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On foufcrit pour ces Contes & petits Romans, chez M. FRIEDEL, Profeffeur des Pages du Roi, au Cabinet de Lit térature Allemande, rue Saint-Honoré, au coin de la rue de Richelieu (1).

P. S. Nous donnerons dans le fixieme & dernier vol. de ce Recueil, une Notice fur les différens Auteurs que nous aurons traduits.

(1) On y trouve auffi les douze vol. in-8°. du Nouveau Théatre Allemand, par MM. FRIEBEL & DE BONNEVILLE. Prix 48 liv port frans dans tout le Royaume.

Et des Tables pour faciliter l'étude de la langue allemande, par M. Friedel, Profeffeur des Pages du Roi,

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LES

VOLEURS,

TRAGEDIE

EN CINQ ACTES

ET EN PROSE.

PAR

M. SCHILLER.

NOTICE

SUR M. SCHILLER.

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ous aurions manqué à la promeffe que nous avons faite de traduire les Pieces qui ont été représentées avec fuccès fur les théatres de l'Allemagne, fi nous avions omis dans ce Recueil: Les Voleurs, de M. Schiller. Sa Tragédie, dont nous donnons la traduction dans ce douzieme Volume, qui termine notre entreprise, a eu un fuccès inoüi fur-tous les théatres où l'on a permis de la jouer; car elle a été défendue fur plufieurs.

M. Schiller n'eft point un de ces gens dont il eft parlé au livre des Maximes, qui reffemblent aux Vaudevilles que tout le monde chante un certain temps, quelque fades & dégoûtans qu'ils foient. C'est un jeune Ecrivain qui paroît fait pour étonner fon fiecle de la vigueur de fon génie. Są destinée intéreffe tout être qui penfe.

Quoique l'ensemble & prefque tous les détails de fa Piece foient du plus mauvais goût, les traits fublimes qu'on y rencontre en assez grand nombre, & fur-tout un horrible intérêt, vous attachent, malgré vous, à des scènes toujours plus affreuses.

Un jeune infortuné, que des fcélérats ont livré au défespoir & à tous les remords du crime, terrible comme Achille dans fa fureur, jure de punir le méchant qui a opprimé le foible. L'on représentoit cette Piece à Fribourg dans le Brifgaw, & toute la

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jeuneffe de cette Ville, l'élite de la Noblesse, jurent d'être comine lui des Anges exterminateurs. Dans l'âge heureux de l'amitié, de l'amour, de l'héroïsme, ils fe lient par des fermens prefque auffi féroces que ceux de Catilina. Heureufement le hafard fit découvrir cette conjuration, dont les effets auroient été affreux. Impreffions terribles, qui prouvent toute l'énergie des pinceaux de M. Schiller. C'eft un fait connu de toute l'Allemagne.

Après un fuccès auffi extraordinaire, l'Auteur imprime aujourd'hui que fa Piece eft déteftable, & il a vraiment raifon; mais il faut l'entendre parler lui-même dans le Profpectus d'un Ouvrage périodique qu'il va publier, & qui aura pour objet tout ce qui intéresse les mœurs.

queje

« J'écris comme citoyen du monde. Je ne fers aucun Prince: de bonne heure j'ai perdu ma patrie pour l'échanger contre le genre humain, que je connoiffois à peine en imagination. Un fingulier malentendu de la Nature m'avoit condamné à me faire Poëte dans la Ville où j'étois né» (1).

<< Mon penchant pour la Poéfie, bleffoit, difoit-on, les loix de l'inftitut dans lequel j'étois élevé. (2) Mon enthoufiafme a lutté pendant dix années entieres contre un état pour lequel mon cœur n'étoit pointfait; mais la paffion pour la Poéfie eft terrible & dévorante comme le premier amour. Ceux qui croyoient l'étouffer, l'ont entretenue brûlante.

Pour échapper à un contrat fait fans moi, dont j'étois la victime, mon cœur s'égaroit dans un

[1) A Würtemberg.

(2) L'Ecole Militaire du Duc de Würtemberg

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monde idéal ne connoiffant ni le monde réel dont j'étois féparé par des liens de fer, & des murs de ténébres impénétrables; ni les hommes; ( ceux qui m'entouroient n'étoient qu'un feul être que la Nature créatrice avoit abandonné) ni les nobles penchans des êtres libres, livrés à eux-mêmes. Cercle étroit où la Nature à la gêne n'avoit plus rien de fa grâce, de fon originalité, de fon audace! Ne connoiffant point les chefsd'œuvres de la Nature; car on fait que les portes de cet inftitut ne s'ouvrent pour les femmes que lorfqu'elles n'intéreffent point encore, & lorfqu'elles ont ceflé d'intéreffer. Ne connoiffant donc ni les hommes, ni leur destinée, mon pinceau devoit néceffairement manquer le milieu entre l'ange & le démon; & produire un monftre qui heureusement n'exiftoit pas; auquel je ne souhaiterois l'immortalité que pour éternifer l'exemple d'une production enfantée par la fubordination & le génie, union qui répugne à la Nature. Je parle des Voleurs.

Que le climat fous lequel je fuis né foit toute mon excufe. Si des plaintes fans nombre portées contre cette Piece, il en tombe une feule fur moi, c'est d'avoir ofé peindre des hommes, deux ans avant d'en avoir trouvé.

Les Voleurs me coûtent ma famille, ma Patrie. -Dans un âge où c'est encore la voix du grand nombre qui fixe notre inquiétude, & détermine nos fentimens & nos penfées, où le fang bouillant d'un jeune homme fe ranime aux doux regards qui l'applaudiffent, où mille preffentimens d'une grandeur future entourent fon âme exaltée, & où il entrevoit déja dans l'avenir la divine immortali

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