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RACHEL rentrant dans la maison.

Mais n'allez pas lire fans moi, au moins. Attendez, je vous en prie, que je fois là.

SCENE V I.

RODE, LE MAGISTER & MARGUERITE, qui va & vient pour fervir

le déjeuner.

RODE.

UVREZ-la toujours, M. le Magister ; nous n'ôterons pas ce qui eft dedans pour cela. Je voudrois pourtant bien favoir ce qu'il nous dit de la paix, & s'il viendra bientôt ?

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De la paix, dites-vous? On en parle beaucoup; mais je ne faurois le croire, car on enrôle à force. Eft-ce que fi la paix étoit fignée on feroit tant de

recrues?

RODE.

Aha? on s'empreffe encore à faire des recrues ?

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Vous favez bien qu'il eft arrivé hier au foir un Sergent, avec quelques foldats?

Tome XII.

R

RODE.

Pour recruter? Seroit-il poffible!

LE MAGISTER.

Mais très-poffible! Tous nos jeunes gens en ont prefque la fievre de peur.

RODE.

Oh les imbécilles! De quoi ont-ils peur ? Sont-ils capables de fervir, qu'ils marchent, qu'ils fervent le Roi. Chaque homme aura fon dernier jour, dit M. le Curé, le canon ou la fievre; c'est égal! M. le Magister, c'est égal !

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Mais que diriez-vous, s'il vous pêchoient le Prétendu de votre fille ? C'eft un jeune drôle, bien découplé ! - Prenez-y garde.

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Allons, allons, nous voulons espérer qu'ils ne l'emmeneront pas.

MARGUERITE qui a déja apporté la table, & des chaifes & du vin, tire fon Pere par la manche.

Papa

Qu'est-ce c'eft?

RODE.

MARGUERITE.

Je voudrois bien vous prier de quelque chofe,

mon Papa.

RODE.

Je le veux bien, parle.

MARGUERITE.

C'est qu'hier au foir, mon Papa, quand je fuis revenue de la Ville, Michel, mon Prétendu, m'avoit attendu toute la foirée à l'entrée du Village, & il m'a grondée d'avoir tardé si long-temps.

RODE.

Je parie que tu veux aller déjeûner avec lui?

MARGUERITE

Oui, Papa.

un peu honteuse.

RODE.

Et cela, tout à l'heure? Avant de savoir des nouvelles de ton frere? - Marguerite, Marguerite, je t'aime de tout mon cœur; car tu es le dernier pouffin de la couvée, & tu t'es gliffée dans le monde à la dérobée, quand nous ne t'attendions plus: (avec menace) mais, Marguerite,

fi tu n'aimes pas ton frere Frédéric, fi tu ne l'aimes pas autant que Pere & Mere!...

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Ha, le Prétendu, Pere Rode, il lui eft permis de l'aimer encore plus que fes Pere & Mere. Allons, petite fille, va t'en, va.

RODE.

Allons, allez, puisque M. le Magifter dit que... MARGUERITE.

Oh oui, mon Papa, laiffez-moi aller, & je reviendrai tout de fuite comme un Vanneau. (1) (Bas au Magifter en paffant devant lui.) Je vous remercie bien, M. le Magifter.

(1) Petit oifeau qui ne perd jamais fon nid de vue, & qui s'empreffe d'y rentrer dès que le péril qui l'en avoit fait fortir, commence à diminuer

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Qu

'UELLE belle écriture a votre fils! Si propre & fi lifible! C'eft à moi pourtant qu'il en a l'obligation. (Il crache & commence à lire :) Mon ́cher Pere!

RODE, le coude & l'oreille fur la table, eft comme immobile.

O mon cher & bon Frédéric !

LE MAGISTER.

La paix étant fignée, c'eft la derniere fois que je vous écris du camp, pour....

RODE.

Dieu foit loüé! nous l'avons donc enfin, la paix. Comme la pauvre femme va se réjouir!

LE MAGISTER.

Pour vous envoyer l'argent du mois que vous vez la bonté d'accepter de votre fils.

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