire juger que ce n'eft qu'un abrégé des Controverfes émuës entre les Catholiques & les Proteftans. J'ajouterai que c'eft en faveur des derniers que cet Anti-Bellarmin fut dreffé, parce que nonobftant fon Titre, vous auriés peut-être fait fcrupule de le croire, lorfqu'on vous auroit averti que fon Auteur étoit de Cologne,c'eft-à-dire d'une Ville où les Habitans font affés bons Catholiques.

Il eft vrai que Vorftius étoit né à Cologne l'an 1569. mais il n'y paffà point fa vie. Il fut quelque tems Profeffeur en Théologie à Steinfurt & ailleurs jufqu'à ce qu'en 1610. fa réputation l'ayant fait connoître en Hollande, les Curateurs ou Efchevins de la Ville de Leyde, ou plutôt les Remontrans le firent venir pour fuccéder à Arminius dans la chaire de Profeffeur en Theologie. Mais il eft inutile de vous dire ici combien il fut trayerfé non feulement par les Gomaristes de Hollande & les Religionnaires du Prince d'Orange, mais encore par les Proteftans d'Angleterre & fur tout par le Roi Jacques, qui fit brûler fon Traité De Deo l'an 1611. par la main du bourreau (2). Les alarmes qu'on avoit prifes fur fa vocation n'étoient pas fans fondement. Car il étoit déja dans l'ame ce dont il s'étoit rendu fufpect dans l'efprit des plus clair-yoyans, je veux dire Socinien. Il

Achilleà fide ac fpe.

2 V. Præftantium Theol. Epiftol. Eccle. (Remonftr.) in-fol,

mourut tel à Tonning l'an 1622. le 29. de Septembre, c'est-à-dire Anti-Bellarmin. - felon nous le 9. d'Octobre.

S. IV.

Le quatrième ANTI-BELLARMIN eft celui d'un autre Allemand nommé George Albert ou Albrecht. Quoiqu'il eût entrepris d'attaquer tous les quatre Tomes des Controverfes, il paroît n'avoir voulu chicaner Bellarmin que fur l'intelligence des faintes Ecritures, c'est ce qui l'a porté à donner à fon Livre le Titre d'Anti-Bellarminus Biblicus. L'Ouvrage eft divifé en deux parties', & il fut imprimé à Nordlingue l'an 1654. in-4°. (1)

Cet Albrecht étoit du Palatinat de Bavière, il naquit à Pilenhof au Duché de Neubourg l'an 1601. le premier jour d'Août. Son lere étoit Miniftre à Aufbourg, & fa mere fille de Miniftre du même lieu, c'eft en quoi confiftoit fon origine Lévitique dont il fe vantoit. Après avoir reçû les dégrés à Tubingue, & s'être éxercé quelque tems dans Strasbourg à faire des Catéchifmes & des Homélies, il s'en retourna à Aufbourg où fon pere le fit Diacre avec les autres Miniftres. En 1629. le huitiéme d'Août il fut chaffé d'Ausbourg avec les autres Miniftres Luthériens par les Impériaux ; il fit pendant quelque tems les fonctions de Prédicant à Gaildorf au Duché de Limbourg jufqu'a ce qu'en 1641. il fut appellé pour être Pafteur, & Surintendant de Nordlingue en Suabe.

Y a-t-il compatibilité, dit le jeune Mr de Saint Yon entre la Charge de Surintendant, & celle de Pafteur? Qu'est-ce qu'une Surintendance en Allemagne ? Meffieurs les Proteftans qui ont prêché fi haut la Réformation, fouffrent-ils que leurs Pasteurs joignent des emplois féculiers avec le Ministére Eccléfiaftique?

