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LE V. MO O R regarde Amélie en face, fon épée à la main.

Et maintenant elle eft à moi ! — à moi !— Ou l'Eternité ne fut que la chimere d'un imbécille. Bénie par mon épée, j'ai emmené ma Prétendue devant tous les chiens magiques de mon implacable ennemi, LA DESTINÉE. (S'éloignant d'Amélie avec fierté.) La terre pourra faire encore plus de mille danses autour du soleil avant de produire une action semblable. - (Tendrement à fon Amélie.) La mort des mains de ton Prétendu doit avoir été douce? N'eft-ce pas, Amélie?

AMÉLIE baignée dans fon fang.

Douce. (Elle lui tend la main, elle expire.) LE V. MOOR à la Bande avec majesté.

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Et vous, pitoyables Camarades? Votre demande de fcélérats s'attendoit-elle à rien d'auffi fublime? Vous m'avez facrifié une vie déja déchue, fouillée d'opprobres & de crimes. Je vous ai facrifié un Ange. (Il leur jette avec mépris Jon épée.) Bandits, nous fommes quittes. -Sur ce corps enfanglanté, voyez mon engagement déchiré. Je vous fais grâce du vôtre. LES VOLEURS s'approchant en foule. Tes efclaves jufqu'à la mort.

LE

LE V. Moo R.

Non, non, non! Certainement tout eft conTommé. Mon Génie me dit tout bas: NE VA PAS PLUS LOIN, MOOR: C'EST ICI LA BORNE DE LA FORCE HUMAINE & LA TIENNE.- Reprenezle ce panache fanglant. ( Il jette fon panache à ses pieds.) Celui qui veut être Capitaine après moi, qu'il le releve.

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Ah, lâche! Que deviennent tes grands deffeins? C'étoient donc des bulles de favon, que le dernier foupir d'une femme fait éclater. (1)

LE V. Moo R.

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Quand MOOR AGIT, N'EN CHERCHEZ PAS LES RAISONS. - C'est là mon DERNIER ordre. Venez, en cercle, autour de moi; écoutez les dernieres volontés de votre Capitaine mourant. (Il les regarde tous long-temps.) Vous m'étiez fidelement attachés. — Fidélité fans exemple ! Si la vertu vous eût unis auffi fermement que le crime, vous eúffiez été des Héros, & l'humanité prononceroit vos noms avec délices. Partez, facrifiez à l'Etat votre inconcevable cou

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(1) Todesrocheln, que les râlemens de mort d'une femme.

Tome XII.

SCENE IX & derniere.

LE VOLEUR MOOR feul. Er noi auffi, je fuis bon citoyen. Eft-ce que je ne fatisfais pas à la loi la plus terrible? - Eft-ce que je ne l'honore pas ? Eft-ce que je ne la venge pas? -Près d'ici, fur ma route, je me rappelle avoir trouvé un pauvre Officier qui travaillɔit à la journée, & qui a onze enfans. On a promis cent ducats à celui qui livreroit LE GRAND VOLeuk. On peut tirer ce pauvre

Officier d'embarras.

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Fin du cinquieme Ade.

LE

BON FIL S,

COME DIE

EN UN ACTE

ET EN PROSE.

PAR

J. J. EN GEL.

M. ENGEL, Profeffeur de la Morale & des Belles-Lettres au College de Joachimsthal à Berlin, a publié en 1770, le bon Fils. La Pharmacie, Farce mêlee d'Ariettes, en trois actes. Une traduction Allemande du Diamant, de Collé, & de l'Hiftoire de l'Abbé le Batteux, fur les opinions des Philofophes. En 1774 il a donné le Page, Comédie en un acte. En 1775 & 1777, le Philofophe Mondain, en 2 vol. En 1779, une traduction de la Bonne Femme, de Goldoni. En 1780, une Lettre M. Reichard, fur les Tableaux en musique, & une autre Lettre à M. le Baron de Zedlitz, fur la maniere de développer la Logique par des dialogues platoniques. Il vient de publier cette année des Lettres fur l'art de la Pantomime, dont tous les Amateurs attendent la fuite avec im patience.

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PERSONNAGES:

RODE, Laboureur, un Vieillard.

RACHEL, sa Femme.
MARGUERITE, leur Fille.

MICHEL, fon Prétendu.

CATHERINE, Mere de Michel.
LE MAGISTER du Village.
UN SERGENT, Recruteur.

DES SOLDATS.

DES PAYSANS,

La lieu de la Scene eft une place cham pêtre garnie d'arbres, devant la maifon de Rode. Dans l'enfoncement, on découvre une petite colline.

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