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LE V. Moor.

Il fut un temps où elles couloient fi volontiers! O jours de la paix! ô château de mon Pere, ô belle verdure, ô vallées, faites pour l'enthousiasme! Scenes céleftes de mon enfance!

- Ne reviendrez-vous jamais ? -Ne rafraîchirezvous jamais mon fein brûlant, par un foufle délicieux ?- Nature, porte avec moi le deuil! Elles ne reviendront jamais; elles ne rafraîchiront jamais mon fein de leur foufle bienfaifant, elles font paflées, paffées! pour toujours!

SCENE III.

LES PRÉCÉDENS, SCHWEIZER, avec fon chapeau plein d'eau.

SCHWEIZER.

Bois, Capitaine. Voici affez d'eau; fraîche

comme la glace.

GRIM M.

Tu faignes. Qu'as-tu donc fait ?

SCHWEIZER.

Une plaifanterie, imbécille, qui a manqué me

&

coûter deux jambes & une tête. Je m'en allois trottant le long du rivage fur le penchant de la colline. C'est tout fable par ici, kzz, tout se détache, je fais un faut de vingt pieds, m'y voilà; comme je cherchois à remettre mes fens en ordre, je me trouve fur le gravier, je vois l'eau la plus claire. Pour cette fois, ai-je dit, ma danfe eft récompenfée; le Capitaine trouvera l'eau excellente.

LE V. MOOR

lui rend le chapeau, &

lui effuie le vifage.

On ne verroit pas les découpures que les Cavaliers bohémiens ont fait fur ton front.

eau étoit bonne, Schweizer.

fabre te vont bien.

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Ton

Ces coups de

SCHWEIZER.

Bah! Il y a encore de la place pour trente

autres.

LE V. Moo R.

Oui, mes enfans, c'étoit une chaude journée; & qu'un ami de perdu. -Mon Roller eft mort d'une belle mort. Où il eft tombé, on lui auroit élevé un monument éternel, s'il n'étoit pas mort pour moi. Contentez-vous de çà. (Il effuie une larme en foupirant.) Vous rappellez-vous combien d'ennemis, font reftés fur la place?

SCHWEIZER.

Soixante huffards,

quatre-vingt-treize dra

gons, près de quarante chaffeurs,-en tout, deux

cents.

LE V. Moor.

Deux cents pour un ! - Chacun de vous a des droits far cette tête! ( Otant fon chapeau & mettant fon poignard fur fon front.) Je leve mon poignard, & aufli vrai que j'ai une âme ! je ne vous abandonnerai jamais.

SCHWEIZER.

Ne jure pas! Tu ne fais pas fi un jour tu devenois heureux, le repentir peut-être....

LE V. Moor.

Par les reftes de mon Roller, je ne vous abandonnerai jamais!

SCENE IV.

KOSINSKY, LES PRÉCÉDENS.

KOSINSKY à part.

DANS ces environs, ont-ils dit, je le rencontrerai, - hé! holla! Quels font ces visages? — Seroit ce? Comment, fi ceux-là.... Ce font eux-mêmes! - Je vais leur parler.

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GRIM M.

Prenez garde à vous. Qui va là ?

KOSIN SKY.

Excufez, Meffieurs. Je ne fais encore fi je m'adreffe bien ou mal?

LE V. Moor.

Et qui faut-il que nous foyons pour être ce que vous cherchez ?

KOSINS K Y.

Des HOMMES.

SCHWEIZER.

Eft-ce que nous l'aurians prouvé, Capitaine?

KOSINSKY.

Je cherche des hommes qui regardent la mort en face & qui laiffent jouer autour d'eux le danger, comme un ferpent apprivoisé; qui prifent plus la liberté que la vie, que l'honneur; dont le nom feul confole le pauvre & l'opprimé, rend les plus courageux lâches, & fafle pâlir les tyrans.

SCHWEIZER

J'aime ce garçon-là.

au Capitaine.

Ecoute, bon ami, tu

as trouvé tes gens.

KOSINS K Y.

Je le penfe, & j'efpere bientôt, mes freres. -Vous pourriez m'indiquer mon homme, car je cherche votre Capitaine, le grand Comte de Moor.

SCHWEIZER lui donne la main avec chaleur.

Cher enfant, nous fommes camarades.

LE V. MO OR s'approchant.

Connoîtriez-vous le Capitaine ?

KOSINSKY.

C'est toi

dans ces traits..... Qui peut te

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