Mr de Saint Yon a raison, reprit Mr de Rintail en se tournant vers -nous, de nous arrêter ici. C'est l'équivoque du nom de Surintendant qui le brouille, & qui en brouilleroit bien d'autres qui ont quatre & cinq fois fon âge. A dire le vrai, nous ne nous croyons pas obligés en France de favoir fi un Surintendant en Allemagne n'eft autre chofe qu'un Infpecteur général fur le Clergé d'un Diocèfe où il n'y a plus d'Evêque depuis que les Proteftans fe font rendus les maîtres des Villes Epifcopales, & Archiepifcopales. Mais cela fuffit pour nous faire connoître les deux chofes dont Mr de Saint Yon eft en peine. 1. Que la Surintendance n'eft pas un emploi féculier parmi les Prorestans. 2. Qu'elle n'est pas plus incompatible avec le Ministére de

1 Georg. Hauffen. ap. Wit. Memor Theolog. pag. 664.

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Anti-Bellarmin. leurs Pafteurs, qu'un Grand-Vicariat d'Evêché avec une Cure parmi les Catholiques.

Enfin le Surintendant Albrecht ayant eu quinze enfans de fa femme, mourut le vingt-uniéme de Novembre de l'an 1647. âgé feulement de quarante-fix ans. On dit une chose remarquable de lui, qu'en moins de 22. ans qu'il fut Miniftre, il fit 2712. Prônes ou Homélies, & qu'il en fit 707. à Nordlingue.

£. V. & VỈ

Je pafferai légérement fur les deux ANTI-BELLARMINS qui me restent dans mon Mémoire. Le premier eft celui d'un Amandus Polanus à Polansdorf qui naquit à Oppaw en Silefie l'an 1561. le seiziéme de Décembre, & mourut l'an 1610. le dix-huitiéme de Juillet dans la Ville de Bâle ou il étoit Profeffeur des faintes Ecritures depuis qua torze ans. L'Ouvrage qu'il a fait contre Bellarmin, eft appellé dans les Ecrits de quelques Auteurs Anti-Bellarminus, mais fon véritable Titre eft Collegium Anti- Bellarminianum, qui femble avoir quelque chofe de moins dur, & qui ne veut dire autre chofe qu'un Recueil de Thèses oppofées à celles de Bellarmin. Il fut imprimé à Bâle l'an 1613. in-8°.

Le fecond est celui de Louis Crocius Théologien Calviniste de Breme, parent de ce Jean Crocius dont je vous ai déja parlé. Mais on peut dire que ce n'eft un Anti-Bellarmin qu'en la maniére de celui de Polanus à Polansdorf, ou que c'en eft un en abrégé comme celui de Vorftius. Il est réduit à 54. Thèses ou Difputes Anti-Bellarminiennes pour parler comme Crocius, & il fut imprimé à Breme l'an 1632. in-8°. Je n'ajoute rien au fujet de Crocius, parce qu'il fera encore queftion de lui fous notre Anti-Crocius. Ainfi, Meffieurs, il ne vous reste plus qu'à me remercier d'avoir enfin fini mes AntiBellarmins parce que je préfume que vous n'en étiés pas moins las que moi.

A

ANTI-BERTIUS.

Près que Mr de Rintail eût ceffé de parler, Mr de Brillat prit la parole, & dit en s'adreffant à lui. Vous ne jugés pas affés équitablement de notre retenue, & de notre difcrétion. J'aurois eu vingt questions différentes à vous faire fans le fcrupule que j'ai eu de vous interrompre. Je m'aflure que ces Meffieurs ne conviendront pas que ce foit être las que de ne vous pas fatiguer d'interrogations: condamnés notre filence tant qu'il vous plaira, mais ne discontinués pas votre lecture.

Continuons donc, repartit Mr de Rintail, puifque vous affectés de paroître infatigables, mais foyons plus courts dans la fuite de nos

Anti.

L'ANTI-BERTIUS que je trouve dans mon cahier immédiatement après le dernier des Anti-Bellarmins a été composé par un Hérétique nommé Jean Corberus Allemand de Franconie autant que je puism'en fouvenir. Ce Bertius contre lequel il a été dreflé, n'eft autre que le Géographe Pierre Bertius qui mourut à Paris l'an 1629. & Mr de Verton qui paroît fi curieux de recueillir toutes les Epitaphes de nos Eglifes & de nos Cimetières, nous dira fi celle de Bertius fe trouve encore dans l'Eglife des Carmes où il se fit en

terrer.

