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AMÉLIE feul.

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Ah! que je me fens à mon aise, — je puis enfin respirer en liberté. Je me fentois forte comme le cheval écumant de rage, furieuse comme la tigreffe à laquelle un lion a ravi les petits, & qui rugit fa victoire. Dans un cloître, a t-il - Je te remercie, ô ciel, de lui avoir inf

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dit? piré cette heureuse pensée. L'amour trompé a donc trouvé fon asyle.

de l'amour trompé.

Le cloître, est l'asyle

SCENE I I.

LES ENVIRONS DU DANUBE.

LES VOLEURS campés fur une hauteur fous des arbres, les chevaux paiffent fur le penchant de la COLLine,

LE

VOLEUR MOOR.

IL faut que je me couche ici, ( il se jette par terre) mes membres font comme brifés. Ma langue eft féche comme un morceau de brique caffée, je vous aurois prié de m'aller chercher à cette riviere un peu d'eau dans votre main;

mais vous êtes tous fatigués jusqu'à la mort. (Pendant que Moor acheve fes paroles, Schweizer s'eft éloigné fans qu'on s'en feit apperçu pour aller lui chercher de l'eau.)

GRIMM.

Et il y a long-temps qu'il n'y a plus de vin dans nos outres. Comme le foleil fe couche là-bas majestueusement.

LE V. MO OR perdu dans la contemplation du Soleil couchant.

C'eft ainfi qu'un héros meurt, digne d'adora

tions!

GRIM M.

Tu parois bien ému.

LE V.
V. MO O R.

Dans ma jeuneffe,

c'étoit ma pensée favo

rite de vivre comme lui, (regardant toujours le foleil couchant) de mourir comme lui. (Voulant étouffer fa douleur.) C'étoit une pensée de jeune homme.

Je le crois.

GRIM M.

LE V. MOOR abaiffant fon chapeau fur fes yeux.

Il fut un temps.... Laiffez-moi feul, mes camarades.

GRIM M.

Moor! Moor! Que diantre a-t-il ? Comme il change de couleur !

RAZMAN N.

O tous les diables! Qu'a-t-il donc ? Se trouvet-il mal?

LE V. Moo R.

Il fut un temps où je ne pouvois dormir quand j'avois oublié ma priere avant de me coucher.

GRIM M.

Es-tu en délire? Veux-tu revivre (1) tes années de jeunesse ?

LE V. MOOR pofant fa tête fur la poitrine de Grimm.

Camarade, camarade !

GRIMM.

Allons donc ! Ne fois donc pas un enfant,

t'en prie.

LE V. Moo R.

Ah, fi je l'étois !

Si je le redevenois encore!

(1) Hofmeistern. Veux-tu te laifer gouverner, comme par un Précepteur, par tes années de jeuneffe?

GRIMM.

Fi donc, fi donc. Ranime-toi, Moor. Regarde ce paysage pittorefque cette belle foirée

LE V. Moo R.

Oui, mes amis, ce monde eft fi beau....
GRIM M.

Eh bien, cela s'appelle parler.

LE V. Moor.

Cette terre, fi magnifique....

GRIM M.

Bien, très-bien- j'aime cela, au moins.

LE V. MOOR.

Et moi fi affreux, dans ce beau monde ! - Et moi, un monftre fur cette terre magnifique! (Il tombe en arriere.) L'enfant prodigue !

GRIMM avec attendrissement.

Moor! Moor!

LE V. Moo R.

Mon innocence! mon innocence !

Voyez,

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feux de l'enfer.(1)-Lorfque tout eft fi heureux!Quand la bienfaifante paix les a tous réunis. — Le monde entier une famille, & un Pere là-haut

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- qui n'eft pas mon Pere! - Moi feul exclus, l'enfant prodigue! -Moi feul rejetté du partage des élus (Se reculant avec fureur.) Entouré d'affaffins,―de reptiles impurs-attaché au crime avec des chaînes de fer.

RAZMAN N aux autres.

C'eft inconcevable ! je ne l'ai jamais vu comme cela.

LE V. MOOR avec attendriffement. Ah s'il m'étoit poffible de rentrer dans le fein de ma Mere! Si je pouvois être né mendiant ! Non! je n'en voudrois pas davantage o ciel! -Si je pouvois devenir comme un de ces journaliers ! - Oh à force de travailler, je voudrois me fatiguer, le fang tomberoit de mon front à groffes gouttes, pour m'acheter les délices d'une feule méridienne, la volupté d'une feule

larme !

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GRIMM aux autres.

Un peu de patience, la crife commence déja ́ à diminuer.

(1) Warum ich allein die Halle faugen aus den Freuden des Himmels? Pourquoi faut-il que moi feul je fuce l'enfer dans les joies du ciel.

Tome XII.

I

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