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CATHERINE.

Je n'en puis plus, je suis morte de frayeur.

E

RACHE L.

Ah que je vous plains, pauvre Mere. Encore fi notre fils étoit ici à présent pour nous tirer de peine.

RODE.

Allons, allons, il ne faut pas tant s'allarmer. Je fuis feulement fâché d'être ainfi troublé dans le moment où nous étions tous fi heureux de penfer à mon fils. Le mal, peut-être, n'eft pas fi grand que vous l'imaginez. Ils ne vous enleveront pas de la charrue votre fils unique. Cela n'eft pas encore arrivé. Je veux aller lui parler, moi.

MARGUERITE.

Et moi auffi, mon Pere, je vais avec vous. Je veux pleurer, & les prier tant, qu'à la fin ils feront forcés de le laiffer aller. (Rode & Marguerite s'en vont.)

RACHEL.

RACHEL criant après lui.

Prends garde à toi seulement, mon ami, & ne t'exposes pas à quelque malheur.

SCENE X I.

RACHEL, CATHERINE, LE MAGISTER.

LE MAGISTE R.

COMMENT! Affliger ainfi une pauvre veuve ; lui arracher le pain de la main !

CATHERINE.

Ah, M. le Magifter, je fuis encore fi effrayée, que mes pieds & mes mains, que tout mon corps

tremblent.

LE MAGISTER

lui donnant une

chaife.

'Affeyez-vous, afféyez-vous, la Mere. Nous ne devons jamais perdre courage. Il faut toujours efpérer de réuffir.

CATHERINE.

Deux enfans déja, qu'ils ont arraché de mes bras, & mes yeux ne les ont jamais revus. Hélas! & auffi celui-là qu'ils ne reverront plus !

Tome XII.

S

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Allons, Mere Catherine,

Mere Catherine, du courage, de la

patience; quand on aime Dieu comme vous, l'on doit avoir de la patience.

RACHEL qui a toujours été dans la plus grande inquiétude.

Ciel du bruit dans le village! pourvu qu'il n'arrive pas de malheur à mon pauvre homme? pourvu qu'il fache modérer fa vivacité ! — Allez donc voir un peu M. le Magifter.

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Vous êtes un homme, qui en impofez, M. le Magifter, un homme d'Eglife.

LE MAGISTER.

Et c'est bien tant pis pour moi. Ces

garnemens, la Mere, ne cherchent qu'à tomber fur les gens d'Eglife, & s'ils pouvoient mettre fur moi la main.... Oh que nenni, nenni, je ne fuis pas fi fou! Mêle-toi de tes livres, me diroient-ils, & non pas de nos affaires, ou de par tous les diables!.... Que Dieu me pardonne ce jurement! Vous voyez, je fuis auffi un peu vif; qui fait

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Mais vous êtes notre ami, M. le Magifter, & vous ne voulez pas nous aider ?

LE MAGISTER.

Mais foyez donc raisonnable, la Mere. Songez donc à l'habit que je porte ; je puis vous donner des confolations tant que vous voudrez; mais des fecours, vous favez bien que ce n'eft mon état. C'est à vous-même de vous aider.

pas

de

SCENE XII.

LES PRÉCÉDENS, RODE, MARGUERITE, MICHEL, LE SERGENT, DES SOLDATS & DES PAYSANS.

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LE SERGENT.

Qu'on me l'emmene, allons! Que fervent ces piailleries? Ce n'eft pas avec cela qu'on m'attendrit.

RODE prenant le Sergent par le bras.

Ecoutez, que je vous parle, moi.

LES PAYSANS, l'un après l'autre.

Prendre le dernier d'une famille.

Un fils

unique. Non, le Roi ne l'entend pas comme

cela. Jamais il n'a pu le vouloir.

RODE aux Payfans.

Taifez-vous, mes enfans, je vous prie, vous rendrez le mal encore plus grand.

LE SERGENT.

Et quand vous crieriez dix fois plus fort vous autres manans. (Frappant sur sa poche.) Voici mes ordres, & cela me fuffit.

LES PAYSANS

l'un après l'autre.

Vos ordres, vos ordres ! Il n'y a rien de

cela dans vos ordres.

On n'a jamais donné

ordre de laisser un champ à l'abandon.

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