Imágenes de páginas
PDF
EPUB

me l'apporta, je le pris dans mes bras: O ciel ! ne fuis-je pas un homme heureux?

FRANÇOIS.

[ocr errors]

Vous difiez cela. Et à préfent! Vous enviez le plus miférable de vos valets, qui n'eft pas le pere de ce..... Vous aurez des chagrins tant que vous aurez ce fils, ces chagrins croîtront avec Charles, ces cuifans chagrins mineront votre vie.

LE COM T E.

Oh que d'années il entaffe fur ma tête !

FRANÇOI S.

Mais fi.... Si vous renonciez à ce fils?

LE COMTE vivement.

François François! Toi, tu voudrois que je maudiffe mon fils ?

FRANÇOIS.

Non, non. Votre fils..... Vous ne devez pas le maudire. Qui appellez-vous votre fils? Celui à qui vous avez donné la vie, & qui fait tout ce qui eft en fon pouvoir pour abréger la vôtre?

-

LE COMT E.

Un fils fans tendreffe! hélas! c'est toujours mon fils!

FRANCO I S.

Un aimable & charmant enfant, dont l'éternelle étude eft de ne plus avoir de Pere. Oh! puiffiez-vous apprendre à concevoir ce qu'il eft! Puiffent vos yeux s'ouvrir ! mais il faut bien que votre indulgence l'affermiffe dans fes défordres, & que vos fecours les autorifent. Il eft vrai que vous détournerez loin de lui la malédiction; mais la malédiction éternelle tombera fur vous, qui êtes Pere.

LE COMTE.

[ocr errors]

Châtiment trop juste ! Je fuis feul coupable!

FRANÇOIS.

Combien de miférables, que la coupe de la volupté avoit enivrés, ont été corrigés par le malheur. La douleur du corps, dont les crimes font accompagnés, n'eft-elle pas une indication de la volonté divine? L'homme doit-il en empêcher les effets par fa cruelle tendreffe? Le Pere doit-il perdre à jamais le gage qui lui a été confié? Penfez-y, vous êtes fon Pere. Si vous l'expofez quelque temps à la mifere, ne fera-t-il pas obligé de revenir & de fe corriger? Et fi dans la grande école du malheur, il refte encore méchant, alors... Malheur au Pere qui anéantit les décrets de la plus haute sagesse! -Eh bien, mon Pere?

[blocks in formation]
[ocr errors]

Très-bien, très-bien. Mais s'il vient couvert d'un mafque hypocrite, arracher une larme à fon Pere, & par les doucereufes careffes obtenir fon pardon, & qu'il aille auffi-tôt fe moquer de fa foibleffe dans les bras de fes proftituées?.... Ne faites pas cela, mon Pere! Il reviendra de lui même à vos pieds quand sa conscience lui aura pardonné.

LE COM TE.

Il faut donc que je lui écrive fur le champ. (II va pour fortir.)

FRANÇOI S.

Ecoutez, encore un mot, mon Pere. Je crains votre colere; elle pourroit vous faire écrire des paroles trop dures qui lui fendroient le cœur, -&-auffi.... Mais ne croyez-vous pas qu'il regardera déja comme un pardon, une lettre de votre propre main? Je crois qu'il fera mieux de me charger de lui écrire.

LE COMT E.

Eh bien, mon fils, écris lui.

Ah! pour

moi, ç'a m'auroit brifé le cœur. Écris-lui....

FRANÇOIS l'interrompant.

Eh bien, c'eft convenu?

LE COMT E.

Ecris lui que mille larmes de fang, que mille nuits fans fommeil.... Mais ne porte pas mon fils au désespoir.

FRANÇOI S.

Ne voudriez vous pas vous mettre au lit, mon Pere? Cela vous a fait bien du mal.

Écris-lui

LE COM TE.

que le cœur d'un Pere.... Je te le dis encore, ne porte point mon fils au défespoir. (Il fort accablé de douleur.)

FRANÇOIS le fuit d'un regard moqueur. Confole-toi, vieillard! Tu ne le prefferas Le chemin lui en eft

jamais contre ton cœur. fermé, comme le Ciel l'eft pour l'Enfer. Il étoit arraché de tes bras, que tu ne favois pas encore s'il étoit poffible que tu le voULUSSES.-Il faut cependant que je ramafle ces papiers-là; qui fait fi l'on ne pourroit pas reconnoître l'écriture. (IZ ramaffe tous les morceaux de la lettre déchirée.) Il faudroit que je fûfle bien novice, si je ne favois pas encore arracher un fils du cœur de fon Pere, y fût-il enlacé avec des liens de fer!-Courage, François. L'enfant chéri eft écarté ! - Un pas de géant vers le but! - & c'est à ELLE qu'il faut que j'arrache du cœur ce Charles! dûffai je auffi arracher fon cœur. (Il marche à grands

pas.) J'ai de grands droits pour haïr la Nature, &, fur mon honneur, je les ferai valoir ! Pourquoi me charger moi feul, de ce péfant fardeau de laideur? Pourquoi, précisément moi feul? (Frappant du pied la terre.) Meurtre & mort! Que fur moi feul! Comme fi elle n'eut employé à ma naiffance que des reftes déja flétris. Elle a conjuré contre moi à l'heure de mon existence. Et je lui jure une haine éternelle. Je détruirai fes plus beaux ouvrages. Je n'ai rien de leurs graces, ni de leur majefté. Je veux

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »