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j'ai dit au commencement de cette Préface íèmble justifier ces plaintes ; qu'il me soit cependant permis d'observer , que ce prélude n'est point à pure perte. Ces fçavantes discussions ont convaincu le Public , que ceux qui se sont engagés dans cette querelle , íont des gens habiles, & en état ou de renverser le nouveau Système , ou de lui prêter des armes. Rien n'est plus poli que la ma« niere dont l'ingenieux M. de Fontenelle p. 4t. de s'explique à ce sujet : „ Ce Système , dit-il, a

l'Eloee de// f 1 r r"

Monïcur „ ete attaque par deux içavans François. On NcTTton. ^ jeur reproche en Angleterre de n'avoir pas

„ attendu l'Ouvrage entier &; de s être prestes „ de critiquer. Mais cet empressement même „ ne fait-il pas honneur à M. Newton ?Ils „ se font saisis le plus promptement qu'ils „ ont pû de la gloire d'avoir un pareil Ad„ verfaire. Ils en vonc trouver d'autres en fa „ place. Le célèbre M. Halley, premier Astro„ nome du Roi de la grande Bretagne, a déja „ écrit pour soutenir tout l'Astronomique du „ Système , son amitié pour l'illustre mort, „ ÔC ses grandes connoissances dans la ma„ tiere doivent le rendre redoutable. Mais „ enfin la contestation n'est pas terminée , w le Public peu nombreux, qui est en état de „ juger , ne la pas encore fait , &C quand il „ arriveroit que les plus fortes raisons fussent d'un côté, ÒC de l'autre le nom de Monsieur, Newton, peut-être ce Public seroit-il quelques tems en suspens yòc peut-être seroit-il „ excusable."

La France rivale de l'Angleterre a aussi Li"erTMurdcc produit un Docte Apologiste de la nouvelle Jjj* Y# Chronologie} M. la Nauze a osé lutter contre le P. Souciet *, à en juger par l'impression que fa réfutation a faite fur l'esprit du Public, entraîné d'abord par les Dissertations du ícavant Jeíuite, il semble que ce même Public íoit aujourd'hui à certains égards , dans cette agréable suspension que font naître deux Avocats célèbres lorsqu'ils plaident l'un contre l'autre. En avouant que dans les deux Lettres de M. la Nauze, on íent une main habile &C une Dialectique pressante, je ne íçai si l'on doit croire, comme il l'insinue , que le P. Souciet est obligé de faire les frais d'une nouvelle refutation. C'est aux Sçavans a décider ; je ne fais que proposer la difficulté. M. la Nauze soutient que dans l'Astronomique , le P.Souciet après avoir admis les mêmes principes que M. Newton, ne fait un calcul disserent, que parce qu'il prête à l'Astronome Anglois í'Hy

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pothefe la moins vrai-semblable ; il lui reproche encore de fonder les calculs Astronomiques fur une supposition gratuite. C 'est ridée qu'il donne de la première Dissertation Astronomique du P. Souciet laquelle comme on fçait 3 tend à prouver que l'expedition des Argonautes n'arriva point, comme le prétend M. Newton , la quarante-quatriéme année après la mort de Salomon.

M. la Nauze adoptant dans fes calculs l'Hypothefe qu'il croit la plus raisonnable % tâche de prouver que rien n'est plus éxact que la fuppontion de M. Newton. II développe ses preuves 5 ÔC repond ensuite à toutes les difficultés qu'oppoíe le Pere Souciet. On ne peut trop louer la Méthode avec laquelle elles font exposées ÒL éclaircies.

La seconde Lettre de l'Apologiste de M. Newton , roule sur la seconde Dissertation du Pere Souciet, qui a pour titre , Preuves Hifloriques contre le Sjjìême Chronologique de M*. Newton. L'Auteur ferme dans ses principes r met dans un jour avantageux les Preuves Historiques de M. Newton, &: n'oublie rien pour leur donner une force supérieure aux difficultés alléguées par son Adversaire* II ter-mine cette Lettre par une observation importante. Le sçavant Jésuite pour décréditer le nouveau Système a fait une longue énumération des absurdes conséquences qu'on peut en tirer ; M. la Nauze soutient qu'un Auteur n'est pas toûjours comptable des inductions qui peuvent naître de ses principes. C'est ainsi, dit-u , qu'un Chronologiste attaché au texte Grec de l'Ecriture préférablement à l'Hebreu* en comptant cinq cens quatre-vingt-íix ans plus que le P. Souciet , le jetteroit dans le même embarras &C composeroit une ample liste de conséquences aufli bizarres. Dans une matière si abondante en probabilités Ô£en conjectures, lequité semble demander qu'on n'aille pas au-delà des bornes qu'un Auteur se prescrit.

Je n'ai fait qu'effleurer tous ces difrerens Ouvrages, une trop longue diícullion m'eût mené trop loin ; d'ailleurs ce que j'ai dit au commencement de cette Préface ne me permet pas un plus grand détail. Au reste je déclare que je n'ai pas l'honneur d'être connu ni des Adversaires , ni de l'Apologiste de M. Newton. Le jugement que j'ai porté de leurs écrits, n'est que rimpreííìon née d'une lecture réfléchie , ôc dans ce que je puis avoir dit de personnel , j'ai, pour garant

le Public , ce juge si sûr &C si fidèle des ta-
lens de l'efprit bC des qualités du cœur.
: - Après ce détail nécessaire des contesta-
tions ausquelles l'Abrégé Chronologique a
donné naiisance 5 qu'il me soit permis de ha-
zarder quelques réflexions fur l'Ouvrage.

Ce qui mérite d'abord d'être bien remarqué , est que M. Newton ne propose ses idées les plus heureuses, que comme des simples conjectures. On ne sent point ce ton Dogmatique ÔC Magistral qui domine dans les écrits de ceux qui ne font que Sçavans. Afin qu'on ne me reproche point cette forte d'amitié qu'un Traducteur contracte avec son Original , &C qui est un défaut aux yeux de la raison , je vais rapporter ce que M. Conduits, qui a fait imprimer l'Ouvrage, a si judicieusement observé dans son Epître Dédicatoire ;c' à la Reine d'Angleterre i „ L'Auteur, dit-il, -„ a averti lui-même le Public * que le Traité „ suivant étoit le fruit de son loisir , &c qu'il „ s'occupoit agréablement de l'Histoire &c de „ la Chronologie lorsqu'il étoit las de ses au„ tres études. Quelle idée ne se forme-t-on „ pas de son habileté ; quand on considère qu'un Ouvrage si fçavant , d'un travail

* Pans la Réponse aux Observations.

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