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té; au milieu des jouiflances des premiers éloges, inespérés & non mérités, qui des Provinces les plus éloignées venoient me féduire, on interdit ma plume dans ma Patrie, fous peine d'être enfermé. --Tout le monde fait la réfolution que j'ai prise. Je me tais fur le refte. Je ne me crois permis fous aucun prétexte d'en demander raison à celui qui, jufqu'à cet inftant, m'avoit fervi de Pere, & je n'autoriferai point, par mon exemple, qu'on veuille arracher une feule feuille des lauriers d'un Prince que nommera l'Eternité. (1)

A préfent, toutes mes relations font diffoutes. Le Public seul est aujourd'hui mon étude, mon Souverain, mon Pere. C'est lui seul que je crains, que je refpecte. Je ne fais quoi de fublime s'empare de moi à cette idée : Je n'aurai pour juge que le cœur de l'homme. >>

M. Schiller demeure à préfent à Mannheim, où il a le titre de Confeiller Aulique de l'Electeur du Palatinat-Baviere. Depuis les Voleurs, il a publié deux autres Tragédies, la Conjuration de Fiesko; l'Amour & la Cabale. Cette derniere Piece contient des fcènes d'un rare mérite. Il travaille à préfent à une Tragédie de Don Carlos, Infant d'Espagne.'

(1) Le Duc de Würtemberg.

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L'action fe paffe en Allemagne, à l'époque de la paix publique.

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EN FRANCONIE.

Un Sallon dans le Château du Comte de Moor.

FRANÇOIS, LE COMTE DE MOOR.

MAIS

FRANÇOIS.

AIS vous portez-vous bien, mon Pere? Vous

êtes pâle.

Tome XII.

B

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Qu'avois tu à

La pofte eft arrivée. Une lettre de notre Correspondant de Léipzig....

LE COMTE

vivement.

Des nouvelles de mon fils Charles?

FRANÇOIS.

Hm, hm!-Oui. Mais je crains-Si vous étiez malade, fi vous fentiez la moindre difpofition Ne me preffez pas, je vous

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à le devenir

conjure

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Je parlerai dans un moment plus convenable. (A part ; mais de maniere cependant que fon Pere puisse l'entendre. ) Cette nouvelle n'eft pas pour un foible vieillard.

LE COM TE.

Dieu! Dieu, que vais-je apprendre !

FRANÇOIS détournant la vue.

Permettez-moi d'abord de laiffer couler une larme de compaffion fur mon frere perdu. — Je devrois me taire à jamais il eft votre fils. — Je devrois à jamais cacher fa honte,-il eft mon frere.

-

Mais vous obéir eft mon trifte devoir, mon premier devoir, vous devez donc me plaindre.

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O Charles! Charles ! Si tu favois par quels tourmens ta conduite déchire ce cœur de Pere! qu'une feule nouvelle joyeuse de toi, ajouteroit dix ans à ma vie ! - Hélas! chaque nouvelle m'approche d'un pas vers la tombe.

FRANÇOIS.

C'est donc ainfi mon pere? Laiffez-moi aller. Voulez-vous qu'aujourd'hui encore nous arrachions nos cheveux fur votre cercueil ?

Demeure.

LE COMT E.
Сомте.

Il n'y a plus que le dernier petit pas à faire. Laifle lui fa volonté. (S'affeyant.) Les crimes de fes Peres font punis jusques dans la troifieme & quatrieme génération. — N'empêche point que Charles ne me puniffe.

FRANÇOIS tirant une lettre de fa poche.

Vous connoissez notre Correfpondant. Tenez, je donnerois un doigt de ma main droite pour ôfer dire que de fa plume impure découle un noir poifon. Rappellez votre fermeté. Pardonnez fi je ne vous laiffe pas vous-même lire cette lettre. Il m'eft impoffible de vous accabler d'un feul coup.

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