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SCHWEIZER

S'il n'eft

entre fes dents.

pas fur la roue. (Ils vont pour fortir.)

ROLLER.

Doucement, mes enfans, doucement, où allezvous? Il faut que l'animal ait auffi une tête. Sans chef, Rome & Sparte ont péri.

SPIEGELBERG

avec foupleffe.

Qui, c'eft bien dit, Roller parle bien ; & il faut que ce foit une tête rufée, éclairée une tête d'une profonde politique. - -Ha! ha! (Les bras croifes au milieu d'eux.) Quand je pense à ce que vous étiez il y a deux micutes, quand je regarde ce que vous êtes à préfent par UNE SEULE pensée heureuse,--oh, certainement, il vous faut un chef. Et une telle pensée

convenez

en-ne pouvoit fortir que d'une tête rufée, d'une

tête politique.

ROLLE R.

Si l'on pouvoit efpérer s'il étoit poffible d'imaginer.... Je défefperè de fon confentement.

SPIEGEL BERG.

Et pourquoi en défefpérer, mon bon ami ? Tout difficile qu'il foit de gouverner le ́vaisleau contre les flots foulevés par l'orage, quelque pé

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fant

que foit le poids des couronnes..... Parle hardiment, mon enfant. - Peut-être - peut-être fera-t-il poffible de l'attendrir.

ROLLER,

Ce ne fera qu'un brigandage s'il ne fe met pas

à notre tête.

corps fans âme.

Sans Moor, nous fommes un

SPIEGEL BERG fe détournant

L'imbécille!

avec humeur.

SCENE VII.

MOOR entre avec des mouvemens fauvages, marche à grands pas précipités, fe parlant à foi-même. LES PRECEDENS.

DES

MOOR.

ES hommes!-Des hommes ! Engeance de vipere, de crocodile! Des yeux en pleurs, des cœurs de fer! Des baifers fur les lévres, & dans le fein un poignard. Les lions & la panthere nourriffent leurs petits, les corbeaux nourriffent leurs petits avec des cadavres, & lui, lui ! — J'ai appris à fupporter la plus affreufe malice, je puis

fourire, quand mon ennemi, dans fa fureur, me présente à boire le fang du cœur, mais quand l'amour paternel n'eft plus qu'une haine implacable; alors que tout mon courage s'allume Moor, doux agneau, deviens tigre, & que tous mes fibres frémiffans fe tendent pour le défefpoir & la deftruction.

ROLLER.

Ecoute, Moor, qu'en penses-tu? Une vie de Voleur ne vaut-elle pas mieux encore que d'être pour toujours au pain & à l'eau, enfermé dans la plus affreuse prison?

Moo R.

Pourquoi cette âme n'anime-t-elle pas un tigre, qui d'un coup de gueule, déchire un homme? Eft-ce là fidélité paternelle? Eft-ce amour pour amour? Je voudrois être ours, & appeller tous les ours du nord contre cette race féroce. Repentir, & point de grace! Oh j'empoisonnerois l'Océan pour leur faire boire la mort dans toutes les fources! Confiance, une pleine confiance, & point de pitié.

ROLLER.

Ecoute donc, Moor, ce que je te dis.

MOOR.

C'est incroyable! C'est un fonge!—— - Une priere fi fervente, un tableau fi touchant du malheur, des larmes de repentir. L'ours le plus féroce eut été effrayé de ma douleur, il eut été fenfible à mes gémiflemens, - & cependant - fi j'ôfois le publier, on le prendroit pour un libelle contre le genre humain. Oh, oh, oh!-Puifféje faire retentir la trompette de la révolte dans la nature entiere, & pour combattre cette race d'hyenes, l'air, la terre, les mers & la foudre, foulever tous les élémens,

GRIM M.

Ecoute donc, Moor, écoute, ta fureur t'empêche de rien entendre.

MOOR.

Fuis! loin de moi. Ton nom n'eft il pas Homme? N'es-tu pas né de la femme? Ne fouille pas mes regards, toi qui as un visage d'homme ! - Je l'ai fi indiciblement aimé.-Jamais enfant n'a tant aimé fon Pere. J'aurois. (Frappant du pied la terre, en écumant de rage.) Ha! Celui qui à préfent offriroit à ma main un glaive pour tuer, d'un feul coup, toute la race humaine, je le faifirois. Celui qui me diroit où il faut frapper

pour brifer, pour anéantir le germe de tous les hommes, il feroit mon ami, mon Ange, mon Dieu.

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Je veux l'adorer.

ROLLER.

Eh bien, nous ferons tes amis, laifle-nous donc parler.

GRIMM.

Viens avec nous dans les forêts Bohémiennes, nous voulons y rassembler une bande de Voleurs, & toi.... (Moor le regarde fixement.)

SCHWEIZER.

Tu feras notre Capitaine ! Il faut que tu fois notre Capitaine !

SPIEGELBERG furieux, fe jette dans un fauteil.

Efclaves & lâches!

Moo R.

Qui t'a infpiré cette pensée ? Réponds. (Saifillant Roller avec force.) Tu ne l'as pas tirée hors de ton âme d'homine! Qui t'a inspiré cette pensée ? Oui, par la Mort, à mille bras, c'est-là ce que nous voulons, ce que nous devons faire ! On doit adorer cette pensée !-Voleurs & affaffins! Auffi vrai que je fens mon cœur palpiter, je fuis votre Capitaine.

Tous

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