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leur qui conjure avec le fommeil & la nuit, & qui fait le grand art d'efcalader les murs à la faveur des ténebres. Ce que j'ai fait, fera gravé au livre où font écrits toutes les actions humaines ; mais avec les miférables Miniftres de la juftice célefte, je ne veux plus perdre mes paroles. Disleur que mon métier eft la loi du Talion, que la vengeance eft mon métier! (Il lui tourne le dos avec mépris.)

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Tu ne veux donc pas qu'on t'épargne, qu'on te pardonne ? J'ai donc fini avec toi. (Se tournant vers la bande.) Ecoutez, vous autres, ce que la justice vous annonce par moi. Si vous livrez fur le champ ce malfaiteur condamné, on vous remet jusqu'au fouvenir de vos crimes. - La fainte Eglife vous recevra dans fon sein maternel comme la brebis égarée, & on vous ouvre à tous la carriere pour obtenir des places honorables. Lifez vous-même, voici votre grâce! la voilà signée ! (Avec un fourire de triomphe, il donne cet arrêt de pardon à Schweizer.) Eh bien, eh bien? Comment Votre Majefté trouve-t-elle cela? - Courage donc, liez-le, & foyez libres.

LE V. Moo R.

L'entendez-vous auffi? l'entendez-vous? Pour

emba

quoi vous étonner? pourquoi refter là, raffés? La Juftice vous offre la liberté, & déja vous êtes réellement fes prifonniers. Elle vous fait grace de la vie, & ce n'eft point une fanfaronade, car, fur ma foi, vous êtes jugés. —Elle promet honneurs & charges, & quel peut être votre partage, quand vous feriez Vainqueurs que malédiction, ignominie & perfécutions. Elle vous reconcilie avec le ciel, & vous êtes vraiment damnés. Vous tous, vous n'avez pas un cheveu qui n'entre dans les enfers. Réfléchiflezvous encore? Choififlez-vous encore? Eft-il fi pénible de choisir entre le ciel & l'enfer ? Aidezmoi donc, Monfieur.

LE COMMISSA IR E.

Comment s'appelle ce démon qui parle par fa bouche?

LE V. Mo o R.

Comment? Point de réponse encore? Croyezvous par vos armes vous rendre libres? Regardez donc autour de vous, regardez donc. Vous ne le penfez pas, certes, ou ce feroit à préfent une espérance d'enfant. Vous flatteriez-vous peutêtre de tomber en héros, parce que vous m'avez vu me réjouir du fracas horrible que nous allions

avoir ?

-

Oh ne le croyez pas ! Vous n'êtes pas Moor. Vous êtes de malheureux bandits, miférables inftrumens de mes grands deffeins, méprisables comme la corde entre les mains du Bourreau. Des Voleurs ne peuvent pas tomber

comme tombent les Héros. Les Voleurs ont droit de trembler quand la mort s'approche. Entendez-vous les trompettes qui retentissent dans ces forêts! Voyez les éclairs finiftres de leurs fabres menaçans! Comment ? encore irréfolus ? Avez-vous perdu toute raifon? Êtes vous en délire? Je ne vous remercie point pour ma vie, & j'ai honte de votre facrifice. (On entend au loin le fon des inftrumens guerriers.)

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LE COMMISSAIRE

étonné.

Je perds la raison, & je m'enfuis. A t-on jamais rien entendu de semblable?

LE V. Moor.

Vous craignez peut-être que je ne me tue de mes mains; & que ne m'ayant pas livré vivant votre pacte foit annullé? Non mes enfans, cette crainte eft inutile. Je jette à vos pieds mon poignard, mes pistolets & ce poifon, que je n'ai jamais quitté. Et vous êtes encore irréfolus?

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Vous croyez peut-être que je me défendrai quand vous viendrez pour me faifir? Voyez ! - J'attache ma main droite à cette branche de chêne je suis fans défense, un enfant peut me renverser. Quel eft le premier qui abandonne fon Capitaine dans le besoin?

ROLLER

avec un gefte féroce.

Et quand l'enfer nous auroit entourés neuf fois, (Il brandit fon fabre autour de fa tête) qui n'eft pas un chien enragé, qu'il fauve fon Capitaine !

SCHWEIZER

déchire le pardon, & jette les morceaux au nez du Commiffaire.

La grâce eft dans nos balles! Décampe, canaille. Dis au Magiftrat qui t'envoie, que dans la Bande de Moor, tu n'as pas trouvé un traître, Sauvez le Capitaine ! fauvez le

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Va-t'en.

Capitaine !

Τους avec de grands cris.

Sauvez, fauvez, fauvez le Capitaine !

LE V. MOOR détachant fa main avec force & avec des transports de joie.

Oh, à préfent, nous fommes libres! Cama

rades. Je sens une armée dans ce poing-là. - Mort, ou liberté. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils n'en auront pas un feul vivant. (On Sonne l'attaque, un grand tumulte ils fortent en frappant la terre, & le fabre à la main.)

Fin du fecond Aãe.

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