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DANIE L.

Que Dieu m'en garde! Je ne voudrois envoyer personne trop tôt dans le ciel, bien moins encore... (Il s'enfuit.)

SCENE IV.

FRANÇOIS DE MOOR feul, le regarde s'enfuir.

DANS l'enfer, veux-tu dire? Oui, je me doute de quelque chose de semblable.-Sont-ce-là leurs chants de joie? Eft-ce vous que j'entends fifler, ferpens de l'abîme? Ils montent, ils affiégent ma porte ; — pourquoi la pointe de mon épée me fait-elle frémir? La porte craque tombe! - Impoffible d'échapper. (Il va se jetter dans les flammes, & les Voleurs qui entrent, Le poursuivent.)

SCENE V.

Le lieu de la fcene eft le même que dans la derniere fcene du quatrieme Ade.

LE VIEILLARD MOOR affis fur une pierre. LE VOLEUR MOOR vis-à-vis de lui. Quelques VOLEURS épars dans la forêt.

LE

VOLEUR MOOR.

IL vous fut cher, votre autre fils?

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LE VIE IL LA R D.

Tu le fais, ô ciel ! Pourquoi me fuis-je laiffé tromper par les rufes d'un mauvais fils ? J'étois un Pere heureux entre les Peres, Belles fleurs, mes enfans pleins d'efpérances fleuriffoient autour de moi. Mais-heure infortunée !-Un mauvais génie eft entré dans le cœur de mon fecond fils, je me confiai au serpent, - & j'ai perdu mes deux enfans! (Il cache fon vifage dans fes mains tremblantes. Le Voleur Moor s'éloigne de lui.) Oh; que je fens profondément ce que m'a dit 'Amélie : c'est la vengeance elle-même qui a parlé fa bouche. « Tu étendras en vain ta main mou

par

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rante vers un fils; en vain tu croiras faifir la main

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>> brûlante de ton Charles, qui ne fera jamais près de » ton lit....» (Le Voleur Moor, fans le regarder, lui tend la main.) Ah fi tu étois la main de mon Charles?, Mais il habite loin d'ici la maison étroite, (1) il dort déja du sommeil de fer, il n'entendra jamais la voix de ma douleur. Malheureux Pere! Mourir dans les bras d'un étranger! - Plus de fils, plus de fils pour me fermer les !

yeux

LE V. MOOR dans la plus violente

émotion.

Il faut que cela foit en ce moment, oui, dans ce moment. (Aux Voleurs.) Laiffez-nous feuls. Et cependant..... Puis-je lui rendre fon fils? Je ne puis jamais lui rendre fon fils! Non, je ne le ferai pas. Non.

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LE VIEILLAR D.

Quoi, mon ami? Que difois-tu là tout bas?

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LE

V. MOOR regardant le ciel avec le plus affreux ferrement de cœur.

Oh, pour cette fois, feulement, ne permets point que mon âme fuccombe. Pour cette fois feulement, foutiens ma force épuisée !

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LE VIEILLAR D.

Eternellement, dis-tu ?

LE V.

Moor.

Ne demande plus rien. Oui, te dis-je, éternellement.

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Etranger, étranger, pourquoi m'as-tu tiré de la tour?

LE V. MOOR à part.

Et comment? - Si j'attrapois à présent sa bénédiction, fi je la dérobois comme un Voleur, & fi je m'échappois avec ce tréfor céleste? (1 fe jette à fes pieds.) J'ai brisé la porte de fer. -Baife-moi, divin Vieillard.

LE VIEILLAR D le ferrant contre fon cœur.

Penfe que c'est le baifer d'un Pere, & moi, je penferai que je tiens mon Charles entre mes bras. Tu peux pleurer?

LE V. Moo R.

Je penfois que c'étoit le baiser d'un Pere. (Il fejette à fon col. Paufe. On entend un bruit fourd, & l'on apperçoit la lueur qui précéde les flambeaux, qu'on ne voit point encore. Le Voleur Moor fe leve avec précipitation.) Ecoute, la vengeance va s'accom plir, ils viennent. (Il jette un regard fur le Vieillard, & leve au ciel fes yeux avec une fombre fureur.) Agneau fouffrant, embrâse-moi dela fureur du tigre fanguinaire; je veux te porter une telle victime, que tes aftres fe couvriront de ténébres, & que la nature fe roidira d'un frémiffement de mort. (On découvre les flambeaux, le bruit augmente, on entend plufieurs coups de piftolet.)

LE VIEILLAR D.

Malheureux que je fuis! Qui vient là ? quel horrible tumulte? Sont-ce les complices de mon fils? Veulent-ils me traîner de la tour à l'échafaud?

LE V. MOOR de l'autre côté, les mains levées au ciel, avec fureur.

Juge du Ciel, écoute la priere d'un affaffin. -Rends-le immortel - fais à chaque coup de poignard que fon cœur fe ranime, se rafraîchisse.

LE VIEILLAR D.

Hélas! que dis-tu tout bas, étranger?-C'est horrible! horrible!

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