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>y immense , ÔC capable d'occuper &i <fil

„ lustrer la vie d'un autre , n'a été pour j, qu'un jeu èc un amusement? La matière ne „ comporte point ces démonstrations fur kfquelles font fondés ses autres écrits. Mais „ son exactitude otdinaire 8c son jugement exquis méritent bien d être remarques. En 3> même tems qu'il fortifie íês opinions par „ toute l'autorité èc par toutes les preuves 5, que les sciences peuvent fournir , il les „ propose cependant avec la plus grande re„ tenue > cette modestie qui lui étoit natu5, relie, & qui donnoit tant d'éclat a la lupé„ riorité de ses talens , est un éxemple illustre qui doit apprendre aux autres, à ne pas trop présumer de leurs lumières , dans des matières si éloignées & si obscures. " Que cette considération ençae;e donc les Adverlaires de M. Newton à ne point le confondre avec ces hardis Novateurs , qui débitent effrontement les plus monstrueux Paradoxes.

II n etoit guéres poíïìble que M. Newton s'appliquât à la Chronologie , íans s'écarter de la route ordinaire; Un génie supérieur se contente rarement d'être Copiste , la nature semble ne le rendre sensible qu a la gloire de Tinvention -, ainsi l'on ne doit point être sur

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pris de le trouver Original , dans une matière où il semble que toute l'habileté consiste à íçavoir ce qui a déja été dit. Mais,dira-t-on, ce n'est ici qu'un amas de conjectures d'un Géomètre qui veut assujettir à de nouveaux calculs, des faits dont l'Epoque est déja fixée

Í>ar des monumens anciens. La lecture de 'Ouvrage dissipera le préjugé j on verra que M. Newton loin d'avoir abusé de ses connoissances Géométriques , les a judicieusement ménagées. II ne s'est ouvert un nouveau chemin , qu'après de profondes reflexions fur des faits attestés par l'Histoire j Frappé de la diversité bC de la contradiction des opinions Chronologiques , dudécrioùíe trouve l'ancienne histoire d'Egypte &c de la Grèce, il a essaie de trouver dans le mouvement des Constellations , une fuite de conjectures plus vrai-semblables. On comprend afsès que je parle ici de la célèbre Epoque des Argonautes ; M. Newton la place dans la quarante-troisiéme , ou quarante-quatriéme année après la mort de Salomon , &c soutient que les Grecs l'ont faite de trois cens ans plus ancienne qu'elle ne lest véritablement. Ùentreprife est hardie , cependant elle ne mérite d'être blâmée qu'autant qu'on prouvera , que l'antiquité ne fournit point de preuves, suffisantes pour admettre un retranchement si considérable. M. Newton a recherché avec foin toutes les preuves qu'elle peut fournir pour établir cette Hypothèse > c'est aux Sçavans à prononcer si elles font décisives. II faut avouer que la fixation de cette Epoque est d'autant plus difficile en suivant cette route, que M. Newton & fes Adversaires ne donnent pas le même degré d'autorité à quelques Auteurs anciens qui peuvent éclaircir ce point. Pour ne parler ici que de Columelle , le Pere Souciet qui fe sert néanmoins de son témoignage > le travestit en Laboureur &c en Jardinier , &; l'accufe d'avoir mal lû un texte Grec lorsqu'il paroît favoriser M. Newton ; d'ailleurs fi un an* cien Astronome incommode, on fe donne la liberté de récuser son autorité,fous le prétexte qu'il manquoit d'instrumens nécessaires pour faire des Observations éxactes, il s'enfuivroit de là que l'ancienne Astronomie est une foi-r ble reílburce pour fixer les Epoques. Le Chronologiste Anglois procède d'une manière plus simple ; il saisit tous les anciens passages qui fervent à appuïer fes conjectures , íans exercer son esprit à des doutes arbitraires , sur des choses qui font clairement exprimées. Ainsi pour débrouiller cette matière il faudroit convenir de l'autoritée que méritent les anciens Auteurs qui en ont traité.

II seroit encore plus nécessaire de faire cette distinction, par rapport aux Historiens qui ont écrit fur les antiquités d'une même Nation , fur-tout lorsque les faits font totalement disserens ; mais il est bien difficile de pouvoir concilier les esprits j chaque Chronologiste semble avoir son Auteur favori. S'il s'agitde régler la Chronologie des Rois d'Assyrie, lun le déclare pour Ctesias, l'autre pour Hérodote , & ce qu'il y a de vrai, est que ces deux Historiens ont tous les deux, des Partisans illustres. Eníòrte que cette diversité de fentimens tend à former un Pyrrhonifme Chronologique , qui paroît d'autant plus raisonnable qu'on voit tous les jours des Chronologistes de differens fentimens , les appuïer du témoignage des mêmes Ecrivains anciens j on diroit qu'il en est de ces anciens comme de certaines perspectives qui montrent le blanc &c le noir , íelon le point de vue * 'qu'on leur donne. II n'y a d'aiUeurs aucune certitude fur les Auteurs qu'on peut regarder comme les furs dépositaires des Epoques;

Un habile Chronologiste soutiendra que le texte d'un Poète sert quelquefois à fixer une date ; cependant s'il arrive qu'on cite à un autre , l'autorité de Plutarque qui certainement ne peut être soupçonné des mêmes fictions, qu'un Poète, il élude ce témoignage , en disant que son gout pour la Morale ne lui permet pas d'être toujours fidèle à Tordre des tems : mais quand on considère que Plutarque qui avoit tant voïagé pour s'instruire , avoit consulté les Annales ÔC lesj M-p*yMonumens de toutes les villes par où il avoit piut«Jc.' ruasse, on sent quelque répugnance à souscrire a de pareils jugemens ; ainsi comme l'on peut toûjours trouver des raisons spécieuses, pour rejetter le texte le plus précis d'un Ecrivain quelconque, on autorise par cette méthode, la liberté de bâtir tel Système qu'on voudra.

Qu'on me pardonne ce petit écart où m'ont entraîné les reflexions que j'ai faites, à mesure que je lisois les écrits qui ont paru pour ou contre l'Abregé Chronologique.

Un autre point du Système de Monsieur Newton 3 est l'évaluation des Générations , il les fixe à trente ans &c plus, & quelquefois

* On donnera bientôt au Public la Traduction de cette vie , qui est pleine Je traits curieux.

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