Etoit-ce un François, dit Mr de Saint Yon? Non, reprit Mr de Rintail. Il étoit né à Biévre ou Beveren en Flandre fur les confins des Diocèses de Bruge & d'Ypre l'an 1565. le 14. de Novembre. A fept ans il fut transporté en Angleterre par motif de Religion, & cinq ans après à Leyde en Hollande, où il paffa la plus grande partie de fa vie à régenter, foit après foit devant un affés long voyage qu'il fit dans les Pays Septentrionaux (1). Dans les bruits furvenus en Hollande, entre les Gomariftes & les Arminiens, il fe trouva lié d'interêt & d'inclination avec les derniers, & par conféquent du nombre des plus foibles. Le défir de s'éclaircir à fonds des matiéres contestées l'ayant porté à revoir l'Ecriture & les Peres avec toute l'éxactitude dont il étoit capable, la bonne foi qu'il y apporta lui fit remarquer que les uns & les autres étoient dans l'erreur, & pour ne point abuser de la grace que Dieu lui fit de lui ouvrir les yeux, il fe fit Catholique, & il

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quitta la Hollande en 1620. pour se retirer à Paris où il enfeigná pendant quelque tems au Collége de Boncourt comme Profefleur Royal, ayant été gratifié par le Roy Louis XIII. dès l'an 1618. dutitre de Géographe de Sa Majefté avec penfion.

Vous favés qu'il eft affés ordinaire à ceux des nouveaux Convertis à qui Dieu a donné du talent pour écrire, de publier les motifs de leur converfion tant pour édifier les Catholiques que pour exciter les autres Errans à fuivre leur éxemple. Ce fut pour avoir voulu pratiquer cette louable coutume que Bertius s'attira un Anti- Bertius de la part des Proteftans.

Il avoit fait imprimer à Paris chés Claude Morel en 1620. in-4°. · puis à Anvers en 1621. in-8°. un difcours Latin contenant les raisons qui l'avoient porté à quitter l'Héréfie pour l'Eglife Catholique & à transporter fon ménage de Leyde à Paris. Voffius fon Ecolier & fon fucceffeur dans la chaire de Profeffeur, Grotius Penfionnaire de Roterdam, & les autres favans les plus modérés de Hollande n'y trouvérent point à redire au moins publiquement. Je ne connois qu'un Allemand, qui eft ce Corber dont je vous ai parlé, lequel n'étant pas fatisfait de la conduite de Bertius ni du Difcours où il en avoit expliqué les motifs, fit une efpéce d'Invective ou de Satire contre lui & la mit en lumiére à Nuremberg l'an 1623. in-4°. fous le Titre. d'Anti-Bertius, feu, Refutatio XII. Rationum quas Petrus Bertius fua ad Romanam Ecclefiam acceffione in lucem prodire jussit.

II
S. I.

J

ANTI-CICHOU.

pro

E me trouve obligé, continua Mr de Rintail, de recourir à la conjecture pour vous parler de l'ANTI-CICHOU. Son Auteur qu'il ne m'a point encore été poffible de découvrir perfonnellement jufqu'ici, étoit un Socinien autant que j'ai pû me l'imaginer fur la maniére dont je l'ai vû allégué dans les Ecrits de divers Auteurs. S'il eft permis de pouffer la conjecture plus loin, j'ose vous dire que l'Auteur de l'Anti-Cichou m'a paru n'être autre qu'un Gentilhomme Polonois nommé Jonas Slichting, ou du moins André Wiffowatz autre Gentilhomme de Pologne petit-fils de Socin qui mourut à Amfterdam en 1678. Tous deux ont écrit contre le Pere Nicolas Cichou ou Cichovius Jéfuite Polonois : mais comme les Livres de Wiffowatz contre Cichou font encore manufcrits, il ne nous refte plus que Slichting à qui nous puiffions attribuer l'Anti